30 octobre 1994 : Le jour où Boris Becker a battu les trois meilleurs joueurs du monde à Stockholm
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 30 octobre 1994, Boris Becker remporte le tournoi de Stockholm après avoir battu les trois meilleurs joueurs mondiaux à la suite.
Ce qu’il s’est passé ce jour-là : Becker écrit l’histoire à Stockholm
Ce jour-là, le 30 octobre 1994, Boris Becker remporte le tournoi de Stockholm après avoir battu les trois meilleurs joueurs mondiaux à la suite : Michael Stich, 3e mondial, en quarts de finale (7-6, 6-3), Pete Sampras, numéro un mondial, en demi-finale (6-4, 6-4), et enfin Goran Ivanisevic, numéro deux mondial, en finale ((4-6, 6-4, 6-3, 7-6). Cet exploit sans précédent permet à Becker de rappeler au monde entier qu’il est toujours capable de jouer les premiers rôles, malgré sa récente défaite au premier tour de l’US Open.
Les acteurs : Boris Becker et Goran Ivanisevic
- Boris Becker, un champion dans le dur
Boris Becker est né en 1967. En 1985, à 17 ans, l’Allemand devient le plus jeune vainqueur de l’histoire de Wimbledon, en battant Kevin Curren en finale (6-3, 6-7, 7-6, 6-4). Au total, il remporte pas moins de trois titres au All England Club, qui est aussi le théâtre de sa célèbre rivalité avec le Suédois Stefan Edberg. A trois reprises, les deux hommes y croisent le fer en finale, Becker ne l’emportant qu’une fois, en 1989 (6-0 7-6 6-4), bien qu’il mène pourtant largement sur l’ensemble de leurs affrontements. Son service surpuissant lui vaut le surnom de « Boum Boum ». Il est connu pour ses spectaculaires plongeons à la volée. C’est un joueur très expressif qui est capable parfois de « péter les plombs ». Sa grande époque a lieu entre 1989 et 1991 : pendant cette période, il accumule trois titres du Grand Chelem et atteint la place de numéro 1 mondial le 28 janvier 1991, suite à son triomphe face à Ivan Lendl en finale à Melbourne (1-6, 6-4, 6-4, 6-4). Becker traverse ensuite une période plus difficile et, en 1993, il sort même du top 10 pour la première fois en huit ans. En 1994, il parvient en demi-finales de Wimbledon (battu par Goran Ivanisevic, 6-2, 7-6, 6-4), mais à l’US Open, malgré une bonne tournée estivale au cours de laquelle il avait gagné deux tournois (à Los Angeles et New Haven), il s’incline au premier tour face à Richey Reneberg (6-1, 6-4, 4-6, 1-6, 7-6).
- Goran Ivanisevic, le deuxième meilleur joueur du monde
Goran Ivanisevic, né en 1971, explose réellement au plus haut niveau en 1990, à l’âge de dix-neuf ans. Cette année-là, il se révèle au grand public en atteignant les quarts de finale à Roland-Garros après avoir battu le 3e mondial Boris Becker au premier tour, juste avant de parvenir en demi-finale à Wimbledon où il est éliminé par le même Becker (4-6, 7-6, 6-0, 7-6). En 1991, sa saison est perturbée par l’actualité : son pays, la Yougoslavie, est ravagée par la guerre civile et il lui est difficile de se concentrer sur le tennis. En 1992, il revient au sommet. Auteur de 206 aces au cours du tournoi, il est vaincu par Andre Agassi, en cinq sets,en finale de Wimbledon (6-7 6-4 6-4 1-6 6-4). Au cours des cinq années suivantes, Goran Ivanisevic s’installe dans le top 10, remportant 14 tournois et atteignant au moins les quarts de finale de tous les tournois du Grand Chelem. En 1994, après une deuxième défaite en finale de Wimbledon (cette fois contre Pete Sampras, 7-6, 7-6, 6-0), il obtient son meilleur classement, 2e mondial. Gaucher, son jeu offensif s’appuie principalement sur un service très précis : en 1993 il est même hué par le public en raison du trop grand nombre d’aces qu’il assène à son adversaire. Goran Ivanisevic est aussi célèbre pour ses “pétages de plombs” et par sa tendance à casser plus de raquettes que la plupart des joueurs.
