5 mai 2005 : Le jour où le fair-play de Roddick lui a coûté la victoire
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 5 mai 2005, Andy Roddick a réalisé un acte de fair-play magnifique qui a fini par se retourner contre lui à Rome, contre Fernando Verdasco.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Roddick a peut-être été trop gentil
Le 5 mai 2005, à Rome, Andy Roddick a le malheur de perdre un match qu’il avait pourtant gagné. Faisant preuve d’une sportivité remarquable, il déjuge l’arbitre et fait rejouer un point qui lui aurait donné la victoire contre l’Espagnol Fernando Verdasco. Son fair-play se retourne alors contre lui et, au terme d’un scénario incroyable, il finit par s’incliner (6-7, 7-6, 6-4).
Les personnages Andy Roddick et Fernando Verdasco
- Andy Roddick : Serveur surpuissant et ancien numéro 1 mondial
L’Américain Andy Roddick est né en 1982. Il a été numéro 1 mondial en 2003, sa meilleure saison, qui a culminé avec un titre à l’US Open, où il a vaincu l’Espagnol Juan Carlos Ferrero en finale (6-3 7-6 6-3). Avec l’ascension de Roger Federer et sa mainmise sur le circuit, Roddick n’a pas longtemps joui de ce statut de numéro 1. En mai 2005, il est toujours 3e mondial après avoir atteint une demi-finale encourageante à l’Open d’Australie (battu par Lleyton Hewitt, 3-6 7-6 7-6 6-1).
Son arme la plus redoutable est sans nul doute son énorme service : il détient alors le record du service le plus rapide de tous les temps après avoir expédié un missile à 249 km/h en direction d’Alex Voltchkov en demi-finale de Coupe Davis. Il dispose aussi d’un coup droit très puissant et fait preuve d’une excellente condition physique alliée à un mental de battant. Alors qu’il joue très bien sur har-tru, la terre battue américaine, il n’est pas très à l’aise sur la terre battue rouge européenne, où son service fait moins de dégâts. A ce jour, son meilleur résultat à Roland-Garros est un troisième tour, en 2001.
- Fernando Verdasco : Une nouvelle menace sur le circuit
Fernando Verdasco, né en 1983, pointe au 56e rang mondial en arrivant à Rome en 2005. Bien qu’il n’ait encore jamais obtenu de résultat marquant dans un tournoi majeur, le gaucher espagnol est déjà redouté. En 2004, il avait montré les dommages que pouvait causer son énorme coup droit lorsqu’il avait gagné le tournoi de Valence sans perdre un set, balayant au passage Juan Carlos Ferrero, alors tenant du titre à Roland-Garros (6-1, 6-2).
Les deux joueurs se sont déjà affrontés deux fois en 2005, à chaque fois sur dur. Andy Roddick est sorti vainqueur de justesse de leur première rencontre, à Indian Wells (6-3, 3-6, 7-6) ; ils se sont ensuite retrouvés au tournoi suivant, à Miami, avec une issue différente : Roddick avait abandonné en raison d’une blessure au poignet alors qu’il était mené 7-6, 4-3.
Le lieu : Le Foro Italico de Rome
Les Internationaux d’Italie ont lieu à Rome depuis 1935, au Foro Italico, un complexe sportive immense destiné initialement à soutenir la candidature de l’Italie pour accueillir les Jeux Olympiques de 1940. Classé dans la catégorie des Masters 1000, il est aujourd’hui encore l’un des tournois sur terre battue les plus prestigieux. Presque tous les plus grands joueurs de l’histoire du tennis ont foulé les courts du Stadio del Tennis.
Andy Roddick y a atteint les demi-finales en 2002, avant de perdre au deuxième tour en 2003, puis au premier tour en 2004. Verdasco, quant à lui, n’a encore jamais pris part au grand tableau du tournoi de Rome.
L’histoire : Roddick a ressuscité Verdasco et il l’a payé
Nous sommes le 5 mai 2005. En huitièmes de finale des Internationaux d’Italie, opposé à Fernando Verdasco, Andy Roddick mène 7-5, 5-3. Verdasco est maintenant dans une situation désespérée. Il est mené 0-40, avec trois balles de match contre lui, et vient de rater son premier service. L’Espagnol décide de prendre des risques sur sa deuxième balle. Elle est annoncée dehors : c’est une double-faute. Jeu, set, et match Roddick…
Les deux joueurs s’avancent vers le filet, comme pour se serrer la main. Mais « A-Rod » va en fait inspecter la trace. Bien que l’arbitre ne semble pas décidé à descendre vérifier, Roddick est formel : le deuxième service de Verdasco est bon. La balle a accroché la ligne. L’Américain efface alors la trace et se remet en position de retour, sous les applaudissements du public.
Verdasco, qui revient de nulle part, écarte deux balles de match de plus pour revenir à 40 partout. Roddick se procure une quatrième opportunité de conclure, que l’Espagnol sauve d’un revers gagnant. Le gaucher enchaîne avec un coup droit gagnant et un incroyable passing de revers : jeu Verdasco. La partie continue !
Dans le jeu suivant, Roddick est visiblement déconcentré par la tournure des événements. Sur balle de break, il monte au filet et commet une erreur de jugement terrible en laissant passer une défense flottante qu’il pouvait pourtant prendre. Elle retombe devant la ligne. 5-5.
Survolté par ce scénario incroyable, Verdasco joue dans la zone, distribuant des coups gagnants dans tous les sens jusqu’à s’imposer finalement 6-7, 7-6, 6-4 à l’issue d’un match qu’il aurait perdu sans le fair-play de Roddick.
La postérité du moment : Verdasco explosera
Selon Eurosport.com, lors de la conférence de presse d’après-match, Andy Roddick n’aura pas l’air particulièrement dépité par la tournure prise par les évènements. Il n’estimera pas non plus avoir fait preuve d’un fair-play incroyable :
“Peut-être que j’aurais dû laisser l’annonce telle quelle”, plaisantera-t-il auprès des journalistes. “Je ne pense pas avoir fait quelque chose d’extraordinaire, l’arbitre serait descendu voir la marque et aurait fait le même constat. Je lui ai juste évité le trajet.”
Verdasco perdra au tour suivant contre Guillermo Coria (3-6 ,6-3, 6-3). Par la suite, il entrera dans le Top 10 en 2009, l’année où il disputera une demi-finale historique à l’Open d’Australie contre Rafael Nadal.
Andy Roddick, en difficulté sur cette surface, ne remportera jamais de grand titre sur terre battue européenne, et ne dépassera jamais le troisième tour à Roland-Garros. Il disputera en revanche trois finales à Wimbledon, où il sera à chaque fois battu par Roger Federer. L’Américain prendra sa retraite en 2012.