Djokovic, l’insubmersibilité faite homme
Encore une fois malmené dans ce Rolex Paris Masters, Novak Djokovic a fini par s’en sortir à l’arraché contre Andrey Rublev (5-7, 7-6, 7-5), ce samedi. Il jouera demain contre Grigor Dimitrov sa 9eme finale à Bercy, record amélioré.
Une fois de plus à Paris, cette semaine, Novak Djokovic aura été martyrisé, pas loin même d’être outragé voire brisé. Mais une fois de plus, Novak Djokovic a fini par se libérer, vainqueur d’Andrey Rublev ce samedi soir dans un nouveau marathon de 3h01 après avoir perdu le premier set avant de s’en sortir sur le fil, 5-7, 7-6(3), 7-5.
Le Serbe, qui n’a jamais perdu la moindre demi-finale à Bercy sur les neuf qu’il a jouées, y disputera donc, vous l’avez deviné, sa neuvième finale, record amélioré. Il tentera d’y remporter son septième titre, ce qui serait là encore un record amélioré. Pour dire à quel point il est devenu le roi de l’enceinte parisienne, le deuxième joueur le plus prolifique de l’histoire du tournoi, un certain Boris Becker, n’y a remporté « que » trois titres pour cinq finales.
Le Serbe jouera par ailleurs sa 137eme finale sur le circuit, un record parmi les joueurs en activité, et sa 58e finale en Masters 1 000, record absolu. Il tentera dimanche de remporter son 97e titre face à Grigor Dimitrov, vainqueur auparavant de Stefanos Tsitsipas dans une première demi-finale tout aussi disputée, quoi qu’un peu moins longue (2h31). Voilà longtemps qu’il n’y a plus de mots pour commenter les performances surréalistes de Djokovic. Les chiffres, eux aussi, commencent à dépasser l’entendement.
Cela dit, la présence du numéro 1 mondial en finale cette année à Bercy relève d’une vraie galère, pour ne pas dire d’un miracle : 2h39 jeudi soir pour battre Tallon Griekspoor en huitièmes, 2h54 vendredi pour venir à bout de Holger Rune et donc un peu plus de 3h ce samedi pour faire craquer un Andrey Rublev passé à trois points de la victoire en fin de deuxième set.
Djokovic était pourtant bien parti avec un break réussi d’entrée, mais c’était un départ en trompe-l’œil. Semble-t-il un peu émoussé, ce qui se voyait dans certains de ses appuis mal assurés et un gainage parfois mal tenu, le Serbe commettait plus de fautes qu’à l’accoutumée. Et se faisait martyriser à l’échange par un Rublev déchaîné, qui croquait dans la balle comme un mort de faim.
“Je n’avais jamais affronté un Rublev aussi fort”, a d’ailleurs salué le vainqueur après sa victoire. “Il servait particulièrement bien, son coup droit on le connaît, et son revers est incroyable. Il ne me laissait pas beaucoup de temps pour respirer et d’opportunités pour dicter le jeu. Pour ma part, un peu comme hier et avant-hier, je ne me sentais pas forcément au mieux. Mais j’ai continué à y croire, à jouer point par point en attendant mon heure.”
Plus de 12 minutes entre le deuxième et le troisième set…
Et son heure est venue. Grâce aussi à sa qualité de service, sans aucun doute son meilleur coup ce samedi (17 aces, 67% de premières balles), sur lequel il s’est grandement appuyé pour accentuer la pression dans le deuxième set. Après avoir écarté une balle de 2-0, il dominait aux points cette deuxième manche qu’il remportait finalement au terme d’un jeu décisif de haute volée, après avoir laissé filer quatre opportunités de break en cours de route, toutes bien sauvées par le Russe.
Mais Djokovic ne semblait pas encore sorti des ronces, surtout quand on le vit faire appel au kiné qui lui manipula longuement le dos entre la fin du deuxième set et le début du troisième set. Un temps mort médical qui s’étira pendant plus de 12 minutes, ce qui ne fut pas forcément du goût de tout le monde mais lui fit manifestement du bien. Il n’eut pas la moindre balle de break à écarter tout au long du troisième set. Et quand il flaira l’odeur du sang, à 6-5 en sa faveur, il mit une pression folle sur Rublev qui finit par craquer, en commettant une cruelle double faute sur la première balle de match.
Neuf finales à Bercy, neuf adversaires différents
“Je suis heureux de m’en être sorti”, soufflait encore Djokovic, manifestement soulagé. Dans ces conditions, il faut garder la foi et la conviction qu’il vous reste assez d’essence dans le réservoir pour renverser la situation. J’ai dû aussi jouer intelligemment et comprendre ce que je devais faire, sur le plan tactique, pour faire dérailler Rublev. J’ai sorti de bons services et de bons retours dans le tie break. Ensuite, au troisième, je me sentais un peu plus frais.”
Et le tour était joué. Novak Djokovic disputera donc une 9eme finale à Bercy, face à un… 9eme adversaire différent, en l’occurrence, donc, Grigor Dimitrov, un adversaire contre lequel il n’a perdu qu’une fois en 12 confrontations. Et c’était il y a plus de dix ans, au Masters 1 000 de Madrid 2013. Presqu’une autre vie. Mais c’est aussi, aujourd’hui, un autre Grigor.