Après Goffin mais pour un autre motif, Swiatek critique à son tour le public de Roland-Garros
Lors de l’interview sur le court après sa victoire contre Naomi Osaka au deuxième tour de Roland-Garros, Iga Świątek a demandé au public d’être plus discipliné pendant les points.
“J’espère que vous allez continuer à m’apprécier, parce que je sais que le public français peut prendre certains joueurs en grippe et les huer.”
Dans la foulée de sa victoire épique contre Naomi Osaka au deuxième tour de Roland-Garros – 7-6¹, 1-6, 7-5 en savant une balle de match et après avoir été menée 5-2 dans le dernier set – Iga Świątek a pris un risque. Elle a critiqué le public. En le regardant droit dans les yeux, au micro d’Alex Corretja lors de l’interview sur le court.
“J’ai un énorme respect pour vous, et je sais que nous jouons pour vous”, a-t-elle commencé. “Mais parfois, quand nous sommes sous pression et que vous criez pendant le point, c’est vraiment très dur de rester concentrée. Je n’ai pas pour habitude de mentionner ces choses-là. Mais c’est sérieux pour nous (joueurs et joueuses). On donne nos vies pour être toujours meilleures.”
“C’est difficile d’accepter ça (les cris pendants les points)”, a-t-elle ajouté. “Les enjeux sont énormes, il y a beaucoup d’argent à gagner. Perdre quelques points peut changer le cours d’un match. S’il vous plaît, si vous pouviez nous encourager entre les échanges mais pas pendant, ce serait super. (…) Mais je vous aime, et j’ai toujours adoré jouer ici, alors continuons comme ça.”
Je sais que le public français peut être dur (sourire), je ne veux pas être dans son collimateur désormais.
Iga Świątek
Un peu plus tard, en conférence de presse, la numéro 1 mondiale a été interrogée sur cette prise de parole. Évidemment. D’autant plus que la veille, David Goffin avait lui aussi pointé du doigt le public tricolore, pour d’autres motifs.
“Oui, le moment où ça m’a le plus frustré (les cris pendant les points), c’était sur ma volée liftée manquée dans le troisième set”, a-t-elle répondu. “Quelqu’un a crié pendant que je voyais la balle arriver. Mais j’aurais dû rester plus concentrée et ne pas me laisser distraire. Mais parfois, c’est compliqué, parce qu’au tennis nous sommes habituées à avoir un stade silencieux.”
“C’est (les cris) arrivé plusieurs fois, surtout avant les retours”, a-t-elle précisé. “C’est pour cette raison que j’ai voulu en parler. Si ça ne s’était produit qu’une fois, j’aurais laissé couler. Je sais que le public français est très enthousiaste. Mais on a cette sorte de règle tacite au tennis comme quoi il faut rester silencieux pendant les points.”
“Je sais que le public français peut être dur (sourire), je ne veux pas être dans son collimateur désormais”, a-t-elle continué. “Je ne sais pas si c’était une bonne décision (de critiquer le public lors de l’interview sur le court). J’espère qu’il va continuer à me traiter comme un être humain, et que nous pourrons travailler là-dessus.”
J’ai trouvé le public vraiment cool.
Naomi Osaka
Passée devant les journalistes avant la Polonaise, Naomi Osaka a elle aussi eu droit à une question sur le sujet. Sa réponse avait été diamétralement opposée. “J’ai trouvé le public vraiment cool”, s’est-elle exprimée. “Je vis pour ces moments (ces ambiances). Aussi, ça me donne la sensation que la foule prend du plaisir, et au bout du compte c’est ce dont j’ai le plus envie.”
“Je veux que les gens, peu importe que je gagne ou perde, se disent : ‘Oh, je passe vraiment un super moment devant ce match'”, a-t-elle poursuivi. “Personnellement, je n’ai eu aucun problème avec le public. Mais je suis habitué à celui de New York aussi (sourire).”
À l’US Open – où Naomi Osaka a triomphé deux fois – en particulier sur l’Arthur-Ashe, le plus grand court du monde, le public est réputé pour être bien plus dissipé. En se déplaçant entre les points, alors que flotte une odeur mêlée de bière et hot-dog. Parfois même de produits qui seraient moins légaux en France.
Une ambiance qui n’avait pas empêché Iga Świątek de soulever le trophée en 2022.