Sur le gazon, Humbert retrouve les plaisirs de son terrain de jeu favori
Après deux tours passés avec de bonnes sensations à Wimbledon, le numéro 1 français a effacé le souvenir d’une saison 2023 catastrophique sur sa surface préférée.
« Assieds toi, regarde et apprends. » Après avoir mené à Ugo Humbert à se décomplexer sur terre battue en 2023, Jérémy Chardy s’était vu professer cette injonction par son joueur, au début de la saison sur gazon. Un an plus tard, il y a prescription sur l’outrecuidance du vainqueur de Dubaï et Marseille. Les deux hommes avaient révélé cette anecdote pour mieux en rire lors du dernier dîner « All on the Table » filmé par UTS. Mais à l’évidence le comportement de Humbert à Wimbledon 2024 aide à prendre ce recul. Le Français, 16e mondial, a passé deux tours à Londres pour la troisième fois de sa carrière (2019, 2022) et vise, s’il bat Brandon Nakashima vendredi, son deuxième huitième de finale majeur en carrière.
« Je me sens bien dans mon jeu, a commenté Humbert après avoir battu Botic Van de Zandchulp (7-6, 6-3, 6-1). Mon bras partait bien. Je lui faisais mal quand je trouvais de la profondeur au fond. J’ai bien enchaîné vers l’avant. J’ai gardé mon cap, je trouve que j’ai été très stable. Quand je sers bien avec mon service de gaucher, mon revers, mon jeu vers l’avant, ce n’est pas facile de me jouer sur gazon. »
Avant d’arriver à Wimbledon, Humbert n’avait pas complètement fait le plein de confiance. Deux victoires, trois défaites : en trois tournois sur herbe à s’Hertogenbosch, au Queen’s et à Majorque, le gaucher courait encore après ses sensations égarées sur terre, avec seulement une victoire en quatre matches dans la foulée de son quart de finale à Monte-Carlo.
« J’ai essayé de changer mon état d’esprit en arrivant en Londres, décrit-il. J’ai fait quatre bonnes journées d’entraînement où, déjà j’ai réussi à me concentrer plus de 45 minutes, contrairement à mes matches précédents. Je suis forcé à travailler ça. Et j’ai retrouvé une capacité à jour mon tennis à fond. En me disant : ‘cette année je vais écouter Jérémy’.
Humbert : ” Je me prenais un peu trop le chou”
L’entraîneur de Humbert a su ramener Humbert vers un équilibre fertile entre l’insouciance qui permet la spontanéité, si souvent récompensée sur gazon, et conscience de ses propres forces, qui permet au gaucher de faire prévaloir ses plans de jeu en deux coups de raquette.
« Je me prenais un peu trop le chou pendant les tournois de préparation. Or, les années où j’ai bien joué sur herbe (il a gagné à Halle en 2021), je ne me posais pas trop de questions. J’y allais, je frappais. J’essaie de faire pareil. En réfléchissant quand même un minimum car j’aime comprendre ce que je fais. »
Humbert assure ne pas encore penser à un éventuel huitième de finale contre Carlos Alcaraz. « Le tableau c’est Nakashima…, stoppe-t-il. Vous n’allez pas recommencer le coup d’Indian Wells. Tout le monde me parlait du troisième tour contre Djokovic et aucun de nous n’a passé le deuxième. »
Pourtant il a rêvé de grandeur sur ces courts, en voyant Roger Federer gagner huit trophées à la télé – et en perdre un pour l’histoire, en 2008, contre Nadal. « J’adore Wimbledon, je trouve que c’est magnifique. Quand j’étais jeune, c’était le tournoi qui me faisait vibrer avec Roland et la Coupe Davis. Mon idole, c’était Federer. Et quand je le voyais gagner ici, je me disais que j’aimerais bien faire pareil un jour. » Cinq après avoir découvert le Center Court contre Novak Djokovic, Humbert est à un match de renouer avec l’ivresse d’une deuxième semaine à Wimbledon.