Avec un match de légende, Dimitrov expulse Alcaraz de Miami manu militari
Grigor Dimitrov a pratiqué un tennis exceptionnel pendant 90 minutes pour priver Carlos Alcaraz d’un doublé Indian Wells – Miami. Il affrontera Alexander Zverev en demi-finale du tournoi floridien.
Le score du dernier quart de finale du Masters 1000 de Miami est presque flatteur pour celui qui en a subi les foudres à la surprise générale, Carlos Alcaraz. 6-2, 6-4 en une heure et 32 minutes de jeu. Que Grigor Dimitrov, le héros du jour, pût écarter la tête de série n°1 du tournoi floridien faisait partie des scénarios possibles avant le match, ne serait-ce qu’en souvenir de leur dernier duel à Shanghai en octobre dernier (5-7, 6-2, 6-4).
Mais qu’Alcaraz puisse se prendre une authentique rouste pour quitter Miami avant la fin, c’était un spectacle surréaliste et il laissé le Hard Rock Stadium médusé à plusieurs reprises jeudi soir malgré la qualité du spectacle, qui a aussi suscité beaucoup d’électricité. Cela s’est produit par la grâce de Grigor Dimitrov, qui a joué un match de tennis parfait pour obtenir sa première qualification pour les demi-finales à Miami en 13 apparitions.
Dans son récital, Dimitrov s’est procuré une balle de 6-2, 5-1 qui pouvait le mener vers un score lapidaire. Alcaraz a eu le sursaut nécessaire pour rester dans le match et revenir à 4-4. Mais rien à faire. C’était un soir où Dimitrov tutoyait les lignes, fouettait les balles, aspirait les fractions de secondes à chaque prise de balle hyper précoce, variait les plaisirs comme un quatuor de Schubert. Un soir, aussi, où il était préparé au combat et où il sut convertir sa première balle de match.
Je ne me souviens pas du dernier match où j’ai ressenti une telle impuissance, c’était il y a très, très longtemps.
Carlos Alcaraz
“Il a joué un tennis hallucinant, que je qualifierais de presque parfait”, a réagi Carlos Alcaraz à chaud. “C’est frustrant. Je n’avais aucune solution et je me suis senti comme un gamin de 13 ans, c’était fou. Je ne me souviens pas du dernier match où j’ai ressenti une telle impuissance, c’était il y a très, très longtemps.”
Le match s’est déroulé en trois temps. Durant les quatre premiers jeux, sous les yeux de Mike Tyson, les deux joueurs se sont livrés à un combat de poids lourds sans round d’observation. Du punch à chaque point et huit balles de break dans les quatre premiers jeux (au moins une dans chaque jeu) : Alcaraz a vite compris que son niveau de jeu extraordinaire depuis trois semaines était un pré-requis pour avoir une chance dans ce quart de finale et Dimitrov lui-même était challengé dans ses inspirations.
Dimitrov déjà tourné vers Zverev
Après quatre rounds de ce régime, Alcaraz était mené 3-1. Le score validait l’approche de Dimitrov – “lui faire mal le plus tôt possible dans l’échange, être à l’origine de la puissance de l’échange pour ne pas avoir à subir la sienne”. Cela lui a donné la confiance nécessaire pour ne pas dévier de sa ligne et commencer un redoutable cavalier seul jusqu’à 6-2, 4-1. Une usine à highlights, une réserve naturelle de tennis champagne, une compil’ de tout ce qui rend Dimitrov si unique : appelez cela comme vous voulez, mais c’était un grand moment de la saison ATP.
Le match est alors redevenu un combat. Plus intense, moins prévisible, plus tendu avec un Dimitrov parfois ramené à une humanité provisoire – de rares fautes directes, des coups moins tranchants – et un Alcaraz qui refusa de sombrer. “Le jeu où il égalise à 4-4, il m’aligne quatre coups droits où je ne peux absolument rien faire”, rappelait Dimitrov après le match. “J’aurais certainement pu dérailler mais je suis juste resté patient et je me suis dit que j’allais devoir être agressif à la première ouverture, ce que j’ai réussi à faire.”
La première intervention de Grigor Dimitrov en conférence de presse a été pour indiquer que sa fierté était mêlée de concentration. “J’ai encore un autre match demain, j’ai déjà basculé.” Ce sera contre Alexandre Zverev, qui avait été invité à disserter en conférence de presse sur la compatibilité de son style avec celui d’Alcaraz.
Dimitrov est l’homme qui aura empêché l’Open de Miami 2024 d’être le premier Masters 1000 depuis Cincinnati 2021 à aligner les quatre premières têtes de série en demi-finale. (C’était alors : 1. Medvedev, 2. Tsitsipas, 3. Zverev, 4. Rublev). Il est tout proche d’effectuer son retour dans le Top 10, à 32 ans. Il lui suffit de passer encore un tour et d’accéder à sa troisième finale de Masters 1000 en carrière.