Swiatek : “Je n’ai vraiment pas besoin de ça à ce moment de ma carrière”
Iga Swiatek lutte en ce moment tout autant pour ne pas se faire polluer sa sérénité par les réseaux sociaux, que pour décrocher un nouveau trophée.
Iga Swiatek essaie de garder la tête hors de l’eau. Pour le moment, elle y parvient mais la marée semble quand même continuer de monter. Pas tant sur le court qu’en dehors, ce qui à ce niveau ne change pas grand-chose à la nature du danger. Demi-finaliste à Montréal, la n°1 mondiale tentera désormais de franchir une marche de plus à Cincinnati alors qu’elle sera opposée à l’Américaine Coco Gauff.
A Cincinnati, si elle a tangué ici et là, elle a globalement fait forte impression, encore plus dans sa volonté affichée de prendre plus souvent le filet d’assaut. Il est toujours étonnant de constater combien certaines grandes joueuses de simple oublient combien elles ont été de grandes joueuses de double.
“Le filet, j’y vais si je dois y aller”, a ainsi souri Swiatek. “Mais oui je progresse beaucoup dans ce domaine du jeu parce que je sens que j’y suis de plus en plus en confiance. On ne fait pas des séances d’entraînement spécifiques, mais on ajoute toujours quelques minutes de plus sur ma volée depuis deux ans. On ne voit pas une énorme différence d’un jour à l’autre mais sur le long terme je pense que les résultats sont très bons, et je m’améliore de plus en plus. Avant j’étais tellement stressée à chaque fois que je devais aller au filet.”
Impeccable sur le court cette semaine, après un match plus que moyen face à Jessica Pegula au Canada, Swiatek n’affiche pourtant pas une sérénité totale. La Polonaise semble en ce moment polluée par des phénomènes extérieurs, que ce soit les messages haineux sur les réseaux sociaux quand elle perd un set ou un match, ou alors la vague de critiques qui s’est abattue sur elle et son équipe dans la foulée de la diffusion d’un épisode de Break Point, cette série sur Netflix qui suit les péripéties du circuit professionnel de tennis et à laquelle elle a accepté de participer. Pour, on dirait, son plus grand regret.
A l’approche de la défense de son titre à l’US Open, Swiatek laisse entrevoir quelques failles dans la muraille et rappelle à ceux qui l’auraient oublié un peu trop vite, qu’elle a toujours été – et restera toujours – une grande sensible. Ce n’est pas pour rien que son équipe s’efforce de construire une sorte de bulle à toute épreuve autour d’elle. Hors la bulle commence d’évidence à donner des signes de faiblesse.
La cause du malaise cette fois ? Une séquence du documentaire où on voit sa psychologue Daria Abramowicz, dont on sait l’influence et les résultats accomplis dans l’équipe Swiatek, intervenir sur… la coupe de cheveu de la n°1 mondiale. Dans l’extrait, Swiatek répond à l’intervention par un peu de sarcasme mais tout le monde ne l’a pas vu ainsi.
Il n’en a apparemment donc pas fallu plus pour que Swiatek et son équipe se retrouvent sous le feu des critiques. Une péripétie, une anecdote, mais pas pour la Polonaise qui ne digère toujours pas. Et qui manifestement, comme c’est le cas pour toute une génération qui a grandi sur les réseaux, ne peut pas s’empêcher de lire les commentaires faits à ce sujet. Deux conséquences : la joueuse s’en est plaint à Netflix et a vidé son sac en conférence de presse.
“J’aurais aimé que Netflix agisse différemment”
“Il y a certaines choses qu’ils ont édité d’une façon portant à confusion pour les gens. Nous leur en avons déjà parlé et j’aurais aimé que ça ait pu être fait différemment. Quand on a visionné le résultat avant la première, nous ne pouvions plus avoir aucune influence sur la façon dont ils avaient fait le montage”, a ainsi confié Swiatek. “C’est encore quelque chose qui vient me convaincre que je n’ai vraiment pas besoin de ça à ce moment de ma carrière. Mais oui j’aurais aimé que Netflix agisse différemment et aussi que les gens ne soient pas si prompts à juger car j’ai toujours eu tendance à faire du sarcasme. Mais je comprends que je vais devoir arrêter d’en faire en public car parfois les gens ne comprennent pas. Il y a trop de haine, d’une manière générale.”
Et donc, cette coupe de cheveux qui a affolé la toile ? Swiatek s’explique : “Mes cheveux sont ingérables, ça a toujours été le cas. Si la coupe n’est pas parfaite, je ne peux pas les contrôler. Or j’ai toujours tendance à les faire couper trop court et une fois sur le court ça part dans tous les sens. Daria me rappelait juste ça, et elle a pris beaucoup de haine pour rien du coup, avec des gens racontant qu’elle décidait de ma coupe de cheveux. Ils ont critiqué sans comprendre mon sarcasme : je voulais juste faire allusion au fait que le job d’un athlète ne prend jamais fin, que tout a une influence sur la performance.”
Et c’est bien sur sa performance que Swiatek devra être totalement concentrée si elle veut garder une chance de mettre la main sur le trophée à Cincinnati. Opposée à Gauff pour cette place en finale, la patronne du circuit sait bien que la vigilance est de mise, même si elle mène 7-0 dans leurs duels. “On s’est affronté très souvent, donc je connais globalement son jeu mais avec elle on ne sait jamais vraiment ce qu’elle vous réserve. Je serai prête et concentrée surtout sur moi. J’ai eu suffisamment de matches ici pour maîtriser désormais les conditions de jeu donc je vais tenter ma chance à fond.” C’est bien raquette en mains que Swiatek continuera de donner la meilleure réponse à tout le reste.