A court de match mais gonflé à bloc, Alcaraz prêt à défier Berrettini à Melbourne
Carlos Alcaraz, qui débutait sa saison à l’Open d’Australie, est au troisième tour après deux victoires faciles. Le voilà confronté à son premier top 10 de la saison, Matteo Berrettini, qu’il a battu il y a quatre mois.
Il est arrivé plus tard que les autres. Aucune trace de Carlos Alcaraz à l’ATP Cup ni dans les tableaux d’Adélaïde, de Melbourne ou de Sydney. L’Espagnol et son clan ont décidé de ne pas disputer de tournoi avant le premier Grand Chelem de la saison, l’Open d’Australie.
Il est relativement rare de procéder ainsi, surtout pour un joueur de l’âge d’Alcaraz (18 ans), qui n’a joué qu’une seule fois en Australie, en 2021, et semble moins rodé aux conditions de jeu que les briscards qui ont appris à craindre la tête de série n°31.
“La fin de saison était si proche de la nouvelle que j’ai préféré prolonger ma préparation, faire plus de semaines pour être meilleur, être plus puissant”, a-t-il justifié en conférence de presse.
Ferrero voulait cinq semaines de préparation
Son coach Juan Carlos Ferrero est allé plus loin. “Nous avons renoncé à jouer les deux premiers tournois pour avoir cinq semaines de préparation, a expliqué l’ancien numéro un mondial à Marca. C’était idéal, pour avoir terminé l’année si tard et comment nous l’avons terminée, avec l’infection au Covid (fin novembre, juste avant la Coupe Davis). Les deux premières semaines, nous n’avons fait que du physique et ensuite nous avons commencé par le tennis “.
Alcaraz a terminé sa préparation en Australie, où il est arrivé le 8 janvier en compagnie de Juan Carlos Ferrero, son kiné Sergio Hernandez et son agent Albert Molina. Il a notamment tapé la balle avec Alexander Zverev et Andrey Rublev.
Tabilo et Lajovic n’ont pas existé
Pour l’instant, cette stratégie lui réussit bien. Sans repères, il a d’abord broyé (6-2, 6-2, 6-3) le Chilien Alejandro Tabilo (135e). “Je me sentais très bien dès le début, a réagi Alcaraz après ce première succès de la saison. J’ai joué à un haut niveau. Je me suis surpris aujourd’hui sur le court parce qu’il avait très bien joué ces derniers temps”.
Puis il s’est défait mercredi d’un tout autre adversaire, Dusan Lajovic (39e), lui aussi battu en trois sets (6-2, 6-1, 7-5). Une rencontre où l’Espagnol s’est baladé durant deux manches avant de remonter un break de retard dans le troisième.
“Je suis content de la victoire car ce n’était pas une journée facile avec le vent qu’il y avait, s’est-il réjoui. À Villena (où il s’entraîne), il y a beaucoup de vent et je m’adapte généralement assez bien. J’ai mieux commencé le match que Dusan. Le troisième set a été assez disputé.” Il est devenu le plus jeune joueur à atteindre le troisième tour de “The Open” depuis Bernard Tomic en 2011.
Le “changement physique très brutal” d’Alcaraz
Ce qui a surpris n’est pas tant que le 31e mondial soit au troisième tour à Melbourne. Mais plus son apparence physique. Tout le monde l’a découvert, lundi, dans un débardeur rouge, qui permettait de bien apercevoir à quel point son biceps droit avait gonflé. Il ne s’en cache pas. “J’ai fait un changement physique très brutal. Et c’est très bien.”
Il développe : “Pendant la pré-saison, j’ai travaillé dur. Chaque détail compte : se reposer, manger… J’ai tout très bien fait. Mon équipe et moi connaissons l’importance de travailler sur le physique.” Son entraîneur confirme : pour lui, cette transformation physique arrive au bon moment. “Carlos est encore dans une période de croissance sur le plan physique.”
Sur Twitter, Patrick Mouratoglou, entraîneur de Serena Williams, a relevé qu’Alcaraz n’entre pas dans le modèle du tennisman moderne, très grand et très mince, à l’image de Medvedev ou Zverev. “Carlos Alcaraz, en plus d’être un sacré joueur, est bien plus musclé ! Impressionnant !” Le débardeur et sa morphologie ne font pas décliner la comparaison avec Rafael Nadal dans le grand public.
Le premier test d’Alcaraz arrive vendredi : Matteo Berrettini, 7e mondial. Un joueur qu’il a battu à Vienne, en novembre dernier, au tie-break du troisième. “Je le connais et je sais comment il joue. A Vienne, nous étions au même niveau. Bien sûr, ce sera un match difficile. Je pense que ce match à Vienne m’a fait grandir en tant que joueur parce que je suis très bien revenu et que j’étais agressif. Matteo a l’un des meilleurs services du circuit”, a dit Alcaraz à propos de l’Italien, qui a souffert lors de son entrée en lice de maux de ventre et a lâché deux manches – une par match – depuis le début de la quinzaine. Et le 7e mondial ne fait pas grande impression. On pourrait presque penser qu’Alcaraz, qui a fait la une de Vanity Fair Espagne cette semaine, part favori.
Je ressens plus de respect de la part de mes adversaires car j’ai tenu tête à des grands joueurs
Carlos Alcaraz
Depuis le début de sa carrière, le Murcien a déjà affronté sept top 10. Bilan : trois victoires, quatre défaites. Un bon ratio, pour un joueur à peine sorti de l’adolescence. Outre Berrettini en Autriche, il a battu Jannik Sinner (9e) au Rolex Paris Masters, mais surtout Stefanos Tsitsipas, alors 3e mondial, au troisième tour de l’US Open.
“Je ressens plus de respect de la part de mes adversaires car j’ai déjà tenu tête à de gros joueurs.” Un exploit, en Grand Chelem qui plus est, qui devrait lui servir pour aborder ce défi face à un joueur qui n’a été battu en Majeur que par Novak Djokovic en 2021.
Ses quatre défaites contre des top 10
- Alexander Zverev (7) en mars 2021 à Acapulco
- Rafael Nadal (2) en mai 2021 à Madrid
- Daniil Medvedev (2) en juillet 2021 à Wimbledon
- Alexander Zverev (4) en octobre 2021 à Vienne
Un bon parcours à Melbourne le conforterait dans son objectif de terminer l’année parmi les 15 meilleurs joueurs du monde. Quart de finaliste à Flushing Meadows, Carlos Alcaraz a l’occasion de se qualifier vendredi pour les huitièmes de finale de l’Open d’Australie. Ce serait une première pour lui. Il en est tout à fait capable, au vu de sa forme du moment, et de la confiance qu’il a accumulée. Alcaraz est invaincu depuis le 4 novembre dernier et une défaite contre Hugo Gaston au Rolex Paris Masters. Son bras droit était bien moins musclé.