Nouveau duel phénoménal, et troisième victoire de suite pour Alcaraz contre Sinner

Carlos Alcaraz a remporté l’ATP 500 de Pékin mercredi, en venant à bout de Jannik Sinner après un match monumental : 6-7⁶, 6-4, 7-6³.

Carlos Alcaraz et Jannik Sinner, Pékin 2024 Carlos Alcaraz et Jannik Sinner, Pékin 2024 (Achmad Ibrahim / AP / Sipa)

Peu importe la taille de la scène, tant que les acteurs sont grandioses. Certes, le tournoi Pékin n’est “qu’un” ATP 500, mais Carlos Alcaraz et Jannik Sinner en ont fait un Colisée en finale, en se livrant à une empoignade d’une intensité à faire sauter une centrale électrique. Après une pièce en trois actes de 3h21 offrant rebondissements, suspense et myriade de points dignes d’un jeu vidéo du futur, l’Espagnol en est sorti vainqueur 6-7⁶, 6-4, 7-6³ pour soulever son 16e trophée en simple sur le circuit principal. En 21 finales. À 21 ans.

En s’imposant une troisième fois de suite face à son rival, pour mener désormais 6-4 dans leur face-à-face (7-4 en comptant leur duel en Challenger), Alcaraz est devenu le premier joueur sacré en ATP 500 sur trois surfaces différentes. Une performance toutefois un tantinet plus compliquée à réaliser avant 2015, puisqu’il n’existait pas encore de “500” sur gazon. Le Queen’s et Halle étant auparavant des 250.

J’ai continué à être agressif, positif malgré la perte du premier set.

Carlos Alcaraz

“J’ai vraiment passé un bon moment, c’était un super match”, a déclaré le champion lors de l’interview sur le court. “Je suis très heureux. J’ai continué à être agressif, positif malgré la perte du premier set, et ça a fini par payer.” Une mentalité qui n’a pas dû être si aisée à conserver, tant la manche initiale aurait pu lui mettre un coup assommant sur la caboche, à en perdre tous ses esprits.

“Dans l’ensemble, si vous regardez les statistiques, il a été bien meilleur dans tous les domaines”, a déclaré, pour CBS en 2023, Novak Djokovic au sujet de sa fameuse finale de Wimbledon 2019 contre Roger Federer. “Mais j’ai gagné le match. Ça montre qu’on peut toujours gagner en sachant montrer son meilleur niveau dans les moments les plus importants.” Une analyse résumant ce qu’a vécu Alcaraz dans le round inaugural : il a dû se sentir dans la peau de Federer.

Alcaraz un ton au-dessus à l’échange, Sinner plus solide dans les moments importants

Après avoir mené 5-3, puis avoir eu une balle de set à 5-4 sur le service adverse, le Transpyrénéen en a eu deux de plus à 6-4 dans le jeu décisif. En vain. Il a fini par s’incliner en perdant les quatre derniers échanges, malgré le fait d’en avoir glané davantage que le Transalpin au total dans ce set : 45 contre 44. D’ailleurs, autre aspect qui aurait pu être commun avec le Djokovic – Federer de 2019, le natif d’El Palmar aurait pu perdre l’empoignade avec plus de points au compteur : à 6-5 contre lui dans le dernier, il en comptait 121 et son opposant 116. Mais non.

Le surnommé “Carlitos” a poussé ce parallèle à prendre la tangente. En restant solide nerveusement, lui qui a parfois montré des signes de frustrations devant les occasions manquées par le passé, face à un numéro 1 mondial au faciès aussi illisible qu’une bûche et maître des émotions au point de donner l’impression d’être aussi résistant à la pression qu’un calmar géant. Malgré les opportunités manquées, les fautes de coup droits et des volées “faciles” vendangées au moment de conclure des jeux à rallonge, Alcaraz n’a pas flanché. En affichant même plusieurs sourires plein de plaisir, comme pour narguer la tension.

