Les trois leçons de Federer : Le sans effort est un mythe, la perfection est impossible, la vie est plus grande qu’un court de tennis
Roger Federer était aux États-Unis en début de semaine pour faire un discours lors de la remise des diplômes à l’Université de Dartmouth.
Lorsque Roger Federer parle, on s’assoit et on écoute. Retraité des courts depuis 2022, l’homme aux 20 titres du Grand Chelem était aux Etats-Unis ce lundi pour le discours de remise des diplômes à l’Université de Dartmouth. Pendant une vingtaine de minutes, le champion suisse s’est livré à un discours inspirant en ajoutant des touches d’humour dont il a le secret.
Roger Federer a articulé son speech autour de trois grandes leçons apprises au cours de sa carrière de joueur de tennis et qui pourront servir aux étudiants pour la suite de leur parcours. La première ? Le sans effort est un mythe. Considéré comme le joueur le plus élégant de l’histoire sur le circuit, ne laissant jamais l’impression de forcer, le natif de Bâle est revenu sur cette qualité qu’on lui a souvent donné.
“« Sans effort »… est un mythe. Je le pense vraiment. Je le dis en tant que personne qui a souvent entendu ces mots. « Sans effort ». Les gens disaient que mon jeu était sans effort. La plupart du temps, c’était un compliment… Mais ça me frustrait quand ils disaient : « Il a à peine transpiré ! » Ou « Est-ce qu’il essaie au moins ? » La vérité, c’est que j’ai dû travailler très dur… pour donner l’impression que c’était facile. J’ai passé des années à me plaindre… à jurer… à jeter ma raquette… avant d’apprendre à garder mon sang-froid.”
“Gagner sans effort est l’accomplissement ultime. J’ai acquis cette réputation parce que mes échauffements lors des tournois étaient si décontractés que les gens ne pensaient pas que je m’étais entraîné dur. Mais j’avais travaillé dur… avant le tournoi, quand personne ne me regardait.”
“Peut-être avez-vous vu une version de ce phénomène à Dartmouth. Combien de fois avez-vous eu l’impression que vos camarades de classe accumulaient les « A » sans même essayer… alors que vous passiez des nuits blanches… que vous vous bourriez de caféine… que vous pleuriez doucement dans un coin de la bibliothèque Sanborn ?”
“J’espère que, comme moi, vous avez appris que le « sans effort » est un mythe. Je ne suis pas arrivé là où je suis grâce à mon seul talent. J’y suis arrivé en essayant de surpasser mes adversaires. J’ai cru en moi. Mais la confiance en soi doit être gagnée.”
La perfection est impossible
Deuxième sujet abordé par Roger Federer lors de son discours ce lundi, la perfection. Que ce soit dans le tennis ou dans la vie, elle est impossible. Il faut connaître l’échec pour pouvoir se relever et avancer. “Au tennis, la perfection est impossible.” explique le Suisse. “Sur les 1526 matches de ma carrière, j’ai gagné presque 80% de ces matches. J’ai une question pour vous : Quel pourcentage de points gagnés pensez-vous que j’ai lors de ces matches ? Seulement 54%. En d’autres termes, même les meilleurs joueurs du monde gagnent à peine un peu plus de la moitié des points qu’ils jouent.”
“Dans la vie, peu importe le jeu que vous allez jouer, parfois, vous allez perdre. Un point, un match, une saison, un travail, ce sont les montagnes russes avec beaucoup de hauts et de bas et c’est normal de douter de soi quand on est en bas et d’être désolé pour soi. Mais votre adversaire doute aussi de lui également. N’oubliez jamais cela. Mais de l’énergie négative est de l’énergie gâchée.”
“Devenir un maître pour surpasser les mauvais moments est pour moi le signe d’un champion. Les meilleurs du monde ne sont pas les meilleurs car ils gagnent tous les points mais car ils savent qu’ils vont perdre encore et encore et ils ont appris à le gérer. Vous l’acceptez, vous pleurez si vous en avez besoin, puis vous vous forcer à sourire. Vous avancez sans relâche, vous grandissez, vous travaillez plus dur, plus intelligemment. N’oubliez pas : travaillez intelligemment !”
Le tennis m’a donné tant de souvenirs. Mais ce sont surtout mes expériences en dehors du court qui m’accompagnent
Roger Federer
Le troisième et dernier point abordé par Roger Federer est ce qu’il a appris de la vie, de ses voyages, de ses expériences en dehors d’un court de tennis. Une leçon cruciale que les étudiants doivent retenir. “La vie est plus grande qu’un court de tennis.”
“Un court de tennis est un petit espace. Pas plus grand qu’une chambre d’étudiant. D’accord, plutôt trois ou quatre chambres d’étudiants dans Mass Row. J’ai beaucoup travaillé, beaucoup appris et beaucoup couru dans ce petit espace… Mais le monde est bien plus grand que cela… Même lorsque je débutais, je savais que le tennis pouvait me faire découvrir le monde… mais que le tennis ne pourrait jamais être le monde.”
“Le tennis m’a donné tant de souvenirs. Mais ce sont surtout mes expériences en dehors du court qui m’accompagnent… Les endroits où j’ai eu l’occasion de voyager… la plateforme qui me permet de donner en retour… et surtout… les personnes que j’ai rencontrées en chemin. Le tennis, comme la vie, est un sport d’équipe. Oui, vous êtes seul de votre côté du filet. Mais votre succès dépend de votre équipe. Vos entraîneurs, vos coéquipiers, même vos rivaux… toutes ces influences contribuent à faire de vous ce que vous êtes.”
“Diplômés, je sais qu’il en va de même pour vous. Vos parents, vos familles… ils ont fait les sacrifices nécessaires pour vous amener jusqu’ici… Ils ont partagé vos triomphes et vos luttes… Ils seront toujours, toujours à vos côtés. Et pas seulement eux. Alors que vous partez à la découverte du monde, n’oubliez pas que vous apportez tout cela avec vous… cette culture, cette énergie, ces gens, cette couleur verte… Les amis qui vous ont poussés et soutenus à devenir la meilleure version de vous-mêmes… les amis qui ne cesseront jamais de vous encourager, comme aujourd’hui.”