12 novembre 2007 : Le jour où, pour la première fois depuis quatre ans, Roger Federer a subi deux défaites consécutives
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Aujourd’hui, nous retournons en 2007 pour voir comment Roger Federer, qui n’avait pas perdu deux matchs d’affilée depuis quatre ans, a été battu par Fernando Gonzalez au premier tour de la Masters Cup, quelques semaines après avoir été battu en quart de finale du tournoi de Bercy.
Ce qu’il s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : Federer ne paraît plus inarrêtable
Ce jour-là, le 12 novembre 2007, Fernando Gonzalez domine Roger Federer lors du premier match de poule du Masters (3-6, 7-6, 7-5). C’est la première fois en 11 confrontations que le Chilien parvient à battre le Maestro suisse, mais c’était aussi la première fois depuis juin 2003 que Federer, précédemment battu par David Nalbandian à Paris, perd deux matchs consécutifs. Bien que Federer, qui a accumulé 12 titres du Grand Chelem en seulement quatre ans, ne parvienne ensuite à remporter le tournoi, cela apparaîtra plus tard comme le premier signe de la fin de sa domination incontestée sur le circuit.
Les acteurs : Roger Federer et Fernando Gonzalez
- Roger Federer, patron incontesté depuis 2004
Roger Federer, le génie suisse, âgé de 25 ans, est numéro 1 mondial sans interruption depuis le 2 février 2004. Depuis juillet 2003, il a remporté douze tournois du Grand Chelem : l’Open d’Australie (2004, 2006, 2007), Wimbledon (2003, 2004, 2005, 2006, 2007) et l’US Open (2004, 2005, 2006, 2007). En 2006, sa meilleure saison à ce jour, il a gagné douze tournois dont trois Grands Chelems, le Masters et quatre Masters Series, comptabilisant 92 victoires pour seulement 5 défaites, dont quatre contre son seul vrai rival du moment, Rafael Nadal. L’Espagnol est la raison principale pour laquelle Federer n’a pas encore triomphé à Roland-Garros : il s’est incliné contre lui en demi-finale en 2005 (6-3 4-6 6-4 6-3), puis en finale en 2006 (1-6 6-1 6-4 7-6). Il a commencé l’année 2007 en s’imposant à l’Open d’Australie sans perdre un set, en disposant en finale de Fernando Gonzalez (7-6 6-4 6-4). Il a ensuite connu une étrange tournée Indian Wells/Miami, s’inclinant deux fois contre le même joueur, l’Argentin Guillermo Cañas, de retour sur le circuit après avoir été suspendu pour dopage. Retrouvant la forme au printemps, Federer gagne le tournoi de Hambourg, où il bat pour la première fois sa bête noire espagnole sur terre battue, mais à Roland-Garros, Nadal le défait à nouveau en finale. Le Suisse prend sa revanche sur le gaucher à Wimbledon, où il s’impose à l’issue d’une finale en cinq sets (7-6 4-6 7-6 2-6 6-2), et sécurise sa première place mondiale en triomphant également à Flushing Meadows où, en finale, il prend le dessus sur Novak Djokovic (7-6, 7-6, 6-4).
- Fernando Gonzalez, 5e mondial
Fernando Gonzalez est né en 1980. Passé pro en 1999, il réalise un premier exploit en 2000, à Orlando, alors qu’il n’est que 352e mondial et issu des qualifications, en remportant son premier titre ATP après avoir dominé son compatriote Nicolas Massu en finale (6-2, 6-3). Son tennis repose principalement sur un coup droit surpuissant. Malgré son succès à Orlando, il ne devient régulier à haut niveau qu’en 2002 : cette année-là, il ajoute deux titres à son palmarès, à Vina del Mar (où il bat Nicolas Lapentti en finale, 6-3, 6-7, 7-6) et à Palerme (aux dépens de José Acasuso, 5-7, 6-3, 6-1). Il se hisse aussi en quarts de finale de l’US Open, battu sur le fil par Sjeng Schalken (6-7, 6-3, 6-3, 6-7, 7-6). Les années suivantes, il se maintient parmi les 25 meilleurs mondiaux, disputant les quarts de finale à Roland-Garros en 2003 (éliminé par Juan Carlos Ferrero, 6-1, 3-6, 6-1, 5-7, 6-4) et à Wimbledon en 2005 (battu par Roger Federer, 7-5, 6-2, 7-6). Il accumule un total de 7 titres, dont le plus important est celui conquis à Bâle en 2005, où il bat Marcos Baghdatis en finale (6-7, 6-3, 7-5, 6-4). En 2006, demi-finaliste en Masters 1000 à trois reprises (à Monte-Carlo, Toronto et Cincinnati), il se retrouve pour la première fois dans le top 10 mondial. En 2007, il est finaliste de l’Open d’Australie (défait par Federer, 7-6, 6-4, 6-4), ce qui lui permet d’atteindre le meilleur classement de sa carrière, 5e mondial. Également finaliste face à Rafael Nadal au Masters 1000 de Rome, il se qualifie pour le Masters de fin d’année malgré des défaites au premier tour à Roland-Garros et à l’US Open.
