4 mars 2006 : Le jour où Nadal a mis fin à la série de 56 victoires de Federer sur dur
Le 4 mars 2006, en finale de l’Open de Dubaï, Rafael Nadal, domine Roger Federer (2-6, 6-4, 6-4), mettant ainsi fin à la série de 56 victoires du Suisse sur dur.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : Nadal envoie un avertissement à Federer
Ce jour-là, le 4 mars 2006, en finale de l’Open de Dubaï, Rafael Nadal, qui ne dispute que son deuxième tournoi après qu’une blessure l’a tenu à l’écart du circuit, domine Roger Federer (2-6, 6-4, 6-4), mettant ainsi fin à la série de 56 victoires du Suisse sur dur.
C’est également la troisième fois en quatre rencontres que l’Espagnol vient à bout du Maestro, et un nouvel avertissement : il peut se montrer capable de rivaliser sur surface rapide.
Les personnages : Roger Federer et Rafael Nadal
- Rafael Nadal, le dauphin
En mars 2006, Rafael Nadal n’a que dix-neuf ans, mais le voir en finale du tournoi de Dubaï n’étonne plus personne. Dès le mois de mars 2004, alors 31e mondial, il se hisse en finale de Miami, où il pousse le n°1 mondial Roger Federer à disputer cinq sets – s’inclinant à l’arrivée 2-6, 6-7, 7-6, 6-3, 6-1.
Plus tard en avril, il remporte son premier Masters 1000, à Monte-Carlo, en battant le dernier finaliste de Roland-Garros, Guillermo Coria (6-3, 6-1, 0-6, 7-6). Il demeure ensuite invaincu sur terre battue, et ces résultats incroyables font de lui le favori à l’occasion de sa première participation à Roland-Garros. Cette nouvelle pression ne perturbe pas Rafael Nadal, qui remporte le tournoi dès son coup d’essai, écartant au passage Roger Federer en demi-finale (6-3, 4-6, 6-4, 6-3) puis Mariano Puerta en finale (6-7, 6-3, 6-1, 7-5).
Il monte au 3e rang mondial, mais, avec son jeu basé sur un lift incroyable et une défense de fer, il n’obtient pas de résultats probants sur gazon, et après Wimbledon, il reste en Europe pour disputer et gagner deux tournois sur ocre, à Bastad et Stuttgart.
Au mois d’août, Nadal remporte son premier tournoi sur dur. En finale du Masters 1000 de Montréal, il domine Andre Agassi, 35 ans et toujours 7e mondial, à l’issue d’un véritable choc des générations (6-3 4-6 6-2). C’est un moment marquant pour Nadal, qui prouve à la planète tennis qu’il est capable de triompher sur d’autres surfaces que la terre battue. Après une défaite décevante contre James Blake au troisième tour de l’US Open (6-4, 4-6, 6-3, 6-1), il remporte le Masters 1000 de Madrid (aux dépens d’Ivan Ljubicic, 3-6, 2-6, 6-3, 6-4, 7-6). Une blessure au pied, assez grave pour menacer la poursuite de sa carrière, le contraint à mettre un terme à sa saison, et il ne fait son retour sur le circuit qu’à Marseille, en février 2006.
- Roger Federer, le boss
Roger Federer est alors le patron incontesté du tennis mondial, comme celui-ci n’en a pas vu depuis Pete Sampras.
Il est né en 1981. Après avoir été champion du monde juniors en 1998, Federer obtient vite des résultats chez les pros : lors de ces cinq premiers tournois, il atteint les quarts de finale à trois reprises, à Toulouse, Marseille et Rotterdam. Son tennis fantastique fascine le monde du tennis et on l’imagine rapidement dans la peau du futur numéro 1. Le Suisse, très émotif lors de ses premières années sur le circuit, finit par maîtriser ses nerfs en 2003, lorsqu’il remporte son premier titre du Grand Chelem à Wimbledon (aux dépens de Mark Philippoussis, 7-6, 6-2, 7-6).
