Ksenia Efremova, grande espoir du tennis féminin, a été naturalisée française
La jeune joueuse de 14 ans (génération 2009) Ksenia Efremova a reçu son passeport et jouera désormais sous les couleurs de la France. Née russe, elle s’entraîne depuis 2020 à l’académie Mouratoglou.
Selon des informations recoupées par Tennis Majors, le tennis féminin français vient de se doter d’une ambassadrice d’exception dans les catégories jeunes puisque que la Russe de naissance Ksenia Efremova, aujourd’hui âgée de 14 ans, a obtenu la nationalité française cet été.
La joueuse devrait l’officialiser elle-même dans les heures à venir, même si l’information est, techniquement, déjà publique. Le décret du 28 juin 2023, publié au journal officiel deux jours plus tard, mentionne le nom de “Ksenia Efremova, née le 28 avril 2009 à Moscou”, parmi les personnes bénéficiant de la naturalisation.
“Ksenia se sent ici chez elle”
« Cette naturalisation est une grande nouvelle pour Ksenia, pour sa famille et pour l’équipe qui l’entoure », a confirmé son agent Loïc Martin à Tennis Majors. « Cela concrétise un projet de carrière et un projet de vie qui sont extrêmement clairs pour Ksenia et sa mère Julia. Elles se sentent ici chez elles et sont déterminées à porter haut les couleurs de la France tout au long de la carrière Ksenia. C’est une fierté immense et une grande joie pour toute la famille. »
« Quand j’ai reçu la lettre de naturalisation, j’ai été heureuse, surprise, choquée dans le bon sens du terme, nous a répondu la joueuse. Ça change beaucoup de choses, c’est presque une nouvelle carrière. J’espère qu’on va beaucoup m’encourager. »
La joueuse, actuellement numéro 2 de sa catégorie U14 au classement de Tennis Europe avec seulement sept tournois joués, va dorénavant évoluer sous les couleurs de la France après avoir reçu son passeport de la préfecture des Alpes-Maritimes. Efremova, sa mère et ses deux frères, eux aussi naturalisés, sont domiciliés près de l’académie Mouratoglou, située entre Nice et Cannes, où la joueuse s’entraine au quotidien depuis la fin de l’année 2019.
Efremova est arrivée en France à l’âge de dix ans, âge minimal pour pouvoir bénéficier du soutien de la fondation Champseed de Patrick Mouratoglou. Cette fondation créée en 2014 – Gauff, Tsitsipas, Rune, Musetti en ont bénéficié – aide les familles de joueuses et de joueurs ayant des dispositions exceptionnelles pour le tennis et l’objectif de devenir professionnels.
Celles d’Efremova, visibles sur les réseaux sociaux depuis de nombreuses années, ont sauté aux yeux de tous ceux qui l’ont vu jouer, par son tennis et de grandes qualités de compétitrice. Les geeks français de tennis se sont familiarisés avec la silhouette frêle, la grande chevelure blonde et le qualité de frappe d’Efremova après une vidéo d’échanges avec Richard Gasquet, captés en juin 2020 pendant la compétition UTS. Tennis Majors vous avait raconté son histoire et celle de sa famille quelques semaines plus tard.
C’est précisément la dimension exceptionnelle du potentiel de la joueuse qui a exercé un effet décisif sur la décision de naturalisation accélérée des autorités françaises. La signature du président de la République Emmanuel Macron est nécessaire dans des cas si spécifiques. La Fédération Français de Tennis a aidé le dossier à avancer avec bienveillance et intérêt, comme nous l’avait confirmé le président Gilles Moretton au printemps 2022.
Efremova représentera la France dans les compétitions par équipes de sa catégorie d’âge. La relève du tennis féminin français chez les adolescentes sonnerait creux sans ce renfort : la première Française est 72e au niveau européen U14 et la France ne compte aucune joueuse dans le Top 100 mondial juniors (joueuses nées en 2005 et après).
Selon nos informations, la demande de naturalisation a débuté au début de l’année 2021, qui est également la date à laquelle Ksenia Efremova a commencé à prendre des cours de français. La joueuse, qui fêtera ses 15 ans au printemps de l’année prochaine, parle couramment l’anglais et s’est fixé comme objectif de pouvoir s’exprimer sans restriction en français au printemps prochain.
« Je comprends toutes les conversation en français, nous a dit Ksenia Efremova dans un très bon français, avec son accent russe. Je peux m’exprimer sur des choses assez simples. Ce que je veux maintenant, c’est être parfaitement bilingue, pouvoir m’exprimer sur tout, quand j’aurai 15 ans, le plus vite possible bien sûr, mais sinon dans six mois. »
Efremova : “Je représenterai la France en Grand Chelem”
Ksenia Efremova possède un deuxième professeur particulier un peu spécial à domicile : son frère Vova. Âgé de cinq ans, il est scolarisé en France depuis sa première année de maternelle et s’exprime couramment. « L’autre jour, il m’a dit naturellement en français : où est mon crayon ? » sourit Ksenia, qui possède avec lui une complicité fusionnelle.
Vainqueure notamment du Masters Tennis Europe avec un an d’avance en 2022, demi-finaliste aux Petit As en 2023, Efremova évolue déjà sur le circuit ITF Juniors des moins de 18 ans, où elle a remporté cinq titres en catégories grade 4 et 5, notamment le premier neuf jours après avoir fêté ses 13 ans.
Actuellement 140e mondiale de la catégorie, elle se consacre désormais à ce circuit juniors, comme elle l’a annoncé sur Instagram à ses presque 50.000 followers il y a quelques jours. Elle va aussi disputer ses premiers tournois seniors ITF dans les mois à venir, peut-être dès la fin de cette saison 2023.
Efremova, dont le jeu est marqué par beaucoup d’agressivité des deux côtés, est entrainée par Pierre Debrosse, coach à l’académie Mouratoglou, et supervisée par sa mère Julia Efremova, ancienne 193e mondiale en 2006. Le père de Ksenia est décédé en 2022 d’un cancer. Il n’a jamais vécu en France mais a rendu visite à sa famille à plusieurs reprises sur la Côte d’Azur avant son décès en Allemagne.
Le premier grand rendez-vous de Ksenia Efremova avec le public français devrait avoir lieu à Roland-Garros en 2024, lors de sa première apparition dans le tableau juniors. « Mon objectif est de me qualifier pour les prochains tournois du Grand Chelem juniors grâce à mon classement, dès l’Open d’Australie » confirme-t-elle. Ses yeux bleus grands ouverts, elle ajoute en souriant : « Et j’y représenterai la France. »