Open d’Australie : Keys, les clés du paradis !

A bientôt 30 ans, Madison Keys a décroché son premier titre du Grand Chelem ce samedi à l’Open d’Australie en détrônant la reine des lieux, Aryna Sabalenka (6-3, 2-6, 7-5), à l’issue d’un troisième set haletant.

Madison Keys Open d'Australie 2025 trophée © Ng Han Guan/AP/SIPA

Alors que le tennis féminin n’avait d’yeux, sur cet Open d’Australie, que pour un sacré duel annoncé entre Aryna Sabalenka et Iga Swiatek, une troisième larronne a finalement surgi là où on ne l’attendait pas, ou plus, pour coiffer au poteau les deux meilleures joueuses du monde et s’inviter à la fête. Et quelle fête ! A bientôt 30 ans (elle les aura le 17 février), Madison Keys a décroché son premier titre en Grand Chelem en détrônant la numéro 1 mondiale et double tenante du titre, Aryna Sabalenka, au terme d’une finale d’abord décousue puis haletante, qu’elle a parachevée d’un coup droit gagnant pour l’éternité (6-3, 2-6, 7-5 en 2h02), ce samedi.

Un authentique exploit qui permet aussi à l’Américaine de :

  • Devenir la première joueuse à battre les n°1 et 2 mondiales pour gagner Grand Chelem depuis Svetlana Kuztensova à Roland-Garros 2009, et la première en Australie depuis Serena Williams en 2005.
  • Devenir la quatrième « primo » gagnante en Grand Chelem la plus âgée dans l’ère Open, après Flavia Pennetta (33 ans et 199 jours, US Open 2015), Ann Jones (30 ans et 261 jours, Wimbledon 1969) et  Francesca Schiavone (29 ans et 347 jours, Roland-Garros 2010).
  • Egaler son meilleur classement mondial (7ème).
  • Parachever un début de saison 2025 quasi-parfait avec un 12ème succès consécutif, dans la foulée de son titre à Adelaïde, après une défaite inaugurale en quart de finale à Auckland face à Clara Tauson.

« J’ai attendu ce moment pendant si longtemps, j’avais déjà fait une finale en Grand Chelem il y a de nombreuses années (défaite face à Sloane Stephens à l’US Open 2017, Ndlr) et je ne savais pas si je me retrouverai un jour à nouveau en position d’en gagner un », a déclaré Madison Keys, émue aux larmes comme elle l’avait annoncé avant même de débuter son discours protocolaire. « Mais mon équipe, et notamment mon mari (l’ancien joueur américain Björn Fratangelo, qui est aussi son entraîneur, Ndlr) ont continué de croire en moi quand moi-même je n’y croyais plus. Je les remercie énormément. L’année dernière a été difficile, avec beaucoup de blessures. Mais cette fois, on y est. »

Elle y est, oui, et la délivrance est d’autant plus belle que la route de Madison a été particulièrement semée d’embûches, avec un total de cinq matches en trois sets dont le tout dernier face à la « boss final » du tennis féminin, et particulièrement de l’Open d’Australie. Toutes les étoiles semblaient alignées pour que Sabalenka, double tenante du titre, devienne la première joueuse à signer un triplé à Melbourne depuis Martina Hingis au siècle dernier, 27 ans jour pour jour après que la Suissesse a signé le premier de ses trois glorieuses, le 25 janvier 1997, face à Mary Pierce. La Biélorusse n’était même pas née…

Quand la n°1 mondiale, surmontant une entame de match assez catastrophique (seulement 43% de points marqués derrière sa première balle, entre autres), a trouvé la force mentale et les solutions tactiques pour revenir à un set partout, on ne donnait d’ailleurs plus très cher des chances de Keys, qui semblait en outre renvoyer des petits signes de fléchissement physique. La « machine » Sabalenka allait forcément se mettre en route et tout emporter sur son passage.

Un « money time » fatal à sabalenka, qui finit par rompre sous les coups et la pression

Mais c’est là où l’Américaine a été très forte, s’appuyant sur son expérience et ses trop nombreuses déceptions du passé pour maîtriser ses nerfs autrefois réputés fragiles. Et faire, enfin, fléchir le cours du destin. Après deux premières manches à vrai dire assez décevantes, la finale a alors débuté sous un jour nouveau avec un troisième set haletant, lors duquel les deux joueuses, un peu le miroir l’une de l’autre avec d’ailleurs des statistiques très similaires sur l’ensemble de la partie (29 coups gagnants chacune, par exemple), ont tenu leur service à 5-5 sans avoir à concéder la moindre balle de break.

Si Sabalenka a fini par craquer la première, c’est peut-être parce qu’elle aura eu le désavantage de servir en deuxième, et donc de courir après le score tout au long de ce troisième set. Mais c’est aussi et surtout parce que Keys, opportuniste, a su lui mettre la pression au bon moment en retrouvant à point nommé toute l’efficacité de son retour de service, qui avait mis au supplice son adversaire dans la première manche.

Menée 15-40, la n°1 mondiale est parvenue à sauver la première balle de match d’un service gagnant. Mais sur la deuxième, après un long échange, un coup droit gagnant de Madison Keys l’a donc envoyée au paradis. Une belle balle de match qui dit aussi beaucoup de choses : ce sera sa victoire, et non la défaite de Sabalenka qui, malgré son entame très difficile, ne s’est pas non plus écroulée dans les mêmes proportions que lors de sa précédente défaite en finale de Grand Chelem, à l’US Open 2023, contre Coco Gauff.

Mais même si cette défaite ne remet pas en question son statut de n°1 mondiale, elle constitue tout de même un coup d’arrêt pour Aryna Sabalenka, furieuse et en larmes dans les coursives de la Rod Laver Arena après le match. Et vient rappeler aussi qu’en tennis, les choses vont vite et ne sont jamais figées. Avec le temps, on avait un peu oublié Madison Keys. Là voilà resurgi presque de nulle part pour rappeler qu’il allait aussi falloir sérieusement compter avec elle dans la lutte qui fait rage, de plus en plus, au sommet du tennis féminin.

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