1er juin 2013 : Le jour où Isner a sauvé 12 balles de match pour rien contre Haas
John Isner réussit l’exploit de sauver 12 balles de match le 1er juin 2013, en 8e de finale de Roland-Garros, contre Tommy Haas. Mais l’Américain, habitué des matchs de folie, finira tout de même par s’incliner en cinq sets.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis
Le 1er juin 2013, à Roland-Garros, John Isner, qui avait déjà disputé le plus long match de l’histoire du tennis à Wimbledon en 2010, établit un nouveau record en sauvant 12 balles de match contre Tommy Haas. Personne n’avait jamais sauvé autant de balles de match dans le tableau principal d’un tournoi du Grand Chelem. Mais l’Américain, qui a remonté un handicap de deux sets à zéro, finit tout de même par s’incliner (7-5, 7-6, 4-6, 6-7, 10-8) à l’issue d’un combat de quatre heures et 37 minutes, quittant le tournoi au troisième tour.
Les acteurs
- Tommy Haas, l’ancien du Top 20
En 2013, Tommy Haas, 35 ans, est le joueur le plus âgé du Top 20. L’Allemand, formé à l’académie de Nick Bollettieri, en Floride, est l’un des rares joueurs encore en activité à avoir fait son entrée dans le Top 100 au XXe siècle (1997). Avec son jeu puissant et son superbe revers à une main, il était considéré comme un potentielNn°1 mondial. Mais bien qu’il se soit hissé jusqu’à la deuxième place, en 2002, il n’a jamais atteint la finale d’un tournoi du Grand Chelem. Au cours d’une carrière marquée par les blessures – il a déjà subi six opérations – Tommy Haas