Des larmes de Melbourne à l’euphorie de Paris : Comment Monfils a retrouvé du plaisir et son tennis à Roland-Garros
Gaël Monfils a vécu un moment fort en émotions et a retrouvé ses sensations sur le court mardi pour vaincre Albert Ramos-Viñolas au premier tour de Roland-Garros. Un sacré contraste avec ses larmes dans la foulée de sa défaite d’entrée à l’Open d’Australie.
La dernière fois que Gaël Monfils s’était présenté en Grand Chelem, il en avait été éliminé dès le premier tour et avait laissé couler ses larmes en salle de presse. Il avait perdu ses sensations sur le terrain, était plus largement en quête de sens. Quatre mois à peine après avoir été submergé par ses doutes à l’Open d’Australie, le Parisien s’est laissé emporté par des émotions bien plus positives mardi à Roland-Garros.
L’effet de sa victoire, seulement sa deuxième depuis la reprise du circuit en août dernier, contre Albert Ramos-Viñolas pour son entrée dans le tournoi (1-6, 7-6, 6-4, 6-4) ? Forcément, un peu. Mais ce succès n’aurait pas été possible sans tout ce qui l’a accompagné en cet après-midi de folie sur le court Suzanne-Lenglen.
D’abord son clan, réuni dans sa box. Il était au complet : le papa Rufin, la maman Sylvette, le frère Daryl et la fiancée Elina Svitolina. Et ce n’était pas gagné d’avance que le quatuor soit présent aux côtés de la tête de série numéro 15 à Roland-Garros.
“Mon père ne devait pas venir, a raconté Monfils en conférence de presse. Il m’a fait une surprise, il s’est jeté dans un avion. C’était cool. Voir mes deux parents, ma famille, c’est très précieux. Elina est arrivée après. C’était spécial.”
Monfils est redevenu lui-même en se nourrissant du public
A chaque point remporté, son premier réflexe était de se tourner vers eux. Avec souvent des “signes NBA”, comme il les a décrits à Cédric Pioline, dans l’interview du vainqueur, sur le court Suzanne-Lenglen. C’est dans ce moment, qui a duré cinq minutes, que l’émotion était la plus palpable, l’envie de remercier ceux qui l’avait poussé vers cette victoire la plus forte.
“Un grand merci, ça fait énormément de bien. C’est grâce à vous. Merci mille fois. L’an dernier, on l’aurait perdu ce match-là. Mais cette année, on ne le perd pas.”
Les faits lui donnent raison. C’est dans le froid de l’automne et le simili huis-clos imposé par la pandémie qu’il s’était incliné dès le premier tour contre Alexander Bublik l’année passée. C’était la première fois qu’il sortait d’entrée à Roland-Garros depuis 2005 et sa toute première participation.
Le public ne me lâche pas, et il fait la différence dans le tie-break. ‘On’ lui met la pression (à Ramos Viñolas). Je dis ‘on’.
Gaël Monfils en conférence de presse
Son premier set raté mardi (18 fautes directes pour 4 coups gagnants) a ouvert la porte à une nouvelle désillusion Porte d’Auteuil, là où il a vécu ses plus belles émotions et ses plus belles communions avec le public. Mais tout a basculé dans le jeu décisif de la deuxième manche, où il a sauvé une balle de set.
“A un moment, il y a un 1-6, je suis déboussolé, il y a des débuts de jeu durs. Je sens qu’il ne faut pas lâcher. Le public ne me lâche pas, et il fait la différence dans le tie-break. ‘On’ lui met la pression (à Ramos-Viñolas). Je dis ‘on’.”
Et c’est à 1 000, limite fixée par la situation sanitaire, qu’ils ont renversé Ramos-Viñolas. Comme à son habitude, Monfils s’est nourri de la force envoyée par les spectateurs du Suzanne-Lenglen, devenus des supporters bouillants le temps d’un match.
“Le public pousse, je lui demande de pousser, je sens que je peux tenter, et je tente… Je joue avec énormément d’adrénaline. Je n’étais pas si tendu que ça par le match. Mais avec le public, tu cogites moins. Tu te dis : ‘on est bien’…”
Enfin une porte ouverte vers des lendemains meilleurs
En pleine confiance, Monfils s’est en effet lâché au fil des échanges, pour finir par sortir les coups droits dont il a le secret et pour couvrir le terrain avec cette abnégation qui en a fait l’un des meilleurs défenseurs du monde. Mais il a aussi su se forcer pour prendre ses responsabilités et faire reculer Ramos-Viñolas. Par exemple en se positionnant ponctuellement tout près de son carré de service pour retourner.
“Ce n’est pas dans ma nature d’être agressif. J’essaie de ne pas y penser et de trouver le bon équilibre dans mon jeu.”
Après des mois de galère, une simple qualification pour le deuxième tour à Roland-Garros ne fait pas s’envoler toutes les interrogations. Mais elle ouvre une porte vers des lendemains meilleurs, et Monfils n’arrivait même pas à l’envisager il n’y a pas si longtemps.
“Ça ne va pas revenir du jour au lendemain. Il y aura des victoires, des défaites, des fautes…”
Et probablement dès jeudi, lors de son deuxième tour contre Mikael Ymer. Mais l’essentiel est ailleurs. C’est de faire en sorte que ce sourire avec lequel il a quitté le Suzanne-Lenglen reste accroché à son visage. Parce que c’est la clé pour que Monfils soit “La Monf'”. A Roland-Garros ou ailleurs.