Tsitsipás, vainqueur de Kokkinakis : “Ce match m’aide surtout psychologiquement”
Après un été très compliqué, Stéfanos Tsitsipás cherche à retrouver plus de stabilité sur le plan mental, et ce dès la Laver Cup.
Rafael Nadal sur terre battue, Roger Federer et Novak Djokovic sur dur. En 2019, l’année de ses 21 ans, Stéfanos Tsitsipás, chevelure blonde au vent, avait ébouriffé le monde du tennis en battant au moins une fois chaque membre du Big 3. Et pas sur les surfaces ou leur excellence est un tantinet moins magistrale, qui plus est.
Il avait même conclu la saison en s’envoyant un premier titre majeur : le Masters. Après avoir fait tomber Federer pour la deuxième, en demi-finale. En 2021, il disputait sa première finale de Grand Chelem – perdue contre Djokovic après avoir mené deux manches à zéro – avant d’atteindre son apogée au classement deux mois plus tard : numéro 3 mondial.
Une époque durant laquelle, peut-être plus insouciant, il se laissait porter par ses allants offensifs. Semblant vouloir sans cesse marcher sur l’adversaire en avançant à la frappe, pour l’asphyxier, le mettre sous une pression constante – certain s’aventurant alors à le comparer à Federer – et venir régulièrement terminer au filet. Peu à peu, il a perdu cette mentalité, en même temps que son envie dévorante de victoires.
“Je ne suis en rien le joueur que j’étais”, a-t-il déclaré après son élimination au premier tour de l’US Open 2024 face à Thanasi Kokkinakis. “Plus jeune, j’avais une telle intensité sur le court et l’impression que ma vie dépendait de chaque match. Tout s’est atténué et mon niveau de régularité a aussi décliné. Je me souviens que ma concentration était au sommet à l’époque mais aujourd’hui ce n’est plus le cas. J’ai besoin de retrouver cette faim que j’avais parce que ça donnait beaucoup de joie à mon tennis.”
Je ne suis en rien le joueur que j’étais.
Stéfanos Tsitsipás, après son élimination au premier tour de l’US Open
Quelques semaines plus tôt, battu par Kei Nishikori dès son entrée en lice à Montréal, il avait publiquement rabroué son père. Avant d’annoncer la fin de leur duo en tant que joueur et coach. Mettre son propre paternel à la porte n’a pas dû être chose aisée. Ce poids psychologique mêlé à la spirale de défaites à lourdement pesé sur sa fraîcheur mentale, au point qu’il en est arrivé à balancer sa raquette en double mixte associée à sa chère et tendre Paula Badosa à Flushing Meadows.
En amont du Majeur new-yorkais, le magazine L’Equipe avait sorti un reportage révélant une ambiance d’entraînement particulière et loin d’être optimale – euphémisme – pour le Grec. Ce à quoi la famille Tsitsipás a répondu, par la voix de son avocat, en décidant de prendre des “actions légales”.
Notamment en raison des “déclarations de Jérôme Bianchi, ancien physiothérapeute” du joueur. En juin, l’Athénien avait déjà dû essuyer les critiques sévères de Christos Fiotakis, son ancien préparateur physique.
Face à cette accumulation, l’actuel 12e du classement ATP a sans doute pris un bon coup sur la caboche. Et au moral. Résultat, outre gagner, il s’est fixé un autre objectif : retrouver de meilleures dispositions mentales. Ce dès la Laver Cup, où il a pris une revanche en s’imposant 6-1, 6-4 contre Kokkinakis vendredi après-midi.
Ce type de match m’aide surtout psychologiquement.
Stéfanos Tsitsipás, après sa victoire contre Thanasi Kokkinakis en Laver Cup
“L’évaluation de mon jeu aujourd’hui (vendredi) est positive”, a-t-il analysé en conférence de presse. “Je me suis senti en contrôle. J’ai été capable de très bon échanges, en lâchant de grosses frappes. Ce type de match m’aide surtout psychologiquement. Sur ce plan, je commençais déjà à me sentir un peu mieux, et c’est ce qui a contribué à ce succès.”
“J’avais fait beaucoup trop de fautes directes (contre Kokkinais à l’US Open), je ne relançais pas bien”, a-t-il ajouté. “C’était quelque chose que j’avais envie de résoudre, je ne voulais pas suivre le même chemin qu’à New York il y a quelques semaines.” Le tout en pouvant compter sur le soutien de la Team Europe présente sur son banc.
“Être sur le terrain et sentir l’énergie envoyée par mes coéquipiers (de la Team Europe) me permet de m’épanouir d’une manière différente de lorsque je suis seul. Ça me donne une détermination plus forte afin de tenir les rallyes aussi longtemps qu’il le faut. Je ne joue pas seulement pour moi, mais pour toute l’équipe en Laver Cup.”
Un surplus de motivation que Stéfanos Tsitsipás devra réussir à transposer une fois de retour sur le circuit pour se donner les moyens de pouvoir atteindre un jour son rêve de toujours répété cette saison : “Gagner un titre du Grand Chelem et devenir numéro 1 mondial.”