Cervara sur Medvedev : « Daniil sait qu’il peut gagner chaque tournoi, mais sur terre battue pas encore »
Daniil Medvedev et son entraineur Gilles Cervara s’envolent vendredi pour le Masters 1000 de Madrid, qui marquera le début réel de la saison sur terre battue du numéro 2 mondial, victime de la COVID-19 à Monte-Carlo.
Gilles Cervara, quel volume de travail Daniil Medvedev a-t-il pu réaliser, à l’académie Mouratoglou, après son test positif à la COVID-19, annoncé le 13 avril à Monte-Carlo ?
Il aura pu travailler une semaine, avec des premiers jours où on a surveillé à la loupe la réaction de son cœur à l’effort, la réaction de ses poumons, où on a été très l’écoute de ses sensations de santé – maux de tête, difficulté à l’effort – pour ajuster notre demande d’entraînement. Tu ne reprends pas comme ça du jour au lendemain après une semaine d’arrêt, surtout après avoir contracté un virus mal connu.
Êtes-vous toujours dans cette phase de surveillance ?
Non, on a aussi pu poursuivre d’autres objectifs pour améliorer son jeu sur terre battue, pour travailler sur ses croyances et sa mentalité sur cette surface.
S’il fallait quantifier le retard pris par Medvedev, que pourriez-vous dire ?
Il est important. Quand on voit Stefanos Tsitsipas qui a joué dix matchs et les certitudes qu’il a créées en en gagnant neuf (victoire à Monte-Carlo, finale à Barcelone, ndlr) , il n’est pas le seul. Le volume de ce retard est inconnu. Je ne devrais pas nous comparer à d’autres joueurs, on doit juste se focaliser sur nos propres objectifs, jour après jour, pour arriver au bout du chemin. Je ne peux pas être en avance sur mon joueur.
Il reste malgré tout quatre semaines et demie d’ici Roland-Garros. Le délai est-il suffisant pour amener Medvedev au niveau que vous visiez avant Monte-Carlo ?
Je ne peux pas répondre. Cela dépendra du premier match, du deuxième match… Ce qui est important dans ces semaines de travail-là, c’est la capacité d’avoir un fil conducteur entre le contenu des matches, et un travail qui permet d’aller vers les objectifs. Nous sommes dans cette recherche.
“Je n’ai plus trop envie d’ironiser sur le fait que Daniil n’ait pas gagné un match à Roland-Garros.”
La latence de deux semaines entre Rome et Roland-Garros n’est-elle pas une aubaine ?
On va faire Madrid et Rome. Ces tournois vont révéler des choses qui permettront de discuter et choisir ce qui se passera juste avant Roland-Garros. Pour notre entrainement et éventuellement pour jouer un autre tournoi. Il a une grosse marge de progression sur terre battue. Il n’a encore jamais gagné un match à Roland-Garros. On nous a déjà vus ironiser sur le sujet, ce qui est bien pour ne pas laisser la pression nous envahir, mais je n’ai plus trop envie d’ironiser.
A Miami, il n’a pas honoré son statut de tête de série n°1. A Madrid, l’absence de Djokovic va à nouveau le placer au centre des attentes. Est-il dans une phase où il devient difficile de répondre à l’attente liée à son statut de n°3 mondial (n°2 pendant un mois), qui est quasiment celle d’un impératif de victoire ?
Il est le seul à pouvoir répondre à cette question, mais je ne le ressens pas vraiment de lui. Qu’il ait des pensées de ce type, c’est possible, mais je n’ai pas ce sentiment. Il sait désormais qu’il peut gagner les tournois dans lesquels il rentre. Cette conviction-là, elle nécessite quand même une compétence particulière, les sportifs entrés dans cette zone-là sont très peu nombreux. Daniil y est. Mais clairement pas sur terre battue. Il doit encore passer par beaucoup d’étapes, les mêmes que celles qu’il a connues pour aller jusqu’à ce niveau en dur et en indoor. Cette conviction, c’est tout frais. Ça remonte à cet hiver (Medvedev a enchaîné les trophées au Rolex Paris Masters, aux ATP Finals et à l’ATP Cup entre novembre 2020 et février 2021). Ça demande à être renforcé. C’est un équilibre instable et c’est ce qui fait que les meilleurs sont toujours à l’affût du danger.
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