Le lieu : Shanghai
Créé en 1970, le Masters est le rendez-vous de fin d’année des huit meilleurs joueurs du monde. Au départ, il change de lieu chaque année, avant de s’installer au Madison Square Garden de New York, de 1977 à 1989. Depuis, le tournoi a pas mal voyagé, passant par Francfort (1990-1995), Hanovre (1996-1999), Lisbonne (2000), Sydney (2001), Shanghai (2002), Houston (2003-2005) puis à nouveau Shanghai depuis 2005. Etant donné que chaque année, seuls les huit meilleurs joueurs se qualifient pour le Masters, les plus grands joueurs de tennis figurent au palmarès de l’épreuve.
L’histoire : La fin d’une impressionnante série pour Federer
En novembre 2007, Roger Federer semble presque invincible. Au cours des quatre dernières années, le Suisse a dominé le jeu comme personne ne l’avait jamais fait. Depuis sa traumatisante défaite au premier tour de Roland-Garros en 2003, Federer a remporté 12 tournois du Grand Chelem, et 45 tournois au total. En 2006 et 2007, le Suisse n’est passé qu’à un match de réaliser le Grand Chelem calendaire, battu en finale de Roland-Garros par son seul véritable rival, Rafael Nadal. Roland-Garros 2003 a également été, jusqu’à présent, la dernière fois que Federer a perdu deux matchs consécutifs.
Lorsque Federer débarque à Shanghai pour disputer le Masters 2007, il est le tenant du titre et le grand favori du tournoi. Le seul joueur à l’avoir battu depuis l’US Open est David Nalbandian et, bien qu’il ait battu le numéro un mondial à Madrid ainsi qu’à Paris, l’Argentin ne s’est pas qualifié pour le Masters. Par conséquent, malgré sa défaite en quart de finale contre Nalbandian à Paris (6-4, 7-6), peu d’observateurs pensent que Federer puisse être inquiété lors de son premier match de poule contre Fernando Gonzalez, qu’il a battu lors de leurs dix premières rencontres.
Cependant, après que Federer a gagné le premier set, 6-3, le Chilien est touché par la grâce, expédiant des coups gagnants dans toutes les directions. Pour la première fois en onze matches, Gonzalez réussit à gagner deux sets d’affilée contre le numéro un mondial et s’impose finalement sur le fil, 3-6, 7-6, 7-5. Dans le set décisif, Federer n’a pas réussi à convertir cinq balles de break, sauvées avec la manière par son adversaire.
“J’ai trouvé qu’il avait réussi des coups d’un niveau absolument ridicule”, déclare ensuite Federer, selon Reuters. “Il faut lui reconnaître ça”.
“Je disais à mon coach dans les vestiaires que personne ne m’avait jamais battu 11 fois de suite”, plaisante quant à lui Gonzalez. “J’ai joué trois points incroyables pour le breaker à 5-5. J’ai joué mon meilleur tennis dans les deux derniers jeux. La clé a été mon service et le fait de ne pas avoir peur de lâcher mes coups, d’aller chercher les points.”
Après sa défaite en quarts de finale à Paris, c’est la première fois en quatre ans que Federer subit deux défaites consécutives sur le circuit.
La postérité du moment : Federer remportera le Masters, mais ne dominera plus comme avant
Après ce premier match époustouflant, Gonzalez perdra ses deux matchs de poule suivants contre Andy Roddick (6-1, 6-4) et Nikolay Davydenko (6-4, 6-3).
Malgré ce match difficile, Federer remportera le Masters pour la quatrième fois.
Cependant, Federer ne dominera plus jamais le circuit avec la même emprise que dans les années 2004-2007. En effet, en 2008, après avoir été battu par Novak Djokovic en demi-finale de l’Open d’Australie, le Suisse s’inclinera face à Rafael Nadal en finale de Roland-Garros et de Wimbledon, et verra l’Espagnol lui ravir la place de numéro un mondial au mois d’août, après 237 semaines de règne ininterrompu (record absolu).