Rafael Nadal : “Arrivera un moment où ma tête va dire stop…”
De nouveau victime d’ingérables douleurs au pied à la fin de son huitième de finale perdu contre Denis Shapovalov à Rome, Rafael Nadal, tout en espérant être rétabli pour Roland-Garros, n’a pas caché que la situation commençait à lui peser sérieusement…
Au terme de son entrée en lice victorieuse contre John Isner, mercredi, Rafael Nadal avait filé tout droit vers un court d’entraînement pour peaufiner ses gammes. Ce jeudi, après sa défaite en huitièmes de finale contre Denis Shapovalov (1-6, 7-5, 6-2), il a filé directement en conférence de presse, aussi touché psychologiquement qu’il ne l’avait été physiquement quelques minutes plus tôt dans une fin de match lors de laquelle il n’était plus en état de jouer, même s’il a refusé d’abandonner.
“C’est à nouveau mon pied gauche qui s’est remis à me faire mal, a confirmé Nadal, qui avait été mis sur le flanc pendant six mois l’an dernier en raison d’une forte rechute de ses douleurs chroniques (syndrome de Mueller-Weiss). Je ne suis pas blessé, je suis un joueur qui vit avec une blessure. Il n’y a rien de nouveau : la douleur est toujours là, mais plus ou moins. Aujourd’hui (jeudi), c’était terrible. A partir du milieu du deuxième set, je ne pouvais plus jouer.”
Plus qu’inquiétant, à dix jours du coup d’envoi de Roland-Garros où Nadal espère encore toutefois pouvoir partir à la conquête d’un 14ème trophée. Ce qui, ne le cachons, n’est pas encore garanti si l’on en juge sa démarche boitillante et ses regards désespérés jetés dans les derniers jeux de son match, qui ont ressemblé à un long chemin de croix, presque pénible à regarder.
Je ne perds pas de vue mon objectif. Et je vais continuer à rêver de l’atteindre.
Rafael Nadal
“Ce qui va se passer dans les prochains jours, la semaine prochaine, je n’en sais vraiment rien, a lâché l’homme aux 21 Grands Chelems, le regard toujours aussi perdu en conférence de presse. Je ne sais même pas si je vais devoir me reposer ou pouvoir m’entraîner. Mais je ne perds pas de vue mon objectif (Roland-Garros). Et je vais continuer à rêver de l’atteindre. Si ça se trouve, dans deux jours, ça ira mieux. C’est toujours un peu comme ça que ça se passe avec mon pied.”
Malgré tout, l’ancien numéro un mondial n’a masqué sa profonde lassitude de devoir dealer depuis tant d’années, et particulièrement depuis un an, avec cette lancinante et sournoise douleur qui le laisse un jour en paix pour mieux le fracasser le lendemain.
“Honnêtement, c’est difficile à gérer au quotidien, et c’est parfois aussi difficile à accepter, a -t-il concédé. Depuis mon retour, mon pied m’a fait pas mal souffrir. Il y a de nombreux jours où je ne suis pas en mesure de m’entraîner correctement. J’ai du mal à enchaîner les jours de travail. Dans ces conditions, c’est compliqué de retrouver un déplacement optimal. Le pire est qu’aujourd’hui (jeudi), j’avais recommencé à me sentir vraiment bien. Et voilà…”
S’il a malgré tout conservé une certain contenance lors de sa conférence en anglais, Rafael Nadal s’est montré plus alarmiste ensuite devant la presse espagnole, auprès de laquelle il s’est épanché dans une phrase assez sibylline : “Il va arriver le moment où ma tête va dire stop, parce que la douleur m’enlève le plaisir. Pas que pour le tennis, mais aussi dans la vie.”
On peut se poser la question de savoir si on verra Rafael Nadal à Roland Garros cette année. On peut même aller jusqu’à se demander si on le reverra tout simplement, dans un jour proche, sur un terrain de tennis. Parce que manifestement, l’Espagnol a perdu plus qu’un match de tennis ce jeudi. Et c’est assez terrible.