Jannik Sinner : Troisième numéro 1 mondial de “l’ère post-Big 3”

Entouré d’une brillante équipe d’entraîneurs et animé d’un désir constant de progresser et aidé par le timing contextuel du tennis masculin, Jannik Sinner a toujours semblé destiné à atteindre le sommet.

Jannik Sinner, Roland-Garros, 2024 Jannik Sinner, Roland-Garros, 2024 (Federico Pastellini / Panoramic)

Le tennis masculin est en plein changement. La fin d’une ère est imminente. L’ascension de Jannik Sinner en est le parfait exemple. Mardi 4 juin 2024, suite au forfait de Novak Djokovic pour les quarts de finale de Roland-Garros en raison d’une blessure au genou droit, Sinner a été assuré de devenir le 29e homme, et le premier Italien, à être numéro 1 mondial depuis la création du classement ATP en 1973.

Un changement dans la hiérarchie qui sonne la fin d’une incroyable période de domination pour le Big 3 : Djokovic, Roger Federer et Rafael Nadal. Depuis le l’accession au trône de Federer en février 2004, seuls trois hommes avaient interrompu le règne du monstre Suisso-Hispano-Serbe. Brièvement. Andy Murray pendant (41 semaines), Carlos Alcaraz (36 semaines) et Daniil Medvedev (16 semaines).

Sinner Numéro 1 : ce n’était qu’une question de temps

Pour Sinner, ce moment de prestige n’était qu’une questions de temps. Si ce n’était pas arrivé à Paris, ça se serait produit dans les mois suivants. Certes, l’Italien n’a remporté son premier titre du Grand Chelem que récemment, à l’Open d’Australie, mais il s’était imposé comme le meilleur joueur du monde depuis un peu plus longtemps.

Après sa défaite en huitièmes de finale de l’US Open, Sinner a été titré à Pékin et Vienne avant d’atteindre la finale du Masters et de mener son pays au sacre en Coupe Davis. Il a poursuivi sur sa lancée en triomphant à Melbourne. Dans la foulée, il s’est imposé à Rotterdam, à Miami en ne perdant qu’un set, et a atteint les demi-finales à Monte-Carlo puis les quarts de finale à Madrid. Et s’il n’avait pas dû déclarer forfait dans la capitale Espagnole et à Rome ensuite en raison d’une blessure à la hanche, il aurait peut-être même été numéro 1 avant de débarquer à Paris.

Alors qu’il était déjà le joueur italien le mieux classé de l’histoire chez les hommes, il est devenu le premier de son pays – hommes et femmes confondus – à grimper au sommet du classement en simple. Si Adriano Panatta, Francesca Schiavone et Flavia Penetta ont gagnés des titres du Grand Chelem, aucun d’eux n’a pu s’approcher sérieusement de la place de numéro 1 mondial.

“Ça signifie beaucoup, je pense que c’est génial pour l’Italie”, a déclaré Sinner. “Nous sommes un grand pays, avec de grands coachs et joueurs. Je suis heureux de faire partie de ce qui passe actuellement dans le tennis italien. Les gens commencent à jouer au tennis de plus en plus, c’est génial à voir. Je pense que c’est le plus important.”

“Qu’on soit numéro 1, 2 ou 10 ; tout le monde fait de son mieux. Nous avons beaucoup de tournois (en Italie), pour les juniors, des Challengers, des Futures. Nous avons aussi de supers tournois ATP, notamment le Masters 1000 de Rome, et le Masters à Turin. On a aussi eu le Masters Next Gen à Milan. C’est super d’avoir cet engouement en Italie. Je pense l’Italie le mérite.”

Darren Cahill, Jannik Sinner, Indian Wells 2024
Darren Cahill, et Jannik Sinner, Indian Wells 2024 (Antoine Couvercelle / Panoramic)

L’Effet Darren Cahill

En juin 2022, Sinner a ajouté Darren Cahill à son équipe. Un coup de maître. L’Australien, lui même ancien très bon joueur (22e mondial), est devenu un coach plus fort encore, capable de tirer le meilleur de tous ceux avec qui il travaille. Il s’est parfaitement intégré au staff, en étant complémentaire avec Simone Vagnozzi. Décontracté, Cahill est analytique est utilise données et statistiques pour appuyer son œil. Avec des résultats remarquables.

“Il a réussi de grands accomplissements, avec différents joueurs”, a rappelé Sinner, qui souligne régulièrement à quel point il apprécie Cahill en tant que joueur et personne. “Il sait comment s’adapter à chaque joueur, et je pense que c’est une qualité incroyable.”

“Et son association avec Simone (Vagnozzi) est vraiment très, très bonne. Ce sont deux coachs différents, mais il travaillent vraiment bien ensemble. Ils sont très humbles, et se respectent beaucoup. J’ai de la chance de les avoir tous les deux, ainsi que tous les autres membres de mon équipe.”

LA domination du Big 3 est terminée

On peut certes, débattre, en avançant que Sinner a eu la chance d’arriver à une période de transition. Federer s’est retiré, Nadal joue ses derniers tournois et Djokovic, 37 ans, est désormais blessé après avoir passé 428 semaines au sommet au total. Un contexte qui a laissé la porte entrouverte. Mais encore fallait-il avoir le talent, et l’éthique de travail, pour se donner les moyens de l’ouvrir complètement.

Lorsqu’il a gagné l’Open d’Australie en janvier, en conférence de presse, Sinner a très rapidement – quasiment ses premiers mots – parlé du futur. En rappelant qu’il avait encore besoin de progresser, de travailler plus dur. La façon de penser des champions. Il ne se préoccupait pas de fêter son sacre, il voulait seulement se concentrer sur son but : atteindre le sommet et y rester.

“Je pense avoir beaucoup appris des défaites”, a expliqué Sinner. “J’en ai tiré des leçons, et j’ai dû accepter d’apprendre de moi-même, de mon langage corporel. J’ai beaucoup travaillé là-dessus. Il y a aussi eu l’US Open (2023), j’ai connu un petit tournant après la défaite contre ‘Sascha’ (Zverev). A certains moments, il faut savoir prendre conscience de ce que vous avez mal fait, et parfois c’est dur à accepter. Mais c’est la bonne façon de faire.”

“Je suis entouré de gens très honnêtes, ils me disent seulement la vérité. Quand c’est bon, et quand c’est mauvais. Ça fait partie du processus. Nous allons continuer à beaucoup travailler. Je sais que le dois encore améliorer certaines choses. J’ai simplement hâte de continuer à progresser pour devenir un meilleur joueur de tennis.”

Un objectif qu’il a de grandes chances d’atteindre. Alors que Carlos Alcaraz semble parti pour rivaliser avec lui au palmarès des tournois du Grand Chelem dans les années à venir – l’Espagnol a déjà gagné l’US Open et Wimbledon -, Sinner a une équipe autour de lui pour le garder les deux pieds sur terre, si tant est qu’il ait besoin d’aide à cet égard. Ils forment une famille ne voulant que le meilleur pour Jannik Sinner, et qui a l’expérience nécessaire afin de lui tracer le meilleur chemin.

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