Marco Panichi : “Ce moment vécu dans les vestiaires après la finale de Cincinnati, c’était incroyable…”

Préparateur physique de Novak Djokovic pendant sept ans, Marco Panichi, qui travaille désormais avec Juncheng Shang, évoque pour Tennis Majors ses riches souvenirs passés aux côtés de l’homme aux 24 Grands Chelems.

Novak Djokovic et Marco Panichi Indian Wells 2024 préparateur physique échauffement © Antoine Couvercelle / Panoramic

Par une après-midi ensoleillée au Billie Jean King National Tennis Center, un visage familier se promène au fil des courts de l’US Open. Son entourage, lui, est moins familier. Après sept ans passés au sein du staff de Novak Djokovic, le préparateur physique italien Marco Panichi travaille désormais aux côtés du jeune prodige chinois de 19 ans Juncheng Shang, qui a passé le premier tour sur cet US Open en sortant Alexander Bublik.

Au cours de sa longue et fructueuse carrière, Panichi – un ancien double champion d’Italie de saut en longueur diplômé en “Sport Coaching and Sport Psychology” à la NSU Université, en Floride – a aidé de nombreux joueurs et joueuses tels Daniela Hantuchova, Fabio Fognini et Philipp Kohlschreiber. Mais son “client” le plus connu a donc été Novak Djokovic, dont il a été un membre de l’équipe à part entière à partir 2017 jusqu’à leur séparation en mai dernier.

Avec Tennis Majors, Panichi revient sur le degré de stress que l’on atteint lorsque l’on travaille avec Djokovic, mais se remémore aussi les superbes moments passé à ses côtés après la finale de Cincinnati face à Alcaraz, l’an dernier. Par-dessus tout, il il insiste sur le privilège qui a été le sien de pouvoir évoluer aux côtés du champion serbe pendant toutes ces années.

En regardant toutes ces années passées aux côtés de Novak, quelles sont les choses qui vous reviennent à l'esprit ?

Il y en a beaucoup ! En premier lieu, c’était une expérience incroyable, une tranche de vie extraordinaire. J’ai beaucoup appris chaque jour, sur la manière de devenir encore plus pro, encore plus investi dans tout ce que je dois faire. J’ai appris à être prêt à organiser un plan A, B et même C si nécessaire. Parce qu’il y a tellement de choses qui se passent avec un athlète comme Novak, en coulisses, qu’il faut toujours être prêt à changer ses plans à la dernière minute. Le plus beau cadeau que j’ai reçu de tout cela, finalement, c’est une belle relation avec une belle personne.

Chaque joueur est différent, mais y'a-t-il des choses que vous avez travaillé avec Novak et que vous pensez pouvoir mettre en œuvre avec d'autres joueurs ?

Comme vous dites, tous les joueurs ont des besoins différents et tous les joueurs ont un style de jeu différent. Mais la discipline et la concentration extrêmes que Novak porte à tout moment à l’exercice de son sport sont des choses qu’il faut absolument essayer de reproduire. Je raconterai bien sûr à tous mes joueurs la façon dont il était investi dans tout ce qu’il faisait, et je suis sûr que cela pourra être très utile, particulièrement aux jeunes joueurs.

Il faut gérer non seulement le joueur, mais aussi toute l’organisation qu’il y a autour de lui. Un joueur comme lui, c’est une véritable entreprise

Marco Panichi

Quel niveau de stress atteint-on quand on travaille avec Dokovic ?

Avec un joueur de sa stature, le stress est permanent. Il faut gérer non seulement le joueur, mais aussi toute l’organisation qu’il y a autour de lui. Un joueur comme lui, c’est une véritable entreprise. C’est la principale source de stress. Par ailleurs, un joueur de l’élite comme lui vous pousse sans cesse à en faire plus. Cela fait partie du jeu. Djokovic a coutume de dire que vous n’êtes pas seulement son préparateur physique, mais aussi un psychologue, d’une certaine manière.

Novak a d'ailleurs souligné les conversations que vous aviez au début de chaque gros bloc de préparation physique…

Je crois que cela fait aussi partie de mon travail. Il est indispensable de créer un lien avec son joueur. J’entends par là qu’il faut comprendre la manière dont il fonctionne, comprendre la meilleure manière de communiquer avec lui. Notre boulot, ce n’est pas seulement courir, sauter et tout cela. Il faut avant tout se rendre digne de confiance, ce qui est essentiel dans chaque relation.

Novak peut être très dur pendant les matches, comment avez-vous géré cela ?
Eh bien, on savait que cela n’a rien de personnel. Il a tout simplement besoin, par moments, de se mettre dans de tels états pour sortir le meilleur de lui-même. A partir du moment où l’on sait comment son esprit fonctionne, on sait quand lui dire quelque chose ou quand se taire.

Si vous pouviez sortir un seul match vécu à ses côtés…
Il y en a eu beaucoup, mais la finale remportée contre Alcaraz à Cincinnati, l’an dernier, a été vraiment incroyable. Le match était fabuleux, pas seulement d’un point de vue tennistique mais aussi mentale. La résilience démontrée par chacun des deux joueurs dans ce match a été absolument extraordinaire. Mais le plus merveilleux moment est survenu dans les vestiaires, juste après la finale.

après trois minutes, on s’est mis à rire tous ensemble, le clan d’Alcaraz et le nôtre.

Marco Panichi

Les mecs étaient détruits physiquement parce qu’en plus, il avait fait très chaud. Et puis, après trois minutes, on s’est mis à rire tous ensemble, le clan d’Alcaraz et le nôtre. On voulait tous profiter du moment que l’on venait de vivre, tout simplement. Bien sûr, Carlos était un peu triste au début, mais après quelque temps, il se portait comme si de rien n’était. C’était un très beau moment. Ils avaient été ennemis sur le court, mais après… Oui, c’était incroyable.

A côté de cela, quel a été votre moment le plus émouvant avec Novak ?

Il y a eu beaucoup de moments mémorables. Notamment lors des camps d’entraînement. C’était beau de partager tant de belles choses avec lui sur le court, mais aussi hors du court.

Et quelle a été la partie la plus difficile de votre collaboration ?

Ces moments où la pression augmente et où Novak devient comme une marmite bouillonnante. L’eau commence à se déverser, donc il faut soulever le couvercle (rires). Cela n’a pas toujours été rose, bien sûr. Mais encore une fois, c’était un grand privilège de travailler avec lui.

Enfin, quels sont vos plans d'avenir ?

Je suis avec Jerry désormais (Juncheng Shang, NDLR). C’est un jeune joueur en pleine ascension. Il est très bon. On verra bien ce que le futur nous emmène.

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