Nadal a encore du mal à le dire, mais il se sent monter en puissance avant Rome
Rafael Nadal refuse toujours de confirmer qu’il jouera Roland-Garros. Mais à la veille de son premier tour au Masters 1000 de Rome contre Zizou Bergs, il n’a pas pu cacher que le tournoi de Madrid l’avait replacé dans une dynamique fertile.
Nous l’avions écrit avant le tournoi de Madrid. C’est le moment de le répéter. L’attitude, le visage et le corps envoient des messages qu’on peut décoder avant même que les personnes n’ouvrent la bouche. Par les temps qui courent, c’est particulièrement flagrant chez Rafael Nadal.
Avant de jouer à Madrid, il y a deux semaines, avec sa voix blanche, sa quasi-posture de refus du micro, le champion espagnol de presque 38 ans avait exprimé qu’il était sur un fil au moment de poursuivre la dernière saison sur terre battue de sa carrière, après deux tours à Barcelone où il s’était senti à des années-lumières du Nadal d’antan.
A Rome, ce mercredi, Nadal n’a rien promis. Mais il a beaucoup souri, il a parlé clairement et avec une forme de plaisir, avant d’exprimer que tous les feux, quasiment tous au rouge il y a un mois, étant passés à l’orange et pourraient passer au vert si les choses se poursuivent sur cette lancée.
Nadal : “Globalement, ça progresse”
« Je prends toujours les choses jour après jour, je ne peux pas dire que les choses progressent de façon linéaire (il mime un courbe qui monte et descend), a déclaré Nadal à la veille de son premier tour contre le qualifié belge Zizou Bergs, actuellement 108e mondial et récemment finaliste puis vainqueur de deux tournois Challengers sur terre battue. Mais si je regarde les choses dans leur globalité, ça progresse, c’est indiscutable. »
« Même à Madrid, j’ai connu des moments difficiles, mais je suis heureux d’être ici aujourd’hui, a poursuivi Nadal, car il y a un mois, il m’était impossible de penser raisonnablement que j’allais jouer Barcelone, Madrid et Rome à la file. Mais ces choses sont en train d’arriver. »
Sans se montrer aussi préoccupé qu’en Espagne sur son obsession d’éviter le geste de trop qui pourrait précipiter une blessure, comme cela s’est produit à Brisbane en janvier, Nadal affirme ne pas encore pouvoir s’engager à 100%.
Je suis excité à l’idée de ce que pourra être mon niveau de jeu si mon corps me laisse travailler correctement.
Rafael Nadal
« J’accepte le challenge, j’accepte la réalité. J’accepte qu’à certains moments je ne peux pas pousser autant que je le voudrais. Mais en faisant les choses correctement, en évitant de prendre trop de risques, en évitant de trop puiser pendant les matches, j’ai réussi à me placer dans une logique de progression. Madrid, avec une semaine complète (quatre matches, ndlr), un match de trois heures (Cachin) et deux matches en deux jours, a été un test concluant. »
Des tests contre Hurkacz et Rune ?
S’il domine Bergs, Nadal passera un test comparable à celui de De Minaur à Madrid en affrontant la tête de série n°7 Hubert Hurkacz, vainqueur à Estoril en avril puis battu par Casper Ruud à Monte-Carlo et Taylor Fritz à Madrid. Ensuite pointerait un troisième tour contre Etcheverry, Barrère ou Seyboth Wild, et un huitième de finale théorique contre Holger Rune.
L’Espagnol ne voit pas si loin. A Madrid, il avait été jugé proche de son meilleur niveau par Alex de Minaur mais avait affiché des limites face à la puissance et l’agressivité de Lehecka. « Sur le plan tennistique, a poursuivi Nadal, je sens aussi la progression. Je vais donner le maximum mais je dois accepter que les choses sont plus difficiles et imprévisibles pour moi que dans le passé, notamment sur terre battue. Mais je suis excité à l’idée de ce que pourra être mon niveau de jeu si mon corps me laisse travailler correctement. »
On comprend entre les lignes que la récupération postérieur à son huitième de finale à Madrid n’a donné lieu à aucune complication spécifique. « J’ai passé quelques jours à la maison, je suis arrivé à Rome samedi et j’ai pu m’entraîner plus ou moins bien ces derniers jours. »
Nadal ne promet toujours pas qu’il sera à Roland-Garros, encore moins qu’il se sent capable de hisser la coupe des Mousquetaires une quinzième fois. Il a habilement contourné le piège d’une question sur l’émotion qu’il ressentirait lors de son retour à Paris pour rappeler cet état de fait : « Déjà, je suis là à Rome pour jouer ce tournoi. C’est ce qui se passe en ce moment. Après ça je ferai le point quant à savoir si je me sens prêt à jouer Roland-Garros. Mais si c’est le cas je ne peux pas prédire les émotions que je ressentirai. »
Lors de sa soirée d’adieu à Madrid, Nadal avait été le seul à ne pas verser de larme et, plus fort encore, à ne pas tanguer. Face à la surprise, il avait rappelé : « Mon histoire raquette en main n’est pas terminée ». Nadal semble parti à Rome pour le rappeler à tout le monde.