Les chiffres sont formels : Zverev est le boss de la Next-Gen, et le favori de l’US Open
Après son titre au Masters 1 000 de Cincinnati, ce dimanche, Alexander Zverev a repris – au moins symboliquement – le leadership de la Next Gen. Son été meurtrier tend à en faire aussi le favori de l’US Open, si l’on s’en tient au strict bilan comptable. Explications.
D’accord, ce ne sont que des chiffres et les chiffres, on peut leur faire dire ce que l’on veut. Mais quand même. En remportant dimanche un Masters 1000 très “Next-Gen” puisqu’il était accompagné de Daniil Medvedev, Stefanos Tsitsipas et Andrey Rublev en demi-finales – en l’absence de Novak Djokovic, Rafael Nadal et Roger Fededer -, Alexander Zverev s’est repositionné comme le leader de cette jeunesse emmenée à reprendre un jour ou l’autre les commandes du tennis mondial.
Ce “mini Big Four”, qui tente à tour de rôle de venir châtouiller les trois monstres sans vraiment y parvenir jusqu’à présent, n’est pas franchement évident à départager. Mais en l’espace de quelques semaines, Zverev a tout de même sacrément mis les chiffres de son côté.
Outre son titre olympique à Tokyo, qui l’avait déjà fait sortir du lot, il est désormais celui qui compte le plus de Masters 1000 (cinq, contre quatre à Medvedev, un à Tsitsipas et aucun à Rublev), sans oublier le Masters en 2018. Il est par ailleurs celui qui a remporté le plus de titres toutes catégories confondues (17) et joué le plus de finales (26) sur le circuit ATP. Et il est enfin celui qui a obtenu le plus de victoires sur les membres du Big Three (10).
A priori, Djokovic reste favori, mais…
Loin de ces considérations épicières, l’Allemand se réjouissait surtout de s’être rendu facile une finale de Cincinnati qu’il attendait beaucoup plus piégeuse, même s’il n’avait jamais perdu un set en quatre rencontres face à son ami d’enfance.
“Je me suis très bien senti dès le début du match et c’est important contre un gars contre Rublev, a expliqué Zverev en conférence de presse. Parce qu’une fois qu’il commence à rentrer dans le match, il est très difficile à arrêter et il peut battre n’importe qui, ce qu’il avait d’ailleurs montré hier (samedi) en demi-finale contre Medvedev.”
Medvedev, vainqueur une semaine plus tôt du Masters 1 000 de Toronto, est le seul à pouvoir disputer à Zverev ce titre honorifique de leader de la Next-Gen. Le Russe a en effet disputé une finale de Grand Chelem supplémentaire (deux contre une) et a obtenu un “best ranking” plus élevé (il est 2ème mondial, Zverev a été 3ème au mieux).
Avec cette carte de visite, les deux hommes s’avancent comme les principaux challengers de l’US Open derrière le N°1 mondial Novak Djokovic, qui visera, on le sait, un légendaire Grand Chelem. Si le Serbe, sorti touché physiquement de sa défaite en demi-finales des Jeux Olympiques, a zappé les deux Masters 1000 nord-américains, il demeurera le principal favori à New York aux yeux du plus grand nombre, et notamment à ceux d’Alexander Zverev.
“C’est lui le N°1 mondial, il a joué un tennis incroyable jusque-là et il sera frais. Alors oui, ce sera lui le favori, a estimé Sascha. Mais beaucoup d’autres joueurs seront dangereux, à commencer par Medvedev, Tsitsipas ou Rublev. Quant à moi, j’essaierai de faire de mon mieux. J’ai encore beaucoup de travail d’ici le début de l’US Open, notamment pour m’acclimater aux conditions, qui seront différentes. On verra bien. Mais j’ai hâte d’y être, en tout cas.”
Djokovic favori ? Oui, bien sûr. Avec un “mais”, malgré tout… Jamais un joueur n’a remporté l’US Open sans avoir disputé au moins un tournoi sur dur au préalable durant l’été. Au contraire, on s’aperçoit que ce sont souvent ceux qui ont brillé au mois d’août qui raflent ensuite la mise à New York.
Zverev a fait mieux que briller puisqu’il arrivera invaincu après son titre olympique et son sacre à Cincinnati. Or, depuis 1990 (année de la création de l’ATP Tour), les trois seuls joueurs ayant comme lui remporté deux gros titres durant l’été ont à chaque fois concrétisé leur domination à New York : Pat Rafter en 1998, Andy Roddick en 2003 et Rafael Nadal en 2013, qui avaient tous les trois réussi le rare doublé Canada-Cincinnati.
La corrélation entre les résultats obtenus dans au moins l’un des deux Masters 1000 nord-américains, puis à l’US Open dans la foulée, est évidente. Particulièrement depuis le début des années 2000, quand le calendrier des joueurs s’est vraiment recentré autour de ces deux gros rendez-vous.
Sampras, Federer, Murray, Cilic : cherchez le point commun…
Ainsi, une fois sur deux, au XXIè siècle, le vainqueur de l’US Open s’était préalablement imposé soit au Canada, soit dans l’Ohio (avec une préférence “statistique” pour le Canada), en excluant évidemment l’année 2020 qui était spéciale en raison du contexte que l’on sait. Dans le même intervalle, il est arrivé quatre fois seulement qu’un homme s’impose à New York sans avoir au moins atteint les quarts de finale d’un des deux Masters 1000 : Pete Sampras en 2002 (mais c’était tellement spécial…), Roger Federer en 2008 (mais c’était une année olympique), Andy Murray en 2012 (année olympique également) et Marin Cilic en 2014 (sans doute la seule vraie exception à la règle).
Zverev, qui avait atteint l’an dernier à New York sa première finale en Grand Chelem, menant deux sets à rien avant de s’incliner en cinq sets contre Dominic Thiem, n’ignore sans doute pas complètement cette réalité statistique. Après, de la coupe aux lèvres, il y a évidemment beaucoup de chemin…