20 octobre 2006 : Le jour où Berdych a battu Nadal et provoqué le public madrilène
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 20 octobre 2006, Tomas Berdych domine Rafael Nadal en quarts de finale du Masters 1000 de Madrid. Une fois le match remporté, le Tchèque provoque le public madrilène par un doigt sur la bouche comme pour réclamer le silence.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : Berdych considéré comme un bad boy
Ce jour-là, le 20 octobre 2006, Tomas Berdych domine Rafael Nadal sur ses propres terres (même si le court est en dur), en quart de finale du Masters 1000 de Madrid (6-3, 7-6). Agacé par le public qui soutient bruyamment l’idole locale, le Tchèque, une fois la balle de match gagnée, se tourne vers le public avec le doigt sur la bouche comme pour réclamer le silence. Grâce à cette victoire, Berdych, qui traînera ensuite une réputation de bad boy, prend l’avantage 3-1 dans ses confrontations avec l’Espagnol.
Les acteurs : Rafael Nadal et Tomas Berdych
- Rafael Nadal, déjà un Roland-Garros en poche
Rafael Nadal est numéro 2 mondial depuis juillet 2005, peu après son premier succès à Roland-Garros, à l’âge de 19 ans. Sur terre battue, il est le meilleur joueur du monde, ayant remporté pas moins de 12 titres sur cette surface, dont deux à Roland-Garros, où il bat Mariano Puerta lors de la finale 2005 (6-7, 6-3, 6-1, 7-5), puis Roger Federer lors de la finale 2006 (1-6, 6-1, 6-4, 7-6). Il devient le cauchemar de Federer, le stoppant deux fois à Roland-Garros (2005, 2006), et le battant à quatre reprises en 2006, année au cours de laquelle un seul autre joueur, Jo-Wilfried Tsonga, parvient à battre le Suisse. Son coup droit lifté de gaucher met ses adversaires au supplice, et sa défense est impénétrable. Nadal est intouchable sur terre battue, mais il progresse aussi sur les autres surfaces. Il remporte deux Masters 1000 sur dur en 2005 (Toronto et Madrid), et il commence même à obtenir des résultats là où on l’attendait le moins : sur gazon. Il atteint même la finale de Wimbledon en 2006, où Federer prend sa revanche (6-0, 7-6, 6-7, 6-3). Malgré tout, il reste vulnérable sur dur : défait par le 54e mondial Mikhail Youzhny en quarts de finale de l’US Open (6-3, 5-7, 7-6, 6-1), il est ensuite éliminé au deuxième tour du tournoi de Stockholm par le grand serveur suédois Joachim Johansson (6-4, 7-6).
- Tomas Berdych, vainqueur de Roger Federer aux JO d’Athènes
Tomas Berdych est né en 1985. Le Tchèque, âgé de 18 ans, fait ses premiers pas sur le circuit principal. Il fait ses débuts en Grand Chelem en intégrant le tableau de l’US Open 2003 en tant que lucky loser, et atteint le deuxième tour (battu par Juan Ignacio Chela, 2-6 6-1 6-4 6-3). En février 2004, il s’extrait des qualifications à l’Open d’Australie et passe à nouveau un tour, avant de se faire punir par Andre Agassi (6-0 6-2 6-4). Quelques mois plus tard, il se fait connaître du grand public en éliminant le numéro 1 mondial, Roger Federer, au deuxième tour des Jeux Olympiques d’Athènes. (4-6, 7-5, 7-5), et au mois de septembre, il remporte son premier tournoi à Palerme aux dépens de Filippo Volandri (6-3, 6-3). Un an plus tard, il réalise sa première grande perf en Masters 1000 en remportant le tournoi de Paris-Bercy, en battant Ivan Ljubicic en finale (6-3, 6-4, 3-6, 4-6, 6-4). Il termine la saison à la 25e place mondiale. En octobre 2006, après avoir disputé les huitièmes de finale à Roland-Garros, Wimbledon et l’US Open, il est 11e au classement ATP.
Le lieu : Madrid
Le Masters 1000 de Madrid est créé en 2002, en remplacement du tournoi de Stuttgart. Il se joue sur dur intérieur à la Madrid Arena, une salle inaugurée en 2002 qui peut accueillir 12 000 spectateurs. Au palmarès du tournoi, Andre Agassi (2002), Juan Carlos Ferrero (2003), Marat Safin (2004) et Rafael Nadal (2005).
L’histoire : Les multiples provocations de Berdych ont agacé le Majorquin
Rafael Nadal, 2e mondial, star locale du tournoi de Madrid, en est également le tenant du titre. En 2005, le nouveau roi de la terre battue, qui avait déjà gagné à Toronto, avait une nouvelle fois montré l’efficacité de son jeu plutôt défensif sur surface rapide, remontant un handicap de deux sets à zéro en finale face à Ivan Ljubicic (3-6, 2-6, 6-3, 6-4, 7-6).
En quarts de finale, le favori du public affronte Tomas Berdych. 11e mondial, le Tchèque a déjà montré qu’il pouvait évoluer à un très haut niveau : il a notamment battu le numéro 1 mondial, Roger Federer, aux Jeux Olympiques de 2004, et il a gagné le Masters 1000 de Bercy en 2005. De plus, bien qu’il ait perdu son premier duel face à Nadal, à Bastad, en 2004 (2-6, 6-2, 6-4), Berdych a battu l’Espagnol deux fois d’affilée, à Cincinnati en 2005 (6-7, 6-2, 7-6) et à Montréal en 2006 (6-1, 3-6, 6-2).
Ce jour-là, le 20 octobre 2006, Berdych joue un tennis de haut vol dès le début du match, et il empoche la première manche, 6-3. Au deuxième set, le Tchèque se montre clairement agacé par l’attitude du public, qui applaudit aussi bien les points gagnants de Nadal que les fautes de Berdych. Il reste cependant concentré sur son tennis très agressif, mettant l’Espagnol sous pression constante. Poussé au tie-break, Berdych se procure une première balle de match en partant du bon côté sur un penalty. Il célèbre ce point en imitant la manière de s’encourager très démonstrative de Nadal, avant de conclure sur un dernier service gagnant. Avant d’aller serrer la main de son adversaire, Berdych se tourne vers le public, un doigt devant la bouche, comme pour lui intimer l’ordre de se taire.
« Tu es une mauvaise personne », lui dit Nadal lors de leur poignée de mains.
« Je comprends qu’ils veulent le voir gagner le match et le tournoi, mais ce n’est pas la Coupe Davis, où vous pouvez vous attendre à ça. », déclare Berdych, d’après ESPN. « C’est le genre de jeu que j’aime bien, il défend loin derrière sa ligne et se contente de remettre, du coup j’ai le choix entre avancer vers le filet où jouer du fond. »
La postérité du moment : 18 défaites d’affilée pour Berdych face à Nadal
Berdych sera vaincu au tour suivant par Fernando Gonzalez, 6-3, 6-1.
Bien qu’il ait affirmé aimer se sentir à l’aise contre Nadal, il ne parviendra pas à le battre à nouveau avant l’Open d’Australie 2015, perdant 18 matches d’affilée face à l’Espagnol dont une finale de Wimbledon, en 2010 (6-3, 7-5, 6-4).
Nadal, qui gagnera par la suite les quatre tournois du Grand Chelem, sera toujours plus vulnérable sur dur intérieur. Le Masters 1000 de Madrid en 2005 restera d’ailleurs le seul grand titre de sa grande carrière sur cette surface.