Frances Tiafoe : “Ce sport est sans pitié, il ne faut pas commencer à s’y sentir à son aise sinon ça va secouer”.
Frances Tiafoe a retrouvé son meilleur niveau au meilleur moment pour lui : lors de cet US Open dont il rêve depuis toujours. Le voilà en quarts de finale, en attendant mieux ?
Difficile de faire plus “show” que Frances Tiafoe quand il gagne sur le stadium Arthur Ashe de l’US Open. Le 20e joueur mondial de 26 ans l’a encore prouvé, samedi soir, face à Alexei Popyrin en quarts de finale. Quand il joue comme ça et entre en communion avec le public de New York, il devient un sacré client et mériterait bien un show à Broadway!
Tiafoe a également bien compris désormais comment utiliser cette énergie sans qu’elle le déborde. “Tout est une question de bien choisir ses moments, parce que c’est facile de s’enflammer vu que les New-Yorkais s’excitent sur tout. Il faut faire les bons choix et j’y parviens de mieux en mieux. Il faut rester dans les limites car un match qui peut aller en cinq sets, c’est long. Je transpire beaucoup alors je ne veux pas disperser mon énergie dans des célébrations au lieu de rester dans le moment présent. Il faut comprendre comment ça marche.”
Le désormais triple quart de finaliste, sur trois saisons consécutives, n’a pas mis beaucoup de temps à identifier l’un des grands tournants de son huitième de finale. Cette remontée dans le deuxième set alors qu’il était mené 4-1 puis 5-3 et 40-0 sur le service de Popyrin.
“Ce deuxième set a été une énorme victoire pour moi. 5-3 40-0 avec la façon dont il sert… (…) J’ai tout donné, j’ai pris ma chance. Il m’a donné un point, je me suis dit ‘ne m’en donne pas un deuxième’. Il m’en a donné un deuxième, je me suis dit ‘ne m’en donne pas deux. Puis, ‘ne m’en donne pas trois’. Et puis je me suis dit ‘bon, autant faire le break maintenant’. Franchement, j’ai eu de la chance. (…) Il a super bien joué le coup dans le troisième set, a changé de stratégie et ça m’a sorti de mon jeu. Mais j’ai fait du bon boulot dans le quatrième set pour boucler l’affaire. Je suis ravi de mon niveau de jeu, c’était un super match des deux côtés.”
Un super match et un super tournoi pour un joueur qui, avant cet été (demi-finale à Washington, finale au Masters 1000 de Cincinnati), était plutôt dans le dur dans les grands rendez-vous. “Oui, cette fois ça m’a changé pour de bon. J’ai pris une leçon. Ce jeu est sans pitié, il ne faut pas commencer à s’y sentir à son aise sinon ça va secouer. Il ne faut pas penser qu’on a toutes les réponses. Ce sport va vous tester. Mais je suis dur au mal, je peux inverser les tendances rapidement quand je m’y mets à 100%. Il faut prendre des décisions difficiles et aussi être très bien entouré. Ma famille, mes amis, mes agents m’ont fait prendre ces décisions afin que je retrouve mon chemin. On a eu les conversations difficiles qu’il fallait, même quand je n’en avais pas envie. Au final, tout arrive quand c’est le moment et je suis ravi que ça soit ici parce que c’est le moment le plus important pour moi.”
Tiafoe avait choisi de ne pas s’aligner aux Jeux Olympiques afin de se préserver pour la saison sur dur et surtout l’US Open. Un pari pour le moment gagnant même s’il réfute être moins fatigué par la saison que d’autres qui ont effectué ce passage sur terra battue. “C’est facile de parler de fatigue quand ça ne va pas. Moi aussi je suis fatigué. Tout le monde a voyagé cette saison. Gagnant ou perdant, on a tous traversé ce calendrier. Je ne pense pas que ce soit une excuse valable. Si on n’est pas à son meilleur niveau, on perd. La densité du jeu est tellement forte… Je suis prêt, j’ai protégé mon énergie, fait tout ce que j’avais à faire pour être à mon meilleur niveau. C’est tout ce que je peux dire.” Le reste, c’est sa raquette qui va encore tenter de le raconter.