Arthur Fils : “Je ne sais pas comment j’ai fait”

Quelques minutes après avoir renversé Ugo Humbert au terme d’une finale de Tokyo épique en bien des points, Arthur Fils ne savait toujours pas comment il avait pu surpasser ses douleurs physiques pour signer (peut-être) le plus bel exploit de sa jeune carrière.

Arthur Fils Tokyo 2024 trophée © Imago / Panoramic

“C’est la marque des très grands, et je pèse mes mots…” Aux commentaires, sur Eurosport, de la finale 100% française ce mardi à Tokyo, Nicolas Mahut n’a pas tari d’éloge sur la manière dont Arthur Fils a fini par s’en sortir au terme d’un scénario rocambolesque face à Ugo Humbert, s’imposant en trois sets et plus de trois heures de jeu (5-7, 7-6(6), 6-3) après avoir sauvé une balle de match dans le jeu décisif de la deuxième manche. L’avenir dira si cet adoubement grandiloquent est à mettre ou non sous le coup d’une certaine “enflammade” liée à l’émotion du moment, mais force est de dire que le jeune Français de 20 ans a signé un succès à même de marquer les esprits. Et peut-être durablement.

“Honnêtement, je ne sais pas trop comment j’ai fait pour renverser le match”, a déclaré à chaud le Francilien, qui paraissait épuisé après la perte du premier set, stigmate d’une semaine herculéenne qui l’aura vu battre quatre joueurs du top 20 – dont un autre combat de plus de trois heures en quarts face à Ben Shelton – et souffrir de douleurs musculaires à la jambe gauche. “A 5-5 au premier set, je me sentais cuit sur le court. J’ai fini par perdre ce premier set en ratant beaucoup de balles de breaks. Mais j’ai continué à tout donner dans le deuxième car on sait qu’en tennis, tout peut se passer. Et ça a tourné…”

Alors qu’on le sentait plus proche de l’abandon que de la victoire dans ce début du deuxième set, Fils a au contraire réussi à se relâcher avec l’énergie du désespoir, se mettant à lâcher davantage ses coups pour raccourcir les échanges. Et plus c’était chaud, plus il les lâchait, à l’image de ces trois balles de break (consécutives) sauvées à 3-4 et surtout de cette balle de match sauvée à 6-5 (service adverse) dans le jeu décisif, d’un magnifique passing de revers. “Le meilleur revers de ma semaine !”, en rigolait Arthur. Le moins que l’on puisse dire est qu’il tombait à pic.

J’ai encore beaucoup de progrès à faire, mais c’est cool !”

Arthur Fils

“Plus globalement, je suis très heureux du tennis que j’ai réussi à produire ici”, a également commenté celui qui sera tout proche d’un retour dans le top 20 la semaine prochaine. “Je travaille énormément, j’essaie de construire mon jeu et cela porte ses fruits. J’ai encore beaucoup de progrès à faire mais c’est cool.”

Un discours qui tranche avec celui, beaucoup plus négatif, qu’il avait tenu à l’US Open, déplorant, après sa défaite au deuxième tour face au Canadien Gabriel Diallo, de n’être pas toujours suffisamment payé de ses efforts. Il faut croire qu’il y avait simplement un décalage dans la paye. Entre-temps, le (large) leader de la course au Masters de la Next Gen s’est refait la cerise lors d’une campagne de Coupe Davis pas forcément très bien payée elle non plus (deux défaites face à Thanasi Kokkinakis et Roberto Bautista Agut pour une victoire contre Jiri Lehecka), mais intéressante sur un plan tennistique.

“Depuis la Coupe Davis, j’ai senti qu’il avait réussi à passer un cap”, a déclaré pour sa part à l’Equipe Ugo Humbert, beaucoup plus heureux pour son compatriote que déçu de sa propre défaite. “Surtout dans son attitude. Je le trouve beaucoup plus humble sur le court, très positif tout le temps. Donc il ne te donne jamais rien. Il a super bien défendu. Là-dessus, il a progressé. Il ne le faisait pas avant. En coup droit, il arrive bien à la remettre, à la garder basse. Il le fait super bien. Il était assez loin (de sa ligne), il m’attendait pour tirer le passing. Il a bien joué.”

D’un adoubement à un autre, pas de doute : la carrière d’Arthur Fils, déjà deux fois vainqueur d’un ATP 500 à 20 ans – une performance que même la génération des Mousquetaires n’avait pas réalisée – s’est peut-être envolée pour de bon au Pays du Soleil Levant. Même s’il faut déjà enchaîner avec le Masters 1 000 de Shanghai, ce qui, dans son état physique, risque de ne pas être une sinécure.

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