Quelques mois plus tard, après son succès à l’Open d’Australie (où il bat en finale Marat Safin, 7-6, 6-4, 6-3), il devient premier mondial, le 2 février 2004, et il occupe cette place sans interruption depuis. Depuis 2003, il a remporté sept titres du Grand Chelem : l’Open d’Australie (2004, 2006), Wimbledon (2003, 2004, 2005) et l’US Open (2004, 2005). Depuis son accession à la première place mondiale, il a remporté 23 tournois, dont 7 Masters 1000, et il a également ajouté deux Masters à son palmarès, en 2003 et 2004.
Le lieu : Dubaï
Le tournoi de Dubaï a été créé en 1993. Disputé chaque hiver sur des courts en dur, il est rapidement devenu un événement prestigieux, remporté par quelques grands joueurs des années 90 comme Goran Ivanisevic (1996) et Thomas Muster (1997). Roger Federer a remporté le titre trois fois d’affilée (2003-2005).
L’histoire : comment Nadal a renversé le patron Federer
Lorsque Roger Federer et Rafael Nadal s’affrontent en finale de l’Open de Dubaï 2006, ils sont chacun dans un état d’esprit différent. Le Suisse a récemment ajouté une 7e couronne majeure à son palmarès et, avec une série de 56 victoires sur dur, il est aussi dominateur qu’il est possible de l’être. Pendant ce temps, son jeune adversaire ne dispute que son deuxième tournoi en 2006, revenant d’une blessure au pied qui a mis sa carrière en danger.
Bien que Nadal ait battu Federer à Roland-Garros en 2005, et bien que l’Espagnol ait remporté leur premier match sur dur, en 2004, à Miami, avant de pousser le n°1 mondial à un combat en cinq sets en 2005, au même tournoi de Miami, l’avis général est toujours que le Suisse demeure bien plus fort sur surface rapide.
Cette croyance se confirme au cours du premier set, lorsqu’un Federer aérien déploie un tennis très offensif, laissant Nadal désemparé, et prend les devants, 6-2. Cependant, il n’est pas dans la nature de l’Espagnol de renoncer, quel que soit le talent de son adversaire.
Je me suis dit qu’il fallait juste tenir mon service, essayer d’être agressif sur son service et, avec un peu de chance, réussir un break
Rafael Nadal
“Il jouait trop bien au premier set – très agressif – je ne pouvais rien faire”, expliquera Nadal plus tard, selon des paroles relayées par The New York Times. “Au deuxième, je me suis dit qu’il fallait juste tenir mon service, essayer d’être agressif sur son service et, avec un peu de chance, réussir un break. J’ai aussi mis plus de lift en coup droit. Une fois que j’ai gagné le deuxième jeu après avoir été mené 0-30, ma confiance a également augmenté”.
En effet, le gaucher remporte le deuxième set, 6-4, et se détache 2-0 dans le set décisif. Federer recolle, mais l’Espagnol finit par l’emporter (2-6, 6-4, 6-4). Après la balle de match, Nadal s’allonge sur le court et se laisse submerger par l’émotion. Assis sur le côté avant la remise des prix, il pleure même à chaudes larmes.
“Je pense que c’est incroyable de gagner contre le meilleur joueur du monde – peut-être le meilleur de l’histoire”, déclare Nadal, “c’était aussi spécial parce que j’ai été à l’écart pendant plus de trois mois. J’ai pleuré parce que j’étais heureux”.
“Je pense que Nadal méritait de gagner parce qu’il s’est montré tellement régulier”, explique Federer. “J’ai très bien commencé, mais je me suis un peu éparpillé vers la fin. Mais je suis très heureux de mon jeu en ce moment. Et j’espère que je prendrai bientôt ma revanche sur lui”.
La postérité du moment : Federer aura sa revanche à Wimbledon
Roger Federer devra attendre Wimbledon pour prendre sa revanche sur Nadal. Pendant la saison sur terre battue, l’Espagnol battra le Suisse en finale de Monte-Carlo, Rome et Roland-Garros (1-6, 6-1, 6-4, 7-6). Au All England Club, Nadal surprendra la plupart des experts en atteignant la finale, mais, dans son propre jardin, Federer le surclassera (6-0, 7-6, 6-7, 6-3). Dans les années à venir, Nadal sera la bête noire de Federer, qu’il battra lors de trois autres finales de Roland-Garros (2007, 2009, 2011), et même lors de la célèbre finale de Wimbledon en 2008.