Miami a 40 ans : les quatre grandes dates de l’histoire du tournoi
Le Miami Open, même s’il ne s’est précisément pas disputé à Miami lors de ses deux premières éditions, fête ses 40 ans cette année. L’occasion de revenir sur quatre dates fondatrices de l’histoire du tournoi.
A la base, c’était un coup de force de l’ATP et de la WTA pour créer une épreuve « maousse » qui serait un peu le pendant des tournois du Grand Chelem. Les choses ne se sont pas tout à fait passées comme prévu, mais le tournoi de Miami, initialement appelé le « Lipton International Championships » dont les deux premières éditions ne se sont en réalité… pas déroulées à Miami, a su rapidement s’imposer comme l’un des tournois préférés des joueurs.
Mer, cocotiers, iguanes et averses tropicales constituent les images le plus souvent associées à une épreuve qui a connu des moments très forts, comme l’accident de Thomas Muster, percuté par un chauffard ivre sur le parking du stade en 1989, le premier Federer-Nadal de l’histoire en 2004 ou encore l’inauguration du Hawk Eye en 2006. Voici les quatre dates fondatrices de l’évolution du tournoi.
1985 : la premiere edition
En réalité, cette première édition n’a pas lieu à Miami mais un peu plus au Nord sur la côte floridienne, au Laver’s Resort de Delray Beach, où est créé cette année-là le Lipton International Championships, sous la direction de Butch Buchholz et la pression de l’ATP qui veut son tournoi « Premium » (tiens, tiens…) à la hauteur des Grands Chelems.
L’épreuve se déroule sur 13 jours (du 4 au 17 février 1985), réunit 128 joueurs, se joue au meilleur des cinq sets à partir des quarts de finale, le tout sur une surface en Laykold qui est toujours celle en vigueur aujourd’hui. Mais elle souffre de l’absence des deux meilleurs joueurs mondiaux, John McEnroe et Jimmy Connors, ainsi que d’une certaine méforme de la plupart des meilleurs, comme Ivan Lendl battu dès les huitièmes par le jeune Stefan Edberg. Aucun top 10 ne figure en demie et c’est l’Américain Tim Mayotte qui rafle la mise en battant en finale son compatriote Scott Davis après avoir été mené deux sets à rien.
Le « Lipton » a aussi la particularité d’être mixte et chez les filles en revanche, la hiérarchie est beaucoup plus respectée avec une victoire finale de Martina Navratilova face à son éternelle rivale Chris Evert.
Le tournoi, bien que globalement apprécié, souffre aussi de conditions terriblement venteuses et d’installations venteuses qui le conduiront à déménager dès la deuxième édition, jouée en 1986 à Boca Raton.
1987 : l’arrivée à Key BiscayNE et le carton de graf
Après deux premières éditions passées à se chercher un peu, l’auto-proclamé « tournoi des joueurs et des joueuses » s’installe cette année-là sur l’île de Key Bisayne, au large de Miami, où il forgera véritablement sa légende. Les organisateurs jettent leur dévolu sur une terre exotique en bord de mer, peuplée de mangroves qui vont être entièrement rasés pour laisser place à un complexe de 14 courts dont un central de 11 200 places, parsemé de palmiers et de cocotiers encore à l’état de jeunes pousses pour cette première édition, où les installations sont encore très temporaires.
Mais il règne, déjà, une ambiance paradisiaque durant le tournoi, malgré un orage tropical qui en perturbe encore le déroulé. Côté court, si Miloslav Mecir créée la surprise en dominant Ivan Lendl chez les hommes (dans un format entièrement disputée en cinq sets, cette fois), on parle surtout de la jeune Steffi Graf, 17 ans, qui fait passer un vent de révolution sur le tennis féminin en écrasant tout sur son passage, dont les numéro 1 et 2 mondiales, Martina Navratilova et Chris Evert, balayées elle aussi par la tempête allemande.
Un exploit dont on a reparlé très récemment avec le sacre à Indian Wells de Mirra Andreeva, devenue comme elle l’une des rares joueuses (Serena Williams l’avait fait entre-temps à l’US Open 1999) à battre les n°1 et 2 mondiales dans un même tournoi avant d’avoir fêté ses 18 ans.
L’épreuve a toujours lieu en février. C’est l’année suivante, en 1988, quelle passera au mois de mars.
1994 : Un central flambant neuf et la classe d’Agassi
Pour sa dixième édition, le tournoi, désormais pérennisé au mois de mars, a fait sa place et trouvé son identité. Il se dispute dans un tableau de 96 joueurs et dans un format en deux sets gagnants, comme c’est toujours le cas aujourd’hui (même si la finale repassera en trois sets gagnants entre 1997 et 2007). Surtout, le site rebaptisé Crandon Park inaugure cette année-là un nouveau central ultra-moderne de 14 000 places qui le fait passer dans une nouvelle dimension.
Plus belle que jamais, l’enceinte est un véritable paradis tropical peuplés de cocotiers et de palmiers qui cachent la partie bétonnée, elle-même toute de verte vêtue pour se fondre dans la végétation. Tout est fait pour respecter la volonté des descendants de la famille Matheson, qui avait fait don du parc à la région en 1940 à la condition que le panorama soit respecté.
Comme un symbole de la stabilité retrouvée, le tournoi, perturbé un an plus tôt par « la tempête du siècle », se déroule cette fois dans des conditions météos clémentes. Il est marqué par le geste de grande classe d’Andre Agassi, qui accepte de repousser d’une heure le coup d’envoi de la finale face à Pete Sampras parce que celui-ci souffre de problèmes gastriques. « Dédé » n’en sera pas récompensé puisqu’il s’inclinera contre son grand rival, tandis que sa future épouse Steffi Graf s’impose pour la troisième fois chez les filles aux dépens de Natascha Zvereva.
2019 : Le demenagement au Hard Rock Stadium
A Crandon Park, le Miami Open a façonné son histoire et trouvé son style, associé aux palmiers, à la mer et à une chaude ambiance latino-américaine. Seulement voilà : le tournoi désormais dirigé par James Blake s’estime à l’étroit dans une enceinte certes sublime, mais dont les propriétaires refusent toute possibilité d’extension. Or, dans une période pré-Covid marquée par la course au gigantisme, il commence à souffrir de la comparaison avec son homologue d’Indian Wells, qui s’étend depuis des années de manière illimité dans un décor tout aussi splendide, bien que dans un tout autre genre.
Alors, après 32 ans à Key Biscayne, les organisateurs prennent la décision radicale de déménager et de s’installer sur le parking du Hard Rock Stadium, base de l’équipe de NFL des Miami Dolphins, dont les sœurs Williams sont actionnaires. Le propriétaire des lieux, Stephen Ross, a réalisé des travaux de grande ampleur (550 millions de dollars) qui permettent d’installer un gigantesque complexe de 30 courts dont un nouveau central de 14 000 places. Le tout pour une capacité totale de 65 000 places.
Le tournoi, remporté cette année-là par Roger Federer – son dernier Masters 1 000 – et Ashleigh Barty a gagné sur le plan économique ce qu’il a aussi, pour certains, perdu en âme. Mais laissons-lui le temps, aussi, de bâtir une nouvelle histoire.