6 novembre 2005 : Le jour où Tomas Berdych a remporté son premier Masters 1000, à Bercy
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 6 novembre 2005, Tomas Berdych, alors âgé de 20 ans et 50e mondial remporte à la surprise générale le Masters 1000 de Paris-Bercy, où de nombreuses têtes d’affiche manquaient.
Ce qui s’est passé ce jour-là : Berdych, surprenant vainqueur de son premier Masters 1000
Ce jour-là, le 6 novembre 2005, Tomas Berdych, 20 ans et 50e mondial, crée la surprise en remportant son premier titre en Masters 1000 à Paris-Bercy, après être venu à bout d’Ivan Ljubicic en finale (6-3, 6-4, 3-6, 4-6, 6-4). En l’absence de la plupart des meilleurs joueurs du monde (Roger Federer, Rafael Nadal, Andre Agassi, Lleyton Hewitt and Marat Safin), le Tchèque domine tout de même deux joueurs du top 10 (Guillermo Coria, 7e mondial, et Ljubicic, 10e). Malgré la belle carrière que réalisera ensuite Berdych, ce premier succès en Masters 1000 sera son unique titre dans cette catégorie de tournois.
Les acteurs : Tomas Berdych et Ivan Ljubicic
- Tomas Berdych, la révélation à Bercy
Le Tchèque Tomas Berdych, né en 1985, fait ses débuts en Grand Chelem en intégrant le tableau de l’US Open 2003 en tant que lucky loser, et atteint le deuxième tour (battu par Juan Ignacio Chela, 2-6 6-1 6-4 6-3). En février 2004, il s’extrait des qualifications de l’Open d’Australie et passe à nouveau un tour, avant de se faire punir par Andre Agassi (6-0, 6-2, 6-4).
Quelques mois plus tard, il se fait connaître du grand public en éliminant le numéro 1 mondial, Roger Federer, au deuxième tour des Jeux Olympiques d’Athènes. (4-6, 7-5, 7-5), et au mois de septembre, il remporte son premier tournoi à Palerme aux dépens de Filippo Volandri (6-3, 6-3). En 2005, il peine d’abord à confirmer, jusqu’au tournoi de Bastad, en juillet, où il atteint la finale (battu par Rafael Nadal, 2-6, 6-2, 6-4).
- Ivan Ljubicic, nouveau top 10
Le Croate Ivan Ljubicic est né en 1979. S’appuyant principalement sur son service, il intègre le top 100 en 1999, et remporte son premier titre en 2001, à Lyon, aux dépens de Younès El Aynaoui (6-3, 6-2). Il stagne dans le top 50 jusqu’en 2004, année où il se hisse parmi les 25 meilleurs mondiaux grâce à deux demi-finales en Masters 1000, mais c’est en 2005 qu’il change de dimension.
Lors de six premiers tournois qu’il dispute, il parvient en finale à quatre reprises, battu par Federer à Doha (6-3, 6-1), Rotterdam (5-7, 7-5, 7-6) et Dubaï (6-1, 6-7, 6-3), puis par Joachim Johansson à Marseille (7-5, 6-4). Il entame ensuite la saison indoor d’automne en gagnant deux tournois d’affilée, à Metz (aux dépens de Gaël Monfils, 7-6, 6-0) et à Vienne (où il bat en finale Juan Carlos Ferrero, 6-2, 6-4, 7-6). Il se hisse ensuite en finale du Masters 1000 de Madrid, où il est battu sur le fil par Rafael Nadal après avoir mené deux sets à zéro (3-6, 2-6, 6-3, 6-4, 7-6). Le voilà à présent 10e mondial.
Le lieu : Le Palais omnisports de Paris-Bercy
Le tournoi en salle de Paris-Bercy est créé en 1986. Disputé chaque année au début du mois de novembre, il s’agit en général du dernier tournoi avant le Masters et la finale de la Coupe Davis. C’est l’un des tournois en salle les plus cotés au monde, et il intègre la catégorie Super 9 (ancien nom des Masters 1000) en 1990. A son palmarès, on retrouve de grandes stars comme Boris Becker (1986, 1989, 1992), Andre Agassi (1994, 1999), Pete Sampras (1995, 1997) ou encore Marat Safin (2000, 2002, 2004).
