Djokovic face aux critiques : “Je suis sincère, c’est ma nature, je ne fais pas semblant”
Lors d’une conférence de presse organisée à Belgrade ce jeudi, Novak Djokovic a balayé toute son actualité, ses objectifs, sa saison 2020 ou encore sa détermination à aider les joueurs moins bien classés.
Alors qu’il se prépare à terminer sa saison 2020 en jouant à Vienne et au Masters de Londres, Novak Djokovic s’est entretenu avec des journalistes lors d’une conférence de presse organisée à Belgrade, ce jeudi, pour analyser sa saison 2020, ses objectifs pour 2021 et également de l’Association des joueurs de tennis professionnels qu’il a créé en août dernier. Voici ce qu’a déclaré Djokovic aux médias de son pays, dans sa langue natale, avec un franc-parler qui lui est propre.
Novak Djokovic allez-vous disputer l’Open d’Australie ?
Je ne sais pas quand je me rendrai en Australie. Il y a la famille, la pré-saison… Les contraintes actuelles sont ce qu’elles sont, nous espérons que la période de quarantaine (deux semaines, ndlr), ne sera pas si longue. Si la situation reste en l’état, la plupart d’entre nous irons en Australie plus tôt. L’Open d’Australie (18-31 janvier) est sur mon planning, sans ambiguïté. Quant à l’ATP Cup (1er-10 janvier), je parlerai avec mon équipe à la fin de la saison et nous prendrons une décision.
Avez-vous des regrets de n’avoir remporté qu’un seul Grand Chelem cette année ?
Il y a un petit regret car je n’ai pas gagné à New York ou à Paris alors que j’étais dans une forme extraordinaire pour les deux tournois. À Roland-Garros, j’ai eu un bien meilleur adversaire en finale et je n’étais pas à mon niveau. À New York, il y a eu ce malheureux incident, mais j’ai gagné à la fois Cincinnati et Rome. Si l’on ne compte pas cet épisode, je n’ai perdu qu’un seul match cette année, je suis donc libre de dire que je joue peut-être le tennis de ma vie. La saison est ce qu’elle est, avec la pause et tout le reste, mais j’ai gagné beaucoup de matchs, donc je peux comparer cette année avec 2011 et 2015. Les objectifs sont clairs : je veux terminer l’année numéro un mondial et je veux avoir un avantage aussi grand que possible pour les trois premiers mois de 2021, ce qui me permettrait d’être le numéro un historique (celui avec le plus de semaines en tête au classement, ndlr), l’un des deux plus grands objectifs de ma carrière.
Comment réagissez-vous aux critiques après vos propos sur la technologie dans le tennis, stipulant notamment qu’elle devrait remplacer les juges de ligne ?
Je ne suis pas le seul, des personnes qui ont une grande réputation dans le tennis comme Boris Becker ou Patrick Mouratoglou ont également été critiquées pour avoir parlé de certaines innovations dans le tennis. C’est une opinion que j’ai depuis plusieurs années maintenant, elle n’a rien à voir avec ma disqualification à l’US Open.
Nous avons vu cette technologie à New York pour la première fois et cela s’est bien passé. Les matchs ne laissaient aucune place à l’erreur humaine. Je ne suis pas un technophile, pas du tout. A certains égards la société est allée trop loin à mon avis, mais si nous pouvons être plus efficaces et plus précis au tennis, pourquoi pas ? On peut attribuer d’autres fonctions au bénévoles, plutôt que juge de ligne, dans l’organisation des tournois. Dans ce domaine particulier, je pense que nous devrions utiliser la technologie.
Pourquoi avoir créé la PTPA (Association des joueurs de tennis professionnels) ?
Entre les tournois, Vasek Pospisil et moi-même travaillons sur les bases du PTPA (Association des joueurs de tennis professionnels). Il y a eu beaucoup de résistance, beaucoup de gens ont essayé de nous décourager, je sais que beaucoup de gens voient les choses différemment. Ce n’est pas quelque chose que nous avons inventé, cette idée remonte à il y a vingt ans. Goran (Ivanisevic), mon co-entraîneur, a fait partie de la première génération qui a essayé de former une organisation comme celle-ci. Il y a eu de nombreuses tentatives, mais elles n’ont pas abouti en raison de nombreux facteurs.
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Le tennis est un sport mondial, populaire dans le monde entier, mais d’un autre côté, il n’est pas dans le top 10 quand il s’agit de maximiser son potentiel. Il existe un monopole, un système qui est en place depuis des décennies maintenant et il est normal que les personnes au pouvoir ne voient pas leur intérêt à changer quoi que ce soit. Je n’ai pas participé à la création de cette organisation pour marcher sur les plates bandes de qui que ce soit, nous voulons juste représenter les joueurs et les joueuses car il n’y a pas d’organisme qui représente complètement nos droits. A l’ATP, c’est 50% de joueurs et 50% de tournois, il y a un conflit d’intérêts présent la plupart du temps, beaucoup de détails entrent en jeu.
On se concentre trop sur les meilleurs joueurs, les gens pensent que le tennis est un sport riche parce que nous, les meilleurs, gagnons beaucoup d’argent, mais la réalité est que seulement une centaine de personnes peuvent vivre confortablement du tennis. Nous essayons simplement de donner une voix à ces joueurs moins bien classés, ils essaient de se faire entendre et de dire que tout n’est pas fantastique.
Avant la création de la PTPA, j’ai parlé à Federer et à Nadal et ils ne voulaient pas y prendre part. Je ne critique personne, nous vivons en démocratie, chacun a le droit d’avoir sa propre opinion. Est-ce que j’aimerais qu’ils se joignent à nous ? Bien sûr. Mais nous continuerons à nous efforcer de former une organisation que chacun mérite.
Je ne pense pas que la PTPA me distraie. Il m’arrive d’être ébranlé, bien sûr, personne n’est parfait. La PTPA est pour moi une sorte de responsabilité. J’utilise ma position afin de donner une voix et un pouvoir à ceux qui ne l’ont pas. Je ne suis pas le seul à le faire, il y a eu beaucoup de joueurs qui ont rejoint l’association. J’ai le sentiment que c’est mon héritage et une obligation, mais en même temps un plaisir. Je n’en tire aucun avantage matériel, j’essaie de le faire en accord avec mes valeurs fondamentales en tant que personne.
Comment gérez-vous la pression ?
La pression fait partie de ma vie d’athlète professionnel, nous devons l’accepter et c’est à chacun de nous d’essayer de l’utiliser comme un carburant et de ne pas la laisser agir contre nous. Je ne ressens pas la même pression que celle que j’ai ressentie au début de ma carrière. Peut-être que certaines personnes ont un problème avec le fait que je verbalise mes ambitions, mais je suis sincère, c’est ma nature, je ne fais pas semblant. Mon objectif est d’être le numéro un historique et je travaille dans ce sens. J’y prends plaisir. Je pourrais mettre fin à ma carrière demain et je serais toujours satisfait, mais je trouve toujours du plaisir à tenir une raquette, à jouer, à faire de la compétition. Tant que ce sera comme ça, je continuerai à jouer. Je suis professionnel et il est naturel d’avoir des ambitions. Ce n’est pas seulement de la pression, c’est aussi de la motivation.