Sinner-Alcaraz, un peu plus qu’une finale…

Jannik Sinner et Carlos Alcaraz, les deux meilleurs joueurs du monde, vont s’affronter pour la dixième fois, mercredi en finale à Pékin. Une affiche alléchante qui pourrait, en filigrane, trancher la question de savoir qui est le patron actuel du circuit.

Jannik Sinner et Carlos Alcaraz Miami 2023 Jannik Sinner et Carlos Alcaraz Miami 2023 / Al Reuters, Panoramic

Qui est le meilleur joueur de l’année 2024 ? Même si Jannik Sinner possède une avance confortable au classement sur Carlos Alcaraz, qui va certes reprendre à Alexander Zverev son statut de dauphin au bénéfice de son parcours pékinois, mais qui n’a que très peu de chances de détrôner l’Italien d’ici la fin de l’année, la question est loin d’être “vite répondue”. Et c’est justement l’un des enjeux connexes du blockbuster qui nous attend en finale du tournoi 500 de Pékin, ce mercredi (pas avant 11h en France), finale qui s’annonce comme l’un des gros temps forts de ce début de saison automnal.

Les deux rivaux ont fait main basse sur le circuit cette année en se partageant les quatre tournois du Grand Chelem, le premier et le dernier (Open d’Australie et US Open) pour Sinner, les deux du milieu (Roland-Garros et Wimbledon) pour Alcaraz, ce qui en dit d’ailleurs assez long sur les frontières de leur pré carré désormais clairement établies en matière de surface : l’Italien, adoubé roi du dur, aura l’avantage dans ce domaine vis-à-vis de l’Espagnol, qu’il avait d’ailleurs battu en demi-finales du même tournoi l’an dernier, lançant ainsi un superbe sprint de fin de saison qui l’avait propulsé vers les hauteurs suprêmes.

Mais l’un dans l’autre, Sinner doit avant tout sa place de numéro 1 mondial à sa plus grande régularité, lui qui a déjà décroché cinq titres en 2024 (sans jamais perdre avant le stade des quarts de finale, en douze tournois disputés), contre “seulement” trois pour Alcaraz. Sans doute parce que l’Espagnol, fidèle à sa réputation de chien fou, s’est un peu plus éparpillé dans sa programmation, succombant notamment aux sirènes patriotiques des Jeux Olympiques et de la Coupe Davis, ainsi qu’au chèque de la Laver Cup, sans jamais compter l’énergie qu’il met sur le court à chacune de ses apparitions.

En ce qui concerne leur niveau “absolu” et, plus encore, l’aura qui est la leur au niveau du tennis mondial, la suprématie du Transalpin est beaucoup moins avérée. Alcaraz mène 5-4 sur l’ensemble de leurs face-à-face et a remporté les deux matches qui les ont opposés en 2024, en demi-finale d’Indian Wells et en demi-finale de Roland-Garros. A chaque fois, dans un contexte particulier : c’est en Californie que Sinner – même s’il ne le savait pas encore – avait été contrôlé positif au Clostébol, une affaire qui l’a rattrapé cette semaine avec l’appel fait par l’Agence mondiale Antidopage suite à son blanchiment en première instance ; à Paris, il était un peu court physiquement après avoir été touché à la hanche dans les semaines précédent le tournoi.

“On se connaît parfaitement bien, mais tous nos matches sont différents.

Jannik Sinner

A Pékin, les compteurs sont remis à zéro et les deux hommes semblent cette fois dans des conditions optimales. A vrai dire, surtout Sinner qui arrive sur une série de 15 victoires d’affilée, lui qui n’a plus connu la défaite depuis début août et un quart de finale perdu à Montréal face à Andrey Rublev ; c’est un peu plus rock’n’roll pour Alcaraz, qui a connu un vrai creux post-olympique à la fin de l’été mais qui, après une affreuse défaite au deuxième tour de l’US Open face à Botic Van de Zandschulp, semble s’être refait la cerise par la grâce des compétitions par équipes, en Coupe Davis puis en Laver Cup. A Pékin, où il n’a toujours pas perdu un set, on l’a retrouvé tel qu’en lui-même : brillant, bouillant et foudroyant.

Si la surface et le timing semblent toutefois désigner Jannik Sinner (légèrement) favori, c’est peu dire que Carlos Alcaraz aura à cœur, au bénéfice de cette confrontation, de rasseoir son statut de patron du circuit, à défaut de le retrouver au classement. Curieusement, les deux joueurs ne se sont affrontés qu’une seule fois dans une finale et c’était il y a plus de deux ans, en juillet 2022, sur la terre battue d’Umag. Sinner s’était imposé en trois sets. C’était un autre temps, quelques semaines avant un quart de finale titanesque de l’US Open qui avait propulsé pour de bon la rivalité “Alcasinner” comme l’une des plus marquantes, d’ores et déjà, du tennis moderne.

“On se connaît parfaitement bien, mais tous nos matches sont différents, donc on verra bien”, a sobrement commenté le numéro 1 mondial après avoir scellé ces retrouvailles tant attendues, ce mardi, en dominant en demies la surprise du tournoi, le Chinois Yunchaokete Bu. “Ce sera encore un match difficile, très tactique. J’espère simplement que ce sera un bon match de notre part à tous les deux. En tout cas, j’ai hâte d’y être !”

Pour être honnête, nous aussi.

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