Garcia : vaincue par la pression et une Jabeur imbattable pour elle depuis toujours
Pour sa première demi-finale en Grand Chelem, Caroline Garcia a, logiquement, senti une pression jusqu’alors inconnue pour elle, tout en devant faire face à à une Ons Jabeur qu’elle n’a jamais vaincue dans sa vie.
“Fly with Caro“. Ce slogan volait à nouveau. Entre le 19 juin et son quart de finale de l’US Open, Caroline Garcia avait enquillé 31 victoires en 35 matchs – en s’offrant six top 12 en six affrontements, dont la numéro 1 mondiale Iga Swiatek jusqu’alors invaincue sur ocre en 2022. Personne n’a fait mieux sur cette période. Titrée sur gazon à Bad Hombourg, sur terre battue à Varsovie, elle s’était ensuite imposée sur dur à Cincinnati. Un exploit réussi en passant par les qualifications, pour débarquer à New York avec huit victoires consécutives dans son balluchon. Après en avoir ajoutées cinq à Flushing Meadows, sa série s’est brutalement arrêtée en demi-finale. Ons Jabeur et la pression d’une première apparition à ce stade de la compétition en Grand Chelem lui ont coupé les ailes.
Celle qui planait sur ces adversaires grâce à son efficacité offensive impressionnante depuis le début du tournoi – aucun set perdu, seulement 2,7 jeux lâchés en moyenne par manche – avait disparu la nuit dernière. Seulement 12 coups gagnants pour 23 fautes, et aucune balle de break en sa faveur. Première au classement des aces sur le circuit WTA en 2022 avec 284 unités en 47 matchs (soit 6,04 par rencontre) avant d’affronter la Tunisienne, la Française n’en a claqués que 2 cette fois. Une prestation globale trop juste, en partie à cause de la gestion des émotions liée à des cimes qu’elle n’avait encore jamais explorées en Majeur.
Les nerfs ont joué. C’est normal. C’est un rêve de petite fille (d’aller en finale de Grand Chelem).
Caroline Garcia
“De tout évidence, les nerfs ont joué”, a reconnu la native de Saint-Germain-en-Laye devant les journalistes. “Je pense que c’est assez normal. Vous savez, en commençant le tournoi, j’étais déjà stressée. Chaque match a beaucoup d’importance. Evidemment, aujourd’hui (jeudi, à New York), je savais que c’était une demi-finale. Vous savez ce que ça veut dire si vous gagnez. C’est un rêve de petite fille. Mon début de match n’a pas été bon, j’ai fait des erreurs sur des points importants. Les bras et les jambes ne bougeaient pas bien. Avec mon jeu, si je suis un peu moins explosive, les fautes peuvent s’enchaîner.”
Cette pression pesant sur ses épaules, logiquement difficile à gérer, face à une finaliste de Wimbledon l’ayant déjà expérimentée, n’est pas la seule explication au crash. Devant à Jabeur, Garcia, qui est devenue la troisième Tricolore à s’immiscer dans le dernier carré new-yorkais après Mauresmo (2002, 2006) et Mary Pierce (2005), n’a pas pu trouver les clefs du succès. Parce que, de sa vie, elle ne les a jamais eues en main contre cette adversaire. En sept affrontements – tous en Grand Chelem : quatre en juniors, trois chez les professionnelles – elle ne lui a pris que deux sets. “Ça a toujours été un défi pour moi de l’affronter”, avait-elle confié en amont du duel. “Elle a un style de jeu rare.”
Ça a toujours été un défi pour moi de l’affronter. Elle (Ons Jabeur) a un style de jeu rare.
Caroline Garcia
En plus des variations des effets, du slice de revers, des amorties ou encore de la solidité au filet de la future numéro 2 mondiale, Garcia a eu toutes les peines du monde à lire son engagement. “Beaucoup de choses m’ont gênée (sourire)”, a-t-elle analysé. “Notamment son service. Elle a passé pas mal de premières balles dans le premier set (63%), moins dans le second (35%). Elle m’a mis beaucoup d’aces (8). Elle a une très bonne précision. Elle varie beaucoup les zones. Son lancer est assez bas, pas commun, donc difficile à lire. Et elle met un slice qui donne un rebond assez bas. C’est la combinaison de tout ça (qui rend son service gênant et performant).”
Dans la foulée de sa très belle victoire contre Coco Gauff en quart de finale, la joueuse de 28 ans avait expliqué voir désormais très clairement la voie à suivre pour elle : être agressive, prendre la balle le plus tôt possible. Bien que rude, la fin de son épopée américaine ne l’a pas détournée de ce chemin. “Aujourd’hui, ça n’a pas fonctionné”, a-t-elle expliqué. “Ça me montre que je peux encore améliorer beaucoup de choses. Mais ce style de jeu m’a apporté beaucoup de victoires lors des dernières semaines. Je crois que j’en suis à 13 (victoires) contre une (défaite, sur les 14 dernières rencontres), donc je vais continuer.” Logique implacable : c’est en allant de l’avant que Caroline Garcia réussira un nouveau décollage.