Plus qu’au prize money, Isner s’en est pris au système de l’ATP
Pour John Isner, la diminution du prize money, notamment à Miami, n’est pas la source principale du problème qu’il soulève. Un mois après ses tweets polémiques, il maintient que c’est le système de l’ATP en lui-même qui est défectueux. Sur le circuit, les tensions semblent être de plus en plus palpables entres certains joueurs et l’instance dirigeante.
Pour la première fois depuis son thread Twitter, sujet à polémique, par lequel il a qualifié l’ATP de “système à bout”, John Isner s’est exprimé devant des micros, mercredi en conférence de presse
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Quand un journaliste lui a demandé de clarifier sa position à propos de la diminution du prize money pour cette édition 2021 du Masters 1000 de Miami, le numéro 1 américain ne s’est pas défilé. Un sujet qui avait d’ailleurs mené à sa diatribe en cinq tweets le mois dernier, suite à des informations révélées par Tennis Majors.
ATP is a broken system. Players and tournaments as ‘partners’ need to work together, but 60% cut and 80% champions cut in one of our biggest events that has TV, Data, sponsorship, and newly approved gambling revenue intact, isn’t a partnership at all. 1/5 https://t.co/MmrZjCtpOW
— John Isner (@JohnIsner) February 24, 2021
“L’argent n’est pas le problème principal », a déclaré Isner. Sa plus grande source de frustration vient de façon dont les décisions sont prises au sein de l’ATP.
“Il ne s’agit pas vraiment du prize money. C’est le système qui est en cause. Dans mes tweets auxquels vous faites référence, je ne parle pas tellement des gains en tournoi, mais plutôt du système de l’ATP et de la manière dont les décisions sont adoptées à propos de la baisse du prize money. Le sujet n’est pas le prize money en lui-même.”
80 % de prize money en moins pour le vainqueur
Dans ses fameux tweets datant du 24 février, Isner demandait un audit indépendant permettant aux joueurs de savoir exactement à quel point la COVID-19 a impacté la santé financière des tournois. A Miami, il a réaffirmé ce souhait.
“Nous comprenons qu’avec la perte des revenus provenant de la billetterie, nos gains diminuent”, a-t-il expliqué. “Mais certains joueurs se posent des questions. Pourquoi la baisse est-elle aussi importante ? Le circuit a mis en place une stratégie qui vise à maintenir un prize money assez équivalent à ce qui se faisait avant pour les premiers tours. Pour les quarts, demis et finales, il a été drastiquement réduit. Il y a un peu d’incertitude autour de la manière dont tout ça a été calculé.”
Voici, ci-dessous, le détail du prize money 2021. Sur l’ensemble, la baisse moyenne est de 60 % par rapport à 2019 (l’édition 2020 ayant été annulée). Le vainqueur, lui, va toucher 80 % de moins.
“Les meilleurs de notre sport ont vu leur prize money être significativement réduit ces derniers temps. Il y aura toujours des choses à propos desquelles les joueurs seront insatisfaits. Je pense que les joueurs ont senti plus de transparence venant de l’ATP. Nous essayons de comprendre un peu mieux le système.”
Au début du mois, l’ATP a fait circuler un document éclaircissant certains détails liés à l’impact de la pandémie sur les finances. Tennis Majors en a partagé les principaux points. Au-delà de tout ceci, John Isner s’est dit heureux de pouvoir participer à un tournoi dans son pays natal.
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“Il y a des choses bien pires dans le monde. Évidemment, on préfèrerait toucher plus d’argent. Mais nous sommes d’abord là pour jouer et nous battre sur le court, c’est ce qui nous fait plaisir avant tout.”
Tête de série numéro 18, le natif de Greensboro a remporté son unique Masters 1000 en Floride. C’était en 2018, face à Juan Martín del Potro en finale. Pour son entrée en lice, il affrontera Mackenzie McDonald, tombeur d’un Vasek Pospisil à fleur de peau au premier tour.
Pospisil, président à bout de nerfs de la PTPA
Symbole de certaines tensions pouvant exister sur le circuit actuellement entre restrictions sanitaires, bulles, réduction des gains et luttes politiques, le Canadien a complètement craqué sur le court. Balançant la fin du premier set, il a perdu celui-ci sur un point de pénalité avant de lâcher ces mots à Arnaud Gabas, l’arbitre, lui demandant ce qui lui arrivait :
“Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Hier, le patron de l’ATP (Andrea Gaudenzi) m’a gueulé dessus pendant 1h30 lors d’une réunion avec les joueurs. Pendant 1h30 ! Le patron de l’ATP ! Amène-le moi ici, ce putain de trouduc’ ! Pourquoi devrais-je supporter ça ?”
A la sortie du match, déçu par sa propre attitude, Pospisil s’est exprimé sur Twitter.
“Je tiens sincèrement à vous prier de bien vouloir m’excuser pour mon comportement sur le court”, a-t-il écrit. “J’ai manqué de respect au sport que j’aime et j’en suis réellement désolé. En guise d’explications, j’étais profondément énervé après une réunion entre joueurs et dirigeants de l’ATP. J’ai sous-estimé les conséquences de ces émotions, jusqu’à ce que j’entre sur le court. Encore une fois, je suis désolé pour mon comportement et le langage dont j’ai fait preuve.”
Durant l’été 2020, associé à Novak Djokovic, Pospisil a lancé la PTPA, un syndicat de joueurs parallèle à l’ATP dont il est co-président avec le numéro 1 mondial. Depuis, désaccords et tensions font régulièrement surface entre les deux organisations.
I underestimated the toll those emotions took on me until I stepped onto the court today. Again, I am sorry for my on-court behavior and the language I used. #players [2/2]
— Vasek Pospisil (@VasekPospisil) March 25, 2021