Le plus jeune depuis Nadal en 2005 : Tien en huitièmes de finale de l’Open d’Australie
L’Américain de 19 ans s’est imposé 7-6¹⁰, 6-3, 6-3 contre Corentin Moutet, samedi, au troisième tour du Majeur australien.
Learner Tien, vainqueur de son troisième tour à lOpen d’Australie en 2025 (Zuma / Psnewz)
« Je ne pense pas pouvoir commencer à me comparer à lui, mais c’est très cool ! » « Lui », c’est un autre gaucher. Le plus illustre de l’histoire du tennis : Rafael Nadal. Vainqueur 7-6¹⁰, 6-3, 6-3 contre Corentin Moutet samedi, Learner Tien, 19 ans, est devenu le plus jeune joueur à atteindre les huitièmes de finale de l’Open d’Australie depuis un Nadal âgé de 18 printemps lors de l’édition 2005.
« C’est une sensation géniale », a déclaré l’Américain, grand sourire, allant d’une oreille à l’autre, illuminant son visage juvénile lors de l’interview sur le court. « J’ai dépassé mes attentes. Évidemment, on commence chaque match en voulant le gagner, mais être en deuxième semaine… C’est incroyable. »
Pour disputer son cinquième tournoi sur le circuit principal, le 112e mondial assuré d’intégrer le top 100 est passé par les qualifications. Et auparavant, invité trois fois à l’US Open, il n’avait pas connu la victoire en Grand Chelem. Sur le dur extérieur de Melbourne, il s’est révélé aux yeux du monde en mettant des étoiles dans les siens.
Après une victoire en cinq manches face à Ugo Carabelli pour son entrée en lice, le Californien s’est offert le 5e joueur mondial et ancien numéro 1, Daniil Medvedev : 6-3, 7-6⁴, 6-7⁸, 1-6, 7-6⁷ en 4h48. Lui qui, avant cela, n’avait vaincu qu’un seul membre du top 50 – Fabian Marozsan, 49e à Winston Salem en août – ; sans compter le Masters Next Gen disputé dans un format particulier de trois sets gagnants en quatre jeux, où il s’était incliné en finale contre João Fonseca.
Mâitre de la tactique…
Face à Moutet, le protégé d’Eric Diaz et Jay Leavitt a passé le cap suivant : confirmer. Son gabarit modeste – 1,80 m – par rapport à la moyenne actuelle du tennis de haut niveau ne lui conférant pas une puissance phénoménale, il a une nouvelle fois fait montre d’une justesse tactique brillante.
Après être venu à bout du maître-stratège Medvedev, Tien a écœuré un autre adversaire habile dans ce domaine. Métronome, il ne s’est pas laissé dérégler par les variations et la créativité du Français. Régulier, sachant choisir le coup, l’effet, l’angle adéquats, et construire ses points pour accélérer aux bons moments, il a globalement maîtrisé les débats.
Doté de jambes capable de mouliner jusqu’à produire autant d’énergie qu’un champ d’éoliennes, il a aussi, et encore, épaté par sa solidité défensive et sa qualité de passing. Et, mentalement, il n’a rien montré. Imperturbable, visage impassible face à un Moutet qui s’est fait une spécialité de rendre fou ses opposants – et parfois lui-même –, Tien est resté aussi illisible qu’une bûche.
…et de ses émotions
Ayant servi en vain, à 6-5, pour la première manche et ayant été mené 4-1 dans le tie-break, il est resté placide pour combler son retard puis virer en tête sur sa cinquième balle de set, après en avoir écarté une. De quoi prendre l’ascendant et empocher le deuxième acte, avant que ce duel de gauchers prenne une tournure étrange.
Dès le premier point du troisième round, Tien a vu Moutet, qui venait de quitter le court pour un temps mort médical, s’écrouler au sol après son service. Face à un rival du jour se touchant la jambe droite, jouant désormais en marchant, le futur vainqueur a fait le break. Mais, alors que le Tricolore s’est remis à cavaler à partir de 7-6¹⁰, 6-3, 1-0, 40-40, le jeune Étasunien, toujours stoïque, a dû écarter une balle de débreak, puis quatre de plus à 7-6¹⁰, 6-3, 4-3.
« Je lui (Corentin Moutet) souhaite le meilleure, et une récupération rapide », s’est-il exprimé devant le public, après une poignée de main pleine de respect entre les deux hommes. « Je ne sais pas trop ce qui lui est arrivé, mais je ne voulais pas que le match se termine comme ça (avec un abandon). Mais il m’a dit qu’il avait continuer à essayer (de jouer) pour moi (afin que le match aille à son terme). »
Learner Tien a désormais rendez-vous avec Lorenzo Sonego, vainqueur contre Fábián Marozsán, pour une place en quarts de finale. Un stade de la compétition que Rafael Nadal version 2005 n’était pas parvenu à atteindre, la faute au numéro 3 mondial de l’époque et futur finaliste battu par Marat Safin : Lleyton Hewitt.
Les autres rencontres du troisième tour à l’Open d’Australie (Grand Chelem, Melbourne Park, dur, 60.627.573 USD, les résultats s’affichent du plus récent au plus ancien) :
- Miomir Kecmanovic – Holger Rune : programmé samedi
- Jannik Sinner – Marcos Giron : programmé samedi
- Ben Shelton – Lorenzo Musetti : programmé samedi
- Lorenzo Sonego – Fabian Marozsan : programmé samedi
- Gael Monfils – Taylor Fritz (N.4) : 3-6, 7-5, 7-6 [1], 6-4
- Alex De Minaur (N.8) – Francisco Cerundolo (N.31) : 5-7, 7-6 [3], 6-3, 6-3
- Alex Michelsen – Karen Khachanov (N.19) : 6-3, 7-6 [5], 6-2
- Jack Draper (N.15) – Aleksandar Vukic : 6-4, 2-6, 5-7, 7-6 [5], 7-6 [8]
- Jiri Lehecka (N.24) – Benjamin Bonzi : 6-2, 6-3, 6-3
- Novak Djokovic (N.7) – Tomas Machac (N.26) : 6-1, 6-4, 6-4
- Ugo Humbert (N.14) – Arthur Fils (N.20) : Humbert qualifié (4-6, 7-5, 6-4, 1-0 ab.)
- Alejandro Davidovich Fokina – Jakub Mensik : 3-6, 4-6, 7-6 [7], 6-4, 6-2
- Alexander Zverev (N.2) – Jacob Fearnley : 6-3, 6-4, 6-4
- Carlos Alcaraz (N.3) – Nuno Borges : 6-2, 6-4, 6-7 [3], 6-2
- Tommy Paul (N.12) – Roberto Carballes Baena : 7-6, 6-2, 6-0
