Plus si petite que ça : Mirra Andreeva, jeu en évolution

Révélée en se basant sur ses qualités tactiques et de contre, Mirra Andreeva a gagné en puissance depuis la saison dernière.

Mirra Andreeva, Indian Wells 2025 Mirra Andreeva, Indian Wells 2025 (Zuma / PsnewZ)
BNP Paribas Open •Demi-finales • live
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S’il n’avait pas été si précoce et forcé de se mesurer à des rivaux lui rendant plusieurs années et centimètres, Rafael Nadal n’aurait peut-être jamais opté pour le lasso afin de les capturer. Un geste presque iconoclaste pour les puristes, dont fait partie l’homme qui l’a formé.

« Je n’aime pas le coup droit lasso de Rafael, j’ai toujours préféré le style classique », a déclaré Toni Nadal lors d’une conférence à l’université de Vigo en mars 2019. « Il a commencé à jouer de cette façon jeune, pour gêner les adversaires qui étaient plus grands que lui (en pouvant mettre plus de lift avec ce geste). Il a gagné des titres, et c’est pour ça que nous avons continué à utiliser ce coup. Mais je ne l’ai jamais prôné, je n’ai pas cherché à le créer. Si je pouvais choisir, je préférerais le voir frapper comme Federer. »

A l’instar du monument espagnol, Mirra Andreeva a créé son style en réponse à des opposantes plus puissantes qu’elle durant sa jeunesse. « J’étais vraiment très petite, l’une des filles les plus petites comparée à celles de mon âge », a expliqué, en conférence de presse à Indian Wells après sa victoire contre Elina Svitolina en quart de finale, celle qui a poussé au point d’atteindre désormais le mètre 75. « J’ai donc dû trouver une façon de gagner sans pouvoir taper fort, mais en courant, en étant solide en défense et en contrant. C’est comme ça que je joue depuis que je suis petite. »

Tactique, variations, défense, et désormais plus de puissance

Sur la terre battue de Madrid en 2023, Andreeva, fêtant ses 16 ans au cours du tournoi, s’était révélée aux yeux du monde en atteignant les huitièmes de finale. Frêle en comparaison de ses rivales adultes, elle s’était illustrée avec un tennis rare à l’époque d’une puissance régnant en maîtresse incontestée. Dotée de gambettes capables de mouliner jusqu’à produire autant d’énergie qu’un champ d’éolienne, elle avait aussi fait étalage d’une science tactique épastrouillante pour son âge.

Variant hauteur et effets, n’hésitant pas à utiliser « ronds » et amorties en plus de ses contres en coup droit comme en revers, elle avait emberlificoté Leylah Fernandez, Beatriz Haddad Maia et Magda linette – soit les numéros 49, 14, et 19 du classement WTA – avant d’être stoppée par Aryna Sabalenka. Elle était 194e mondiale cette semaine-là. Moins de deux ans plus tard, la voila assurée d’être au minimum 8e à l’issue du WTA 1000 d’Indian Wells.

Gagnante de celui de Dubaï avant de débarquer en Californie, la native de Krasnoïarsk a aligné dix victoires de suite, série en cours. Avec au passage deux succès contre Elena Rybakina, et un contre Iga Świątek avec qui elle a pris un nouveau rendez-vous en demi-finale à Indian Wells dans la nuit de vendredi à samedi, heure française. En ayant fait étalage de ses progrès.

Mirra (Andreeva) a envoyé des premières à quelque chose comme 190 km/h

Depuis la deuxième moitié de la saison 2024, s’étoffant physiquement, elle a gagné en puissance. Elle s’est montrée capable d’envoyer des caramels bien salés du fond de court, et sa première balle s’est peu à peu affirmée comme l’un des plus redoutées. Au classement – établi avant Indian Wells – des aces claqués en 2025, elle a pris la septième place avec 77 unités en 19 matchs. Soit 4,05 en moyenne par rencontre. Sur l’ensemble de la saison passée, elle a tourné à 2,68 services impossibles à toucher par duel (134 aces en 60 matchs).

« Au Moyen-Orient (à Doha et Dubaï), j’ai mal servi, les balles étaient super lourdes, mais ce n’est pas une excuse parce que Mirra (Andreeva) a envoyé des premières à quelque chose comme 190 km/h (vitesse déjà atteinte à l’Open d’Australie) », a déclaré Świątek devant les journalistes en Californie, jeudi. « Elle a a vraiment un bon service, surtout pour quelqu’un d’aussi jeune », avait quant à elle analysé Jessica Pegula avant le début de la compétition.

Au passage, Pegula a souligné d’autres qualités de la benjamine des frangines Andreeva : « La façon dont elle (Mirra Andreeva) sent le jeu sur le court, son esprit de compétition… Elle est déjà très fortes dans beaucoup domaines qui ne s’enseignent pas, et elle va devenir encore meilleure. » Notamment grâce à l’apport de sa coach : Conchita Martínez, gagnante de Wimbledon 1994 et ancienne 2e de la hiérarchie planétaire.

L’apport de Conchita Martínez

« Conchita m’aide à développer mon jeu pour pas être tout le temps défensive », a confié Andreeva. « On a travaillé pour que je sois plus agressive, que je lâche mes coups quand j’en ai l’occasion. Je pense que ça fonctionne plutôt bien, je suis super contente qu’on puisse voir les résultats de ces petits changements ». Une évolution qui était nécessaire dans le but de poursuivre son ascension. Contre les femmes les plus puissantes installées dans le Top 10, défendre ne suffisait pas. Un mur n’a jamais retenu un tank.

Avant cette année, elle avait par exemple perdu son seul affrontement avec Rybakina. Désormais, elle a pris l’avantage, deux victoires à une, dans leurs confrontations. Contre Sabalenka, elle s’est imposée une fois – sur terre battue à Roland-Garros – pour quatre défaites. Dont deux leçons reçues sur dur cette année : 6-3, 6-2 à Brisbane, 6-1, 6-2 à l’Open d’Australie. Une nouvelle joute avec la Biélorusse sur cette surface pourrait lui servir de véritable examen afin de mesurer ses progrès.

Un test qui pourrait avoir lieu en finale à Indian Wells, à condition que Sabalenka réussisse à prendre sa « revanche » contre Madison Keys, et qu’Andreeva parvienne de nouveau à vaincre Świątek. En s’appuyant sur sa science tactique et ses qualités défensives désormais couplées à une capacité à partir à l’assaut.

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