Deux joueurs résolus à attaquer dès le retour

Chacun résolu à prendre le jeu à son compte pour être le moins souvent possible frappé par la foudre dont est animé le bras adverse, les deux hommes se sont évertués à s’agresser dès le retour de deuxième service. Le but étant le même qu’à la marelle : avancer le plus possible pour finir par atteindre le (septième) ciel. Et à ce petit jeu, alors que Sinner a passé 58 % de premières balles et Alcaraz 60 %, ce dernier a fini par avoir le dernier mot. Sur le fil.

Au bord du gouffre à 6-7⁶, 3-4 en sauvant deux balles de break lors d’un jeu sans fin d’une tension insoutenable allant huit fois à égalité, le protégé de Juan Carlos Ferrero a fait un pas en avant. Un pas si grand, après deux aces consécutifs – sur six au total -, qu’il a enjambé le fossé pour remporter six des sept jeux suivants et faire passer le score à 6-7⁶, 6-4, 3-1 en sa faveur. Bien que débreaké, à 4-3, il a prouvé qu’il était bien le meilleur dans cette rencontre, en allant chercher le tie-break alors que tous les indicateurs étaient contre lui.

Alcaraz, mené 3-0 double mini-break par un Sinner qui avait remporté 17 de ses 18 derniers tie-breaks disputés

Devant un Sinner qui avait remporté 17 de ses 18 derniers jeux décisifs disputés, Alcaraz s’est retrouvé mené 3-0, double mini-break, en s’inclinant notamment devant une amortie, domaine dans lequel l’idole des “Carota Boys” a considérablement progressé ces deux deux dernières années. Les carottes étaient cuites pour Alcaraz, pouvait-on alors penser. Que nenni. Il tenait encore le bâton pour continuer à lâcher les chevaux et aligner sept points consécutifs en produisant un tennis phénoménal(caraz).

“Oui, je connaissais la statistique (de Jannik Sinner dans les tie-break)”, a-t-il répondu une fois le succès en poche. “Je savais qu’il remportait presque tous les tie-breaks. Je n’ai pas perdu espoir (à 0-3 dans le jeu décisif), mais je me suis dit : OK, je dois donner tout ce que j’ai si je veux avoir une chance.’ J’ai joué de super points pour remonter. Après, j’ai juste pensé que je devais lâcher mes coups. Si j’avais perdu, au moins, j’aurais tenté ma chance.”

Mot forts d’Alcaraz pour un sinner en plein tumulte

“Tu fais, avec ton équipe et ta famille, du super boulot”, a quant à lui déclaré Sinner lors de la remise des trophées, au cours de laquelle il avait soulevé le plus beau un an plus tôt en s’offrant Daniil Medvedev pur la première fois de sa carrière. “J’espère que nous pourrons encore nous affronter quelque fois dans le future, ce dont je suis assez certain que ça arrivera. C’est toujours un grand plaisir de partager le court avec toit. Merci beaucoup.”

“Je t’ai vu travaillé, très dur”, lui a répondu Alcaraz. “Tu es très humble, ça rend tes succès encore plus grand. Tu joues du grand tennis, mais plus important encore, tes proches et toi êtes de très bonnes personnes. Je te respecte beaucoup en tant que joueur, mais encore plus en tant que personne.”

Je te respecte beaucoup en tant que joueur, mais encore plis en tant que personne.

Carlos Alcaraz à Jannik Sinner

Des paroles du vainqueur de Wimbledon et Roland-Garros 2014 qui ont certainement réchauffé le cœur de celui qui a pris le titre d’empereur du dur s’emparant de l’Open d’Australie et de l’US Open. Ce dernier étant dans l’attente du jugement de l’appel déposé par l’Agence mondiale antidopage, requérant “un à deux ans de suspension” à son encontre, devant le Tribunal arbitrale du sport.

Une décision qui prendra plusieurs mois, et qui pourrait nous priver de potentiels épisodes attendus de cette nouvelle série blockbuster du tennis qu’est la rivalité entre Carlos Alcaraz et Jannik Sinner.

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