Becker : “Novak (Djokovic) dépasse le tennis, il est dans la catégorie de Lionel Messi, LeBron James et Tom Brady”
Lors du podcast Das Gelbe vom Ball d’Eurosport Allemagne, Boris Becker s’est exprimé au sujet de son ancien joueur: Novak Djokovic.
Il est de ceux qui ont aidé Novak Djokovic à franchir un cap. “Quand j’entraînais Novak (de fin 2013 à fin 2016), mon but était de trouver comment lui faire comprendre qu’il pouvait faire mieux”, a expliqué Boris Becker en 2019. “C’était difficile, parce qu’il était déjà numéro 2 mondial, la marge était réduite. Plus important encore, vous devez travailler sur les détails et réussir à convaincre une superstar qu’elle se trompe.”
“Son problème, c’était qu’il atteignait beaucoup de demies et finales de Grand Chelem en ayant toujours besoin de trois ou quatre heures pour battre ses adversaires”, avait-t-il étayé. “Il gaspillait beaucoup d’énergie. J’ai essayé de lui apprendre à gagner plus vite. Il restait toujours loin de sa ligne. Résultat, quand vous arrivez en deuxième semaine, en demi-finale, même en étant une bête physique comme Djokovic, vous êtes fatigué. Mon objectif était qu’il se rapproche de sa ligne, pour finir les points plus rapidement et donc gagner les matchs plus rapidement.”
Le duel était étrange pour moi au début, Novak d’un côté, Holger de l’autre.
Boris Becker
Jusqu’à octobre 2023, après un passage de huit mois par la case prison pour fraude fiscale en 2022, Becker n’avait entraîné aucun autre joueur que Djokovic, avec qui il a remporté six titres du Grand Chelem et deux Masters. Puis Holger Rune a fait appel à lui. Pour des débuts riches en émotion, puisqu’il a affronté son ancien protégé dès son deuxième tournoi dans le box du Danois.
Après avoir permis à Rune de briser sa spirale de défaites – six en sept match suite à Wimbledon – en atteignant les demies finales à Bâle, l’Allemand l’a emmené jusqu’en quart de finale à Bercy. Face à Novak Djokovic. “Le duel était étrange pour moi au début, Holger d’un côté, Novak de l’autre”, a confié le surnommé “Boum Boum” lors du podcast Das Gelbe vom Ball pour Eurosport Allemagne.
On s’est pris dans les bras. On s’appelle ‘schatzi (chéri)’ l’un l’autre.
Boris Becker, sur ses retrouvailles avec Novak Djokovic
“Mais on s’est pris dans les bras (avant le match) et je lui ai dit : ‘Schatzi (un équivalent de chéri, en allemand) – on s’appelle l’un l’autre schatzi – je vais donner tout ce que j’ai pour qu’on te batte aujourd’hui, mais j’ai énormément de respect pour toi.'”, a-t-il ajouté. “Et Novak m’a répondu qu’il n’en attendait pas moins de ma part.”
En 2023, à 36 ans, Djokovic a remporté trois titres du Grand Chelem, pour porter son compteur à 24 unités en simple. Personne n’a fait aussi bien dans l’ère Open. Il s’est également offert un 7e Masters – record chez les hommes – et une 8e année terminée en tant que numéro 1 mondial, seule Steffi Graf a pu se targuer d’une telle performance dans l’histoire du tennis. De quoi le faire entrer dans une autre catégorie pour son ancien entraîneur.
J’espère qu’il (Novak Djokovic) va continuer pendant encore longtemps.
Boris Becker
“Peut-être qu’il n’est pas seulement le meilleur joueur de tennis actuellement, mais aussi le meilleur sportif”, a analysé le plus jeune vainqueur de l’histoire de Wimbledon. “Je veux le comparer à Lionel Messi, LeBron James et Tom Brady. Pour moi, Novak Djokovic est dans cette catégorie. Tous ces joueurs dominent, ou ont dominé leur sport jusqu’en milieu, voire fin de trentaine. J’espère qu’il va continuer à le faire pendant longtemps, car il n’y a rien de mieux pour les jeunes que de se mesurer au joueur le plus titré de tous les temps. C’est la meilleure leçon.”
Mené 3-2 dans son face-à-face avec Djokovic, Rune a perdu ses deux derniers duels contre le Belgradois. À chaque fois en trois sets. En le poussant à jouer 2h55 à Paris-Bercy, puis 3h04 au Masters. Signe du potentiel d’Holger Rune, car, en partie grâce à Boris Becker, le Novak Djokovic de 2023 n’est plus celui de 2013 : peu de joueurs sont capable de le pousser à jouer régulièrement des marathons.