De Rublev à Belgrade à Rublev à Turin, comment Djokovic a prouvé qu’il était redevenu Djokovic
Depuis cette finale à Belgrade face au Russe où il avait inquiété, le Serbe a repris sa marche en avant. Il est monté en puissance et, inenvisageable il y a sept mois, peut aller chercher le record de Roger Federer au palmarès du Masters (6).
Sept mois. C’est la durée qui s’est écoulé entre les deux matchs de Novak Djokovic contre Andrey Rublev en 2022. Le premier en finale à Belgrade, perdu par le Serbe. Le second à Turin, en match de poule au Masters que l’ancien numéro un mondial a remporté, sinon survolé.
Le même adversaire : Andrey Rublev. Mais des contextes diamétralement opposés qui racontent la saison de Novak Djokovic, de retour à un niveau conforme à ses ambitions.
Avril 2022. Avant d’arriver en Serbie, Novak Djokovic vient de subir l’une des périodes les plus délicates de sa carrière. Non-vacciné contre le Covid-19, pour des raisons qu’il a souvent expliquées, il lui est interdit de jouer l’Open d’Australie, son Grand Chelem chouchou qu’il a remporté neuf fois. Pire, il est renvoyé du pays et condamné à une interdiction d’y retourner les trois prochaines années. Défait en quarts de finale à Dubaï et absent des Masters 1000 d’Indian Wells et Miami pour les mêmes raisons que Melbourne, le natif de Belgrade doit se relancer sur terre battue pour se préparer à défendre son trophée à Roland-Garros et égaliser à 21-21 dans sa course aux Grands Chelems avec Rafael Nadal.
Après une défaite au premier tour à Monte-Carlo face à Alejandro Davidovich-Fokina, le joueur de 34 ans se présente chez lui à Belgrade pour prendre le plein de confiance. Il doit batailler pour arriver en finale, perdant un set à chaque tour (Djere, Kecmanovic, Khachanov) mais se retrouve opposé à Andrey Rublev pour un titre qui lui ferait le plus grand bien.
C’est le match de trop. Épuisé, Novak Djokovic laisse échapper le trophée et prend même une bulle dans le troisième set. C’est son huitième match de la saison et déjà sa troisième défaite. Son body language inquiète mais aussi sa condition physique.
Gagner les batailles en trois sets avant cette finale me servira pour la suite de la saison
Novak Djokovic après sa défaite en finale à Belgrade face à Andrey Rublev
“Je dois regarder les points positifs, réagit le Serbe. J’ai joué la finale devant mon public. C’est dommage au troisième set, je sois tombé en panne d’essence. Je n’ai pas pu me battre davantage. J’aurais pu facilement perdre dès le premier match, donc après quatre batailles difficiles en trois sets, tout ce que je peux dire c’est que je suis fatigué”. Djokovic parle aussi d’une maladie qu’il traîne depuis deux semaines.
Une montée en puissance récompensée à Wimbledon
Demi-finaliste à Madrid, Novak Djokovic tombe sur un Carlos Alcaraz venu d’ailleurs qui le croque en trois manches, un lendemain de victoire face à Rafael Nadal.
L’essentiel est ailleurs pour le Serbe qui retrouve un niveau d’intensité et régularité qu’il avait perdu depuis le début d’année. Il l’a compris : “J’ai vraiment joué du très bon tennis, le meilleur que j’ai joué cette année. Lorsque la déception de la défaite sera passée, j’aurai beaucoup de choses positives à retenir de cette semaine”, préférait-il retenir à l’issue du match.
Cela ne manque pas. La semaine qui suit, le banni d’Australie remporte le Masters 1000 de Rome face à Stefanos Tstisipas (6-0, 7-6) en ne laissant échapper aucun set. Le Djokovic clinique semble de retour et avait besoin d’un gros titre pour retrouver de la confiance.
C’est chose faite : “Après tout ce qui s’est passé au début de l’année, il était important pour moi de remporter un grand titre, surtout à l’approche des Grands Chelems, où je veux évidemment être le meilleur”, affirmait t-il après sa victoire. Roland-Garros est prévenu.