Le lieu : Stockholm Globe Arena
L’Open de Stockholm existe depuis 1969. Originellement disputé à la Kungliga Tennishallen, le tournoi déménage à la Stockholm Globe Arena en 1989. Disputé chaque année sur dur intérieur, c’est un événement prestigieux, qui compte à son palmarès de véritables légendes du tennis comme Arthur Ashe (1971, 1974), John McEnroe (1978, 1979, 1984, 1985), Bjorn Borg (1980), Ivan Lendl (1989) ou encore Stefan Edberg (1986, 1987). Boris Becker, lui, s’y est déjà imposé à trois reprises, en 1988, 1990 et 1991.
L’histoire : Un triplé historique pour Becker
Après une saison 1993 décevante, Boris Becker essaie de revenir au plus haut niveau en 1994. Il a bien atteint les demi-finales à Wimbledon et remporté deux tournois durant l’été, lors de la tournée américaine sur dur, mais il a subi une défaite cuisante face à Richey Reneberg, 48e mondial, au premier tour de l’US Open.
A Stockholm, Becker commence par prendre sa revanche sur Reneberg, 7-6, 6-1. Après avoir éliminé Andrei Chesnokov au deuxième tour (6-4, 6-3), il affronte son compatriote et rival Michael Stich, 3e mondial, en quarts de finale. Les deux hommes se détestent notoirement, et “Boum Boum” a cette fois la satisfaction de prendre le dessus, 7-6, 6-3. En demi-finale, son adversaire n’est autre que le n°1 mondial Pete Sampras, qui a battu Becker lors de leurs quatre dernières rencontres. Cependant, cette fois, l’Allemand s’impose en deux sets, 6-4, 6-4, s’adjugeant ainsi le droit de retrouver en finale le n°2 mondial, Goran Ivanisevic.
Personne n’a encore jamais réussi à battre les trois meilleurs mondiaux dans le même tournoi. Becker a déjà affronté le Croate à 10 reprises, mais, il a beau mener 6-4 au tête-à-tête, il a perdu leur dernier duel en date, à Wimbledon (6-2, 7-6, 6-4). Le gaucher de Split est particulièrement dangereux en salle, en raison de son terrible service, mais c’est aussi le cas de Becker.
A l’issue d’une bataille de serveurs-volleyeurs, et malgré la perte du set, l’Allemand prend finalement le dessus. Il se montre impérial au filet, mais aussi plus régulier que son adversaire au retour de service. Becker remporte la finale en quatre sets (4-6, 6-4, 6-3, 7-6) et devient le premier joueur de l’Ère Open à battre les trois premiers mondiaux à la suite dans le même tournoi.
La postérité du moment : Un exploit resté unique pendant 13 ans
Les deux joueurs se retrouveront quelques semaines plus tard lors des matches de poule du Masters, et Becker s’imposera à nouveau (6-3, 3-6, 7-6).
Becker atteindra la finale à Wimbledon 1995, battu par Pete Sampras, et il remportera ensuite son sixième et dernier titre du Grand Chelem à l’Open d’Australie 1996, aux dépens de Michael Chang (6-2, 6-4, 2-6, 6-4). Il déclinera alors jusqu’à sa retraite, en 1999.
Son exploit consistant à éliminer d’affilée les trois meilleurs joueurs au monde restera unique jusqu’en 2007. Il sera alors reproduit par Novak Djokovic (qui battra Andy Roddick, Rafael Nadal et Roger Federer pour s’imposer à Montréal), bientôt imité lui-même par David Nalbandian (qui battra Djokovic, Nadal et Federer pour remporter le tournoi de Madrid, la même année).
Ivanisevic perdra une troisième fois en finale de Wimbledon, en 1998, contre Pete Sampras (6-7 7-6 6-4 3-6 6-2). Cette défaite le détruira et il déclinera brusquement, jusqu’à ce qu’en 2001, invité dans le tableau de Wimbledon en tant que 121e joueur mondial, il ne finisse par réaliser son rêve en dominant Patrick Rafter en finale au All England Club (6-3 3-6 6-3 2-6 9-7). Souffrant d’une blessure récurrente à l’épaule, le Croate se fera ensuite plus rare sur le circuit et prendra sa retraite en 2004, totalisant alors 22 titres sur l’ensemble de sa carrière.