Swiatek : “Je suis stressée, mais il faut apprendre à faire avec”
Iga Swiatek s’est qualifiée pour le troisième tour de l’US Open ce jeudi. Mais la Polonaise, rongée par le stress, a été bousculée.
Iga Swiatek (n°8) s’est sortie, jeudi, d’une très mauvaise posture face à Fiona Ferro.
On s’apprêtait à assister à l’effondrement d’une des candidates au titre, mais Iga Swiatek a su relever la tête et le niveau de jeu à temps. La Polonaise, grand espoir de cette génération, était menée 6-3, 2-0 par une Fiona Ferro très inspirée mais la tête de série n°8 a fini par réussir à couper dans les fautes directes (28 en fin de deuxième set puis seulement 3 dans la manche décisive) et à calmer ses nerfs avant qu’il ne soit trop tard. Après 2h03 de combat, elle pouvait enfin respirer un peu, avec la satisfaction d’avoir vaincu son adversaire mais aussi son anxiété (3-6, 7-6(3), 6-0).
Toujours assez lucide et honnête sur la qualité de ses prestations, Swiatek n’a pas cherché à se cacher : elle vit une période délicate dans son rapport à la pression. Quelle pression ? Sans doute celle, extérieure, de vouloir prouver qu’elle ne sera pas la joueuse d’un seul titre du Grand Chelem. Et celle, intérieure, qui lui dit qu’elle a tout dans la raquette pour aller au bout de nouveau mais qu’elle doit cesser de gâcher ses chances comme elle l’a fait à Roland-Garros cette année.
Quand elle s’est mise à pleurer sur le court jeudi alors qu’elle ne mettait pas un eul de ses fameux coups droits dans le court, on a eu un flashback du flot de ses sanglots après la défaite au deuxième tour des Jeux Olympiques de Tokyo. Trop de rêves brisés récemment : ça laisse des traces.
“Je n’ai pas bien commencé, parce que j’avais l’impression de ne pas pouvoir bouger mes jambes correctement. Ce n’est pas la première fois que cela m’arrive alors j’essaie de travailler là-dessus. Dans le deuxième set, je me ui un peu relâchée et j’ai changé de tactique. Mais c’est toujours dur à vivre de devoir me retrouver à pousser la balle et défendre parce que normalement je suis celle qui domine, qui attaque, qui dicte le jeu. Mais là j’étais trop tendue alors c’était ma seule chance de gagner des points.”
Swiatek se met trop de pression
Swiatek dévore les livres alors on lui conseillerait bien d’aller consulter le “Winning ugly” de Brad Gilbert. Ce n’est évidemment jamais la stratégie que veut employer une joueuse de son calibre, mais à force de gagner des matches au combat et au forceps, le niveau de confiance finit par remonter. Le problème de la championne de Roland-Garros 2020 vient aussi du fait qu’on arrive en fin de saison et que son réservoir émotionnel se vide dangereusement. A 20 ans, elle fait le même apprentissage dans le douleur que nombreuses autres championnes avant elle.
“Je me sens sous pression. Avant, j’avais suffisamment d’énergie mentale pour surpasser ça, pour travailler là-dessus, mais ça s’est souvent reproduit dernièrement et j’ai de moins en moins de ressources. D’habitude en Grand Chelem c’était plus simple pour moi car j’étais hyper bien préparée physiquement et au niveau du jeu. Là je suis aussi préparée mais je sens une bien plus grande pression à cause de mon classement et de ce que j’ai déjà accompli. C’est normal, toutes celles et ceux qui ont remporté des titres pour la première fois en passent par là.”
Swiatek a toujours été le style de joueuses qui analysent son jeu et le fonctionnement de son cerveau sous toutes les coutures afin de s’améliorer. Elle vient d’ailleurs sur les tournois avec sa préparatrice mentale. Voilà quelqu’un qui a déjà parfaitement identifié ses démons mais qui a encore besoin de temps pour les dompter.
Les jours où elle pouvait s’aligner dans un tournoi sans être mise dans la case favorites pour le titre sont terminés e elle va en revanche devoir s’y habituer. Il reste que son jeu est si fort qu’elle n’a pas non plus besoin d’en faire beaucoup plus afin de hausser suffisamment le ton pour se sortir d’un match comme celui de jeudi. Ce sera une toute autre affaire au troisième tour face à Anett Kontaveit, récemment titrée à Chicago et qui n’a rien à envier à Swiatek en termes de puissance et de cadence. La Polonaise était d’ailleurs menée 2-0 dans leurs duels avant sa victoire au troisième tour de Roland-Garros cette année.
Je passe mon temps à tenter de piéger mon cerveau, alors c’est difficile
Iga Swiatek
“Là tout de suite je ne suis pas franchement ravie parce que je sais que je peux jouer de manière bien plus solide dès le début. Mais en fait je finis pas stresser sur le fait même d’être angoissée alors à un moment je ne sais plus… Il faut apprendre à faire avec et je vais essayer. Je suis quand même heureuse de réussir à remporter ce type de matches car avant j’aurais baissé les bras. Mais je passe mon temps à tenter de piéger mon cerveau alors c’est difficile et c’est pour ça que j’ai tant de mal sur le court. Oui, Anette joue très bien, je le sais. Je n’ai pas beaucoup de contrôle sur mon mental en ce moment donc je ne suis pas certaine de réussir à passer l’obstacle mais je vais essayer. Je sais que si je parviens à me relâcher, j’aurais déjà fait le plus gros du travail.”
Va-t-elle se distraire un peu en piochant un nouveau livre dans sa bibliothèque puisqu’elle vient de finir “Gone with the wind” ? Pas certain ! “Un jour en juniors je me suis retrouvée à lire jusqu’à 2 heures du matin, incapable de poser mon livre, et j’ai perdu mon match le lendemain donc c’était plutôt stupide. Mais à 16 ans vous savz : les autres allaient faire la fête, moi je lisais jusqu’au petit matin”. Les cérébraux ont les défauts de leurs qualités !