L’histoire : Berdych brille en l’absence de stars
En 2005, le Masters 1000 de Paris-Bercy se voit privé d’un certain nombre de stars, notamment les deux meilleurs joueurs du monde, Roger Federer et Rafael Nadal, et le tenant du titre, Marat Safin. Par conséquent, les deux premières têtes de série sont Andy Roddick (n°3 mondial) et Guillermo Coria (n°7). C’est le décor parfait pour une grosse surprise, et c’est Tomas Berdych qui va endosser ce rôle.
Le Tchèque, âgé de 20 ans, a déjà montré de quoi il était capable lorsqu’il avait battu Federer, en 2004, aux Jeux Olympiques. A Bercy, 50e mondial et non-tête de série, il évince le 7e mondial Guillermo Coria au deuxième tour (6-4, 6-2), avant d’éliminer deux anciens vainqueurs de Roland-Garros, Juan Carlos Ferrero (7-5, 6-7, 6-4) et Gaston Gaudio (7-5, 6-0). En demi-finales, il parvient à battre Stepanek, n°1 tchèque et finaliste du tournoi l’année passée (6-1, 3-6, 6-3).
En finale, il affronte Ivan Ljubicic, qui vient d’entrer dans le top 10. Le Croate a déjà gagné deux tournois en salle en 2005, et depuis l’US Open, il a remporté 20 matches et subi seulement deux défaites. Au Masters 1000 de Madrid, il a perdu contre Nadal, 2e mondial, malgré une avance de deux sets à zéro, et en demi-finale de Bercy, il a éliminé la tête de série n°1, le 3e mondial Andy Roddick (6-3, 7-5). En clair, Berdych est loin d’être favori.
Si quelqu’un m’avait dit que j’allais gagner le tournoi, j’aurais pensé qu’il était fou.
Tomas Berdych
Pourtant, c’est bien le Tchèque qui prend le meilleur départ. Il prend le service de son adversaire à 2-1, et tient son service jusqu’à la fin du set, qu’il conclut par un ace, 6-3. Berdych confirme son emprise sur le match en s’adjugeant la deuxième manche, 6-4, mais Ljubicic élève ensuite son niveau de jeu et remporte les deux manches suivantes (6-3, 6-4). Lorsque Berdych demande un temps médical à l’entame du cinquième set, il paraît condamné, mais il s’accroche coûte que coûte. Au cours de la manche décisive, aucun des deux joueurs ne se procure la moindre balle de break lors des neuf premiers jeux, mais à 5-4, Berdych finit par breaker le Croate et gagner le match (6-3, 6-4, 3-6, 4-6, 6-4) par la même occasion.
“Si quelqu’un m’avait dit que j’allais gagner le tournoi, j’aurais pensé qu’il était fou”, déclare Berdych. “D’un autre côté, au tennis, tout peut arriver, et je suis très heureux d’avoir gagné et de cette fin de saison.“
Malgré la défaite, Ljubicic, qui s’est qualifié pour le Masters grâce à sa belle semaine parisienne, reste positif.
“C’était une semaine vraiment fantastique, même si j’aurais préféré gagner. Maintenant je vais me concentrer sur le Masters et la Coupe Davis.”
La postérité du moment : Berdych futur 4e, Ljubicic futur 3e
Tomas Berdych s’installera ensuite durablement dans le top 10, atteignant cinq demi-finales de Grand Chelem ainsi que la finale de Wimbledon, en 2010, qu’il perdra contre Rafael Nadal. Avec son compatriote Radek Stepanek, ils accompliront l’exploit de remporter deux Coupes Davis consécutives en 2012 et 2013, disputant à la fois les simples et les doubles. Après avoir grimpé à la 4e place mondiale, en 2015, Tomas Berdych prendra sa retraite en 2019.
Plus tard en 2005, Ivan Ljubicic conduira la Croatie à sa première victoire en Coupe Davis, aux dépens de la Slovaquie (3-2). Il se hissera jusqu’à la 3e place mondiale en 2006. Cette année-là, il atteindra les quarts de finale à l’Open d’Australie et les demi-finales à Roland-Garros, ce qui restera la meilleure performance de sa carrière en Grand Chelem. Le Croate remportera son plus grand titre à Indian Wells en 2010, après avoir battu en finale Andy Roddick (7-6, 7-6). Retraité du circuit en 2012, Ljubicic deviendra entraîneur, et il travaillera avec Milos Raonic (2013-2015) avant de collaborer avec Roger Federer.