Comme Zverev, Medvedev veut se “reconstruire” pour défier Sinner et Alcaraz
Battu pour la énième fois par Jannik Sinner jeudi soir au Masters, Daniil Medvedev ambitionne de se reconstruire pour retrouver les sommets. Une démarche similaire à celle entreprise par Alexander Zverev.
Jannik Sinner et Carlos Alcaraz. Les deux gamins fripons et désormais dominateurs du tennis mondial, sur lequel ils ont fait main basse en 2024 en remportant à eux deux les quatre tournois du Grands Chelems, sont en train de devenir l’obsession de leurs rivaux sur le circuit. Et même un vrai cauchemar pour Daniil Medvedev, clairement le “top joueur” le plus durement martyrisé par le tandem italo-espagnol, lui qui a perdu huit de ses neuf derniers matches face Sinner – le dernier jeudi soir au Masters de Turin, dont il est désormais éliminé -, et les quatre derniers face à Alcaraz, contre lequel il a toujours perdu en 2024.
Si Medvedev boucle ainsi cette saison 2024 sans avoir remporté le moindre titre, une première pour lui depuis 2018, il ne faut pas aller chercher bien loin les responsables. Il a perdu ses deux finales cette année, à l’Open d’Australie et à Indian Wells, face à respectivement Jannik Sinner et Carlos Alcaraz. Lesquels étaient là, également, pour l’arrêter à chaque fois ou presque qu’il est allé loin dans un tableau, à l’image encore de ses demi-finales à Miami, Pékin (Sinner) et Wimbledon (Alcaraz), ou de ses quart de finale à l’US Open et Shanghai (Sinner). Un cauchemar, on vous dit…
“Si l’on fait le bilan de mes objectifs de début de saison et ceux que j’ai atteints, je me mets une note de 0 sur 10”, a honnêtement répondu le Russe alors qu’on lui demandait jeudi soir, après son élimination turinoise, de noter sa saison désormais terminée. “Malgré tout, à moins que Taylor Fritz ne crée la surprise au Masters (il faudrait que l’Américain atteigne la finale, NDLR), je vais finir numéro 4 mondial, ce qui est quand même incroyable. J’en suis très fier parce que j’ai l’impression d’avoir galéré toute l’année. Chaque entraînement, chaque match a été dur. Avant, j’avais l’impression d’avoir de la marge contre certains adversaires. Là, c’était tout le temps des matches serrés.”
Une “galère” peut-être en partie imputable aux balles, dont le protégé de Gilles Cervara a fustigé la qualité décroissante mardi, emboîtant ainsi le pas à Alexander Zverev qui avait ouvert le sujet la veille. Il est d’ailleurs un autre point sur lequel Medvedev a emboîté le pas de son rival de la “vieille” Next Gen : celui de jouer cette fin de saison avec l’esprit déjà tourné vers la prochaine, qu’il souhaite placer sous le signe de la reconquête des sommets.
S’il n’en est pas, comme l’Allemand, à faire suivre chacun de ses matches par du “rab” d’entraînement, Daniil a néanmoins confié, après avoir battu Alex de Minaur mardi, avoir procédé à un changement dans son matériel – vraisemblablement lié au cordage – entre ses deux premiers matches du Masters. Une ineptie dans un monde réglé comme du papier à musique, où les joueurs font des heures et des heures de test avant de valider le moindre micro-changement dans leur équipement. Sauf que le vainqueur de l’US Open 2021 a justement pris ce Masters – et ça s’est vu par moments… – comme un “simple” galop d’entraînement, une forme de lever de rideau à sa pré-saison 2025.
Je me rends bien compte que ce que je fais n’est pas suffisant, spécialement contre des joueurs comme Jannik et Carlos.
“J’ai l’esprit totalement tourné vers la prochaine saison et j’ai hâte d’y être”, a-t-il ainsi confirmé. “Je ne vais pas faire de changement dans mon équipe mais, à coup sûr, je vais changer ma préparation. J’ai vraiment besoin de construire quelque chose d’un peu nouveau. Je me rends bien compte que ce que je fais n’est pas suffisant, spécialement contre des joueurs comme Jannik et Carlos. Je ne sais pas si je vais parvenir à devenir meilleur, mais je vais essayer. C’est ce sur quoi je vais beaucoup travailler durant la pré-saison : construire une meilleure version de moi-même, ce qui n’est pas facile à 28 ans.”
Se réinventer pour mieux survivre : telle est la dure loi des grands champions de ce sport. Et l’on a hâte de découvrir ce que Daniil Medvedev proposera sur le plan tactique lors d’une saison 2025 qui sera sans doute, pour lui, le carrefour de sa carrière.