Mauresmo et les sièges vides : “Comment forcer les gens à rester sur leur siège ?”
De nombreux sièges vides étaient visibles au début de la demi-finale entre Alexander Zverev et Casper Ruud.
C’est une image qui a interpellé pendant Roland-Garros et encore plus lors de la demi-finale entre Alexander Zverev et Casper Ruud : de nombreux sièges vides étaient visibles au début de la partie sur le court Philippe-Chatrier. Assez tâche pour un match aussi important en Grand Chelem.
Interrogés en conférence de presse avant la finale messieurs, Amélie Mauresmo, directrice du tournoi, et Gilles Moretton, président de la FFT, ont annoncé réfléchir à des solutions tout en exprimant leur impuissance sur cet aspect.
Q. Amélie, je crois que vous avez parlé des demi-finales tout à l’heure. Comment faire pour éviter ce qui s’est passé au début de la deuxième demi-finale masculine ? Le stade était presque à moitié vide.
Amélie Mauresmo : J’ai plusieurs idées pour y remédier. Comment dire ? Des idées plus avancées pour éviter ce genre de situation. Mais là encore, nous avons des contraintes, des contraintes opérationnelles. Alors aujourd’hui, bon, je ne vais pas vous donner la solution miracle. Je ne vais pas partager les idées auxquelles nous avons pensé ou auxquelles j’ai pensé. Nous devons en discuter. Nous devons débattre. Nous devons respecter le sport, mais aussi les personnes qui travaillent pour les opérations.
Et bien sûr, nous ne sommes pas satisfaits de ce que nous avons vu vendredi pour la deuxième demi-finale. Ce sera l’un des sujets, pas le seul, mais l’un des nombreux sujets sur lesquels nous ferons un débriefing.
Gilles Moretton : Il faudrait peut-être préciser quelque chose. Je partage totalement l’opinion de tous les fans de tennis qui sont déçus. Nous avons vendu 650 000 billets, les gens sont là, sont présents, ils invitent des clients, les gens ont passé quatre heures et demie sur le court. Ce n’est pas satisfaisant. Mais on ne peut pas obliger les gens à revenir dans les tribunes après.
Alors peut-être qu’il y a d’autres solutions, et c’est là que la réflexion peut être mise en œuvre par rapport à cette question. Mais nous partageons votre avis, nous ne pouvons pas accepter de voir des tribunes vides comme nous l’avons vu lors de la deuxième demi-finale. Nous avons eu plus ou moins la même chose pour la deuxième demi-finale l’année dernière, et nous devons y réfléchir et trouver des solutions.
Q. Je parle d’une manière générale. Il n’y a pas beaucoup de monde dans les tribunes, et on a vu beaucoup d’images à la télévision.
Amélie Mauresmo : Qui sait pourquoi ? Je ne suis pas dans leur tête. Je ne sais pas pour ceux qui achètent leurs billets pour Roland Garros.
Mais ce que nous avons vu au fil des ans, c’est que si les gens achètent un billet pour la journée pour venir ici à Roland Garros, ils ne vont pas rester assis pendant cinq, six, sept, huit heures ou plus. C’est moins le cas aujourd’hui qu’avant, ou ce n’est plus le cas, comparé à ce qui s’est passé dans le passé. Même si c’était aussi un problème dans le passé.
Nous avons donc essayé de trouver des solutions pour y remédier afin que d’autres puissent venir profiter du spectacle quand les autres détenteurs de billets faisaient autre chose, ou regardaient d’autres matches sur des courts annexes.
Et puis il y a la vie du stade. Il y a beaucoup d’autres événements. Il n’y a pas que les matchs qui attirent beaucoup de monde, les adultes et les familles peuvent boire quelque chose, manger quelque chose. Alors bien sûr, c’est un défi qui n’est pas facile à relever. Il n’est pas facile de trouver la bonne solution. Mais comment forcer les gens à rester sur leur siège ?
Gilles Moretton : Pour essayer d’approfondir la question, nous avons un public qui connaît très bien le tennis. Parfois, tous les matchs ne sont pas fabuleux et ils n’hésitent pas, après une heure et demie, à dire, d’accord, je vais sur le court 14 ou sur un autre court pour voir un autre match parce qu’il y a un jeune joueur.
Nous avons un public de connaisseurs. Nous le savons parce que nous avons beaucoup de détenteurs de cartes de tennis qui viennent, et nous avons un quota qui est réservé aux joueurs de tennis. Ce n’était pas le cas il y a trois ou quatre ans où le quota n’était pas acheté en totalité par les membres de la FFT, et là, il est acheté à 100% et très rapidement. Il y a un intérêt pour le tennis en général mais aussi pour nos détenteurs de cartes de tennis.
Ce que nous faisons, grâce à la semaine d’ouverture de Roland Garros, nous donnons envie aux gens de venir voir du tennis. Le stade, le patrimoine de ce beau stade donne envie aux gens de venir par curiosité. Par exemple, il y a eu un événement de padel que nous avons organisé et nous avons interrogé les gens qui venaient. Certains venaient pour voir le stade, ils avaient entendu parler du padel, ils n’étaient pas fans de padel, mais ils ont profité de l’occasion pour venir visiter le stade Roland Garros.
Les gens marchent et se promènent. Certains, spécialistes du tennis, ont leur place, mais ils vont aussi voir un joueur plus jeune. Nous avons donc un public très exigeant, capable de se déplacer. Je ne parle pas des gens qui viennent dans les loges, et on ne peut pas obliger les entreprises qui ont invité quelqu’un à rester huit heures dans les tribunes.
La durée moyenne des gens qui viennent à Roland Garros est de 8h30 dans le stade. Ils ne peuvent pas rester 8 heures et demie sur leur siège. C’est peut-être le cas dans d’autres stades, mais ici nous avons un public qui est curieux, le stade est beau, ils vont se promener sur le court Simonne Mathieu, etc.
Amélie Mauresmo : J’aimerais ajouter quelque chose. L’une des solutions auxquelles nous avons réfléchi il y a deux ans, c’était le billet en haut, les billets en haut. Nous espérions que, lorsque les sièges seraient vides, lorsque les gens pourraient venir, nous aurions ceci à leur offrir.
Malheureusement, nous avons constaté que certaines personnes ont fait des choses qui ne sont pas des comportements civils. Par exemple, ceux qui ne pouvaient pas monter sur le Chatrier ne voulaient plus partir quand l’autre personne revenait à sa place. C’est comme ça. On essaie d’organiser les choses, mais on compte aussi sur le bon sens des gens et sur le respect des règles, ce que j’appelle le comportement civil.
Ce n’est pas bon, parce que vous faites une promesse, vous dites que votre siège sera disponible et ensuite la personne ne veut pas lui donner son propre siège. C’est ce que nous devons examiner. Je sais que c’est notre travail. Ce n’est pas le vôtre. Je sais. Mais si vous voulez faire des choses et les organiser, ce n’est pas aussi simple que ça en a l’air, que les gens respectent les règles et que ce soit fait correctement.