Contre Zverev, Murray va passer le test de vérité sur son niveau face aux meilleurs
Après sa belle victoire contre Carlos Alcaraz, Andy Murray va affronter mardi soir le 4e mondial Alexander Zverev pour une place en huitièmes de finale du Masters 1000 d’Indian Wells. Le Britannique va en savoir (beaucoup) plus sur ses capacités à rejouer les premiers rôles.
11 janvier 2019, Melbourne. Andy Murray se présente devant la presse à quelques jours de son premier tour de l’Open d’Australie contre Roberto Bautista Agut. Il fond en larmes au bout de vingt secondes, quitte la salle puis revient quelques minutes pour annoncer la fin imminente de sa carrière lors de Wimbledon. “J’aimerais finir à Wimbledon, mais je ne sais même pas si j’en serai capable, sanglote-t-il. La douleur (à la hanche) est trop forte et m’empêche de prendre du plaisir sur le terrain ou à l’entraînement”.
Plus de deux ans après, l’Ecossais, 34 ans depuis mai, n’a pas rangé ses raquettes et continue de jouer, plutôt très bien, avec sa hanche droite en métal implantée quelques jours après les larmes australiennes. Ce dimanche, il a renversé à l’expérience (5-7, 6-3, 6-2) la sensation de l’année Carlos Alcaraz, 38e mondial et 25e à la Race. Une sacrée performance pour l’actuel 121e mondial, qui s’était déjà payé Ugo Humbert, alors 26e mondial, à Metz deux semaines plus tôt.
Face au top 50, Murray présente un bilan de 9 victoires pour 13 défaites depuis deux ans. Face au top 30, le bilan est plus mitigé avec 5 petites victoires pour 12 défaites. Son seizième de finale face à Alexander Zverev à Indian Wells apparaît à ce titre comme une étape décisive vers un éventuel retour aux tous premiers rôles qui constitue toujours son objectif manifeste.
Alcaraz, le 6e joueur le mieux classé battu par Murray depuis 2019
Alcaraz est le sixième joueur le mieux classé que Murray a battu depuis son retour en simple sur le circuit, en août 2019. A Pékin cette année-là, le double champion olympique (2012, 2016), alors 503e à l’ATP, avait réalisé l’exploit de sortir Matteo Berrettini, alors 13e mondial, en deux tie-breaks.
Une performance qu’il avait confirmée deux semaines plus tard où le 243e mondial était parvenu à remporter le tournoi d’Anvers à la surprise générale contre Stan Wawrinka, 18e mondial, battu en trois sets (3-6, 6-4, 6-4). Un match où l’Ecossait était mené 6-3, 3-1, 15-40 ! En larmes, il remportait son 46e titre – son dernier en date -, le premier depuis Dubai, en 2017.
Absent durant les trois premiers mois de 2020, Murray est revenu en août à Cincinnati. Avec succès : une victoire contre Frances Tiafoe mais surtout un exploit contre Alexander Zverev, alors 7e mondial. Un premier set de haute volée et une dernière manche à rebondissements où il menait 4-1 avant d’être mené 5-4 pour finalement s’imposer 7-5 (score final, 6-3, 3-6, 7-5) sur une merveille de retour de revers, ont conforté ses espoirs de come-back. Il n’avait plus battu un top 10 depuis Kei Nishikori à Roland-Garros 2017. Et c’était également la première fois depuis mai 2017 qu’il ralliait le troisième tour d’un Masters 1000.
Un énorme combat contre Tsitsipas à Flushing Meadows
Mais cette superbe performance contre Zverev n’a pas été suivie de lendemains heureux. Ses lourdes défaites à Cincinnati (6-2, 6-2 contre Raonic), à Roland-Garros (6-1, 6-3, 6-2 contre Wawrinka) et à Cologne (6-4, 6-4 contre Verdasco) ont laissé planer le doute sur la suite de sa carrière.
Le gel du classement en raison du Covid-19 lui a bénéficié, Murray est resté dans les 150 meilleurs mondiaux, à portée de wild card des tableaux des tournois ATP. En juin 2021, il retrouvait la victoire contre un top 50, Benoît Paire, au Queen’s, puis se paye Nikoloz Basilashvili, 28e mondial, au premier tour de Wimbledon.
Son énorme combat contre Stefanos Tsitsipas, 3e mondial, finalement vainqueur 6-4 au 5e set au premier tour de l’US Open a conforté Andy Murray dans sa capacité à rivaliser, au moins sur un match, contre les meilleurs joueurs mondiaux, lui qui avait très mal vécu de se faire botter les fesses par Denis Shapovalov à Wimbledon. Depuis, il s’est payé Ugo Humbert (26e) à Metz et Carlos Alcaraz (38e) à Indian Wells. Deux nouvelles victoires intéressantes dans sa perspective de revenir dans le top 100 qui va prendre un coup sur le casque avec le retrait de ses points gagns à Anvers – il est virtuel 172e mondial lundi prochain avec ces 250 points en moins.
Zverev lui réussit bien
Une victoire mardi soir contre Alexander Zverev, bien plus régulier qu’en 2020 et auteur d’une superbe saison – quatre titres dont deux Masters 1000 et les Jeux Olympiques, deux demies en Grand Chelem – serait sans aucun doute son plus bel exploit depuis son improbable come-back. Andy Murray a perdu ses quatre derniers matches contre un joueur du top 5 : Doha 2017 contre Djokovic, Roland-Garros 2017 contre Wawrinka, Pékin 2019 contre Thiem et US Open 2021 contre Tsitsipas. Ce serait son premier succès contre un top 5 depuis la finale du Masters 2016, où il avait battu Novak Djokovic.
Zverev est en tout cas un joueur qui lui réussit bien. Outre la victoire en Cincinnati l’an dernier, Murray avait battu “Sascha” à deux reprises en 2016 : 6-3, 6-4 lors de la Hopman Cup, puis 6-1, 6-2, 6-3 au premier tour de l’Open d’Australie. L’Ecossais était 2e mondial, l’Allemand 83e. Une autre époque. Où la hanche droite de Murray n’était pas en métal.