Cervara sur la place de n°1 de Medvedev : « Un rêve, et vingt ans d’investissement total »
Gilles Cervara, l’entraîneur français de Daniil Medvedev, coache désormais le meilleur joueur de tennis du monde. Et mesure le chemin parcouru pour y parvenir.
Gilles, tu entraînes Daniil Medvedev depuis plus de cinq ans maintenant. Que représente pour toi, et l’équipe que tu as constituée autour de lui, cette accession au rang de numéro un mondial ?
Pour moi, ça représente une fierté et l’accomplissement d’un parcours de plus de vingt ans d’investissement total dédié à la performance, au dépassement, à l’évolution du potentiel humain et l’atteinte de mes rêves, aussi fous qu’ils ont été… Cette place de Daniil, personne ne nous l’enlèvera. Comme je l’avais dit après la victoire à l’US Open, c’est gravé pour toujours. Elle est la preuve que j’ai eu raison de sentir qui je voulais être et de suivre cette flamme qui m’habitait, aussi difficile que ça pouvait être, alors, dans ma vie et dans ma tête…
Pour l’équipe, le noyau dur de l’équipe de Daniil – Éric Hernandez à la préparation physique, Francisca Dauzet à l’accompagnement mental de la performance, Yann Lemeir comme sport scientist – c’est un accomplissement professionnel, vécu ensemble, chacun vivant cette réussite avec le sens qu’il lui attribue par rapport à sa vie.
Je rends un hommage particulier au travail de Francisca avec Daniil, dans une dimension à laquelle j’ai toujours été particulièrement sensible et qui était un vrai frein au début, et en même temps une force non canalisée, non exploitée. Francisca a su, par son travail, le révéler. Je suis heureux que ce travail ait pu porter ses fruits de cette façon, tant je suis convaincu qu’il est un point d’avenir pour les athlètes de haut niveau, et l’être humain en général.
Je pense aussi à toute l’équipe médicale de Daniil : Carl Willems, Gaëtan Baudet, Paul Lochelongue, Bernard Nivet, Louis Fresneau.
Daniil est concentré sur son quart de finale à Acapulco, il est fier du travail
Daniil Medvedev
Quand cette place de numéro un mondial est-elle un devenu un objectif ?
Ça devient un objectif quand tu vois que concrètement, tu gagnes un Grand Chelem (US Open 2021 ndlr), que tu es top 5 (août 2019 la première fois ndlr), que si tu gagnes encore et tu te rapproches de cette place. C’est un objectif qui se découvre petit à petit.
Comment Daniil le vit-il ?
Daniil est concentré sur son quart de finale à Acapulco (dans la nuit de jeudi à vendredi contre Nishioka, ndlr) et fier de son boulot et du boulot de son équipe.
On dit souvent que se hisser au sommet est plus difficile que de s’y maintenir. Comment abordes-tu cette phase et s’installer à la place de numéro un, est-ce en soi un objectif ?
Rester au sommet est un autre challenge que de l’atteindre, mais il est pour moi aussi difficile, ou en tous cas incomparable, différent. Comme tout challenge, il demande d’acquérir les ressources pour y arriver. Au-delà de l’importance de durer, ce qui compte c’est de vouloir toujours être meilleur que le jour d’avant, de chercher cette progression permanente et de continuer de se remettre en question. Toujours. C’est une philosophie de la performance à honorer quotidiennement avec humilité et honnêteté vis-à-vis de soi. Rien ne sera jamais facile à obtenir. Cela demandera toujours de se dépasser.