Le corps a tenu le choc : Nadal sort vainqueur d’un combat de quatre heures !
Rafael Nadal a battu Mariano Navone en trois manches (6-7 [2], 7-5, 7-5) vendredi, lors du tournoi de Bastad. Il sera opposé au qualifié croate Duje Ajdukovic en demi-finale.
Deux mois en arrière, c’était une vieille machine usée, rouillée, qui ne pouvait plus tenir la distance sans craindre de tomber en pièces. Cette description, qu’on ferait d’une quasi-épave, correspondait au corps de Rafael Nadal.
À Barcelone, lors de son tournoi de reprise mi-avril, le monument aux 22 titres du Grand Chelem avait confié avoir été contraint de se renier. Lui, l’homme qui s’était fixé pour principe immuable de toujours se battre comme si sa vie en dépendait jusqu’au dernier point, avait dû laisser filer une rencontre.
Nadal a franchi un cap physiquement
C’est qu’il avait confié après sa défaire 7-5, 6-1 contre Alex de Minaur au deuxième tour, en expliquant avoir dû se résigner à lâcher dans le deuxième set. Car son physique, jadis montagne presque infranchissable pour ses adversaire, avait été trop érodé par les blessures et ne pourrait tenir la distance sans un risque important de rechute.
Huit semaine plus tard, le colosse a renforcé son pied d’argile. Vendredi, sur l’ocre de Båstad, Nadal a remporté un duel éprouvant. Une bagarre de 3h59 et 44 secondes – pour être précis, comme indiqué sur le site de l’ATP – pour réussir à tanner le cuir, épais, du très coriace Mariano Navone : 6-7², 7-5, 7-5.
18 breaks en 36 jeux de services
Si l’expression “montagnes russes” a souvent été utilisée pour décrire des matchs de tennis, elle a rarement été aussi bien adaptée. Au cours des 36 jeux de services disputés – le tie-break ne comptant pas comme tel – 18 breaks ont eu lieu. 10 en faveur de Nadal, sur 21 occasions ; 8 pour Navone, sur 15 opportunités.
Mais au-delà des statistiques, la partie est souvent passée d’un sommet à un creux pour chacun des deux hommes. D’abord mené 5-2 avec deux services de retard, l’Espagnol a écarté deux balles de set à 5-4, 40-15 sur l’engagement adverse – en profitant de deux fautes rapides, une en revers, une en coup droit – avant d’en avoir deux en sa faveur à 6-5, au retour, puis de s’incliner au jeu décisif.
Nadal a mené 5-2, double break, dans le dernier set
Dans le second acte, ce fut au tour du gaucher des Baléares de prendre le large : 3-0 double break. Un avantage qui a tout de suite fondu – 3-3 – avant de réussir à reprendre une longueur d’avance avec un break à 5-5.
Lors du troisième set, d’abord distancé – 6-7², 7-5, 0-2 – le Majorquin est parvenu à débreaké alors que l’Argentin était à 40-0. Alignant les jeux, cinq de suite au total, le surnommé “Rafa” semblait se diriger vers une fin tranquille. Que nenni.
Le deuxième plus long match en deux sets gagnants de la carrière de Nadal
En perdant son double break d’avance avant de boucler l’affaire après être passé de 6-7², 7-5, 5-2 à 6-7², 7-5, 5-5, il s’est approché du plus long match en deux sets gagnants de sa carrière. Celui gagné en 4h03 contre Novak Djokovic à Madrid en 2009.
Outre le scénario de l’empoignade, Nadal a oscillé dans sa qualité de jeu, notamment en ce qui a concerné régularité et longueur de balle. Face à un Navone jouant juste tactiquement, patient dans les rallyes, sachant saisir les bonnes ouvertures pour attaquer, l’actuel 261e mondial s’est évertué à mettre en pratique ce qu’il avait annoncé la veille.
Plus d’agressivité, mais plus d’erreurs
“J’ai fait un bon match, mais je dois être plus agressif”, avait-il expliqué dans la foulée de son succès 6-4, 6-4 contre Cameron Norrie. Dans des conditions plus ensoleillées, une terre un peu plus sèche, et donc moins lente en favorisant l’accélération de son lift au moment du rebond, le quatuordécuple a d’abord commis trop d’erreurs en se laissant emporter par ses allants offensifs.
Mais il a su régler la mire, en mettant aussi, par séquences, plus de volume pour pilonner le revers de son opposant – qui a montré un très bonne résistance avec ce coup – et prendre l’ascendant du fond du court. De quoi remporter une victoire charnière depuis son retour.
Je suis fatigué (…) On verra comment je me sens demain (samedi).
Rafael Nadal
Nadal s’est montré capable de tenir pendant quatre heures, à haute intensité, avec plusieurs coups magiques. Un succès, malgré des hauts et des bas quant à son niveau de jeu, sans doute très important dans sa quête de confiance. Qui plus est en venant à bout d’un opposant très à l’aise sur terre battue – deux finales en 2024 – et en pleine ascension : Navone est passé du 240e rang mondial en juin 2023 au 36e cette semaine, après avoir été 29e avant le début de la saison sur gazon.
“Je suis fatigué (…) On verra comment je me sens demain (samedi)”, a répondu Rafael Nadal, tout sourire, transpirant d’allégresse, lors de l’interview sur le court. “Mais aujourd’hui, je suis vivant et qualifié pour les demi-finales.” Pour une place en finale, sa deuxième à Båstad après son sacre de 2005 – année de sa dernière participation -, il a désormais rendez-vous avec la surprise Duje Adjukovic, 23 ans, 130e mondial et issu des qualifications. En espérant que la machine soit de nouveau assez bien huilée pour pouvoir continuer à rouler.
Les autres affiches des quarts de finale à Bastad (ATP 250, Båstads tennisstadion, terre battue, 579.320 EUR, les résultats s’affichent du plus récent au plus ancien) :
- Timofey Skatov – Nuno Borges : programmé vendredi
- Thiago Agustin Tirante – Roberto Carballes Baena : programmé vendredi
- Duje Ajdukovic – Thiago Monteiro : 6-2, 4-6, 6-4