À Paris, le protégé de Goran Ivanisevic est impérial sur ses quatre premiers tours, balayant notamment Diego Schwartzman (6-1, 6-3, 6-3). Mais comme la grande majorité des joueurs (même lui) Porte d’Auteuil, il s’incline face au maître des lieux Rafael Nadal en passant à côté de son match (6-2, 4-6, 6-2, 7-6). Le sacre en Grand Chelem, ce sera pour plus tard.
Un mois et demi plus tard, en juillet, alors que le Serbe a décidé ne faire aucun tournoi de préparation sur gazon, il remporte Wimbledon, face à Nick Kyrgios en finale, pour la septième fois de sa carrière. Mis en difficulté à partir des huitièmes de finale (perdant au moins un set par match, deux contre Sinner en quarts de finale), l’aisance de “Nole” fait la différence. Il revient à un Majeur de Rafael Nadal. À ce moment là, le monde du tennis a retrouvé un Djokovic à 85%, pas encore aussi dominateur qu’il le souhaiterait.
Jouer peu de tournois et rester compétitif, l’objectif de Djokovic
Toujours non vacciné, il ne peut figurer aux Masters 1000 de Montréal, Cincinnati ainsi qu’à l’US Open. Même s’il aurait préféré participer à ces tournois, le Serbe a profité de ce temps loin des terrains pour se perfectionner pendant les deux mois de juillet et août.
” J’ai travaillé dur car j’avais plus de temps pour m’entraîner, pour m’exercer. J’ai passé pas mal de temps avec mon coach et avec mon équipe, sur le terrain, en dehors du terrain, à essayer d’améliorer mon jeu. Parfois, j’aimerais qu’au cours de la saison de tennis masculin pro, on ait un peu plus de temps pour ce genre de période.”
J’aimerais des blocs d’entraînement un peu plus longs pour pouvoir vraiment travailler sur votre
Novak Djokovic
votre jeu et votre corps.
“J’aimerais des blocs d’entraînement un peu plus longs pour pouvoir vraiment travailler sur votre
votre jeu et votre corps, ce qui est très important, je pense,” a estimé le Serbe en conférence de presse à Turin.
Un travail qui lui a servi à rafler les tournois de Tel Aviv et d’Astana, où il a battu Medvedev (par abandon) et Tsitsipas. À ce moment-là, depuis sa troisième défaite de la saison face à Andrey Rublev, la série du Serbe est impressionnante : 27 victoires et seulement deux défaites avant de se présenter à Paris pour le Rolex Paris Masters
Jusqu’aux demi-finales, le Serbe n’est presque pas inquiété. Mais à partir du dernier carré, Djokovic a laissé revenir dans le match coup sur coup Stefanos Tsitsipas, contre qui il s’en est sorti en demi-finale, et Holger Rune, qu’il a fini par laissé s’échapper en finale. Dans une séquence de la saison où il semblait être redevenu le plus fort, c’est la seule faille récente que le Serbe a laissé exfiltrer.
À Turin, ses partitions face à Stefanos Tsitsipas et Andrey Rublev rappellent la force de frappe de l’ancien numéro un mondial. Celle face au Russe montre son évolution fulgurante depuis sa finale à Belgrade. Il est (presque) redevenu un monstre physique et de régularité. S’il remporte le Masters, la parenthèse pourra aisément disparaître et on a notre petite idée.
Quand le Serbe est habité par un record, hors grand chelem, il arrive souvent à ses fins. L’an passé, avant de se rendre au Rolex Paris Masters, son objectif était clair : récupérer la place de numéro un mondial à la fin de la saison. Contrat rempli après une victoire face à Daniil Medvedev en finale (et une revanche après la finale de l’US Open). À Turin, Djokovic l’a confirmé, il veut égaler le record de Roger Federer (6) au palmarès du Masters. Il ne lui reste que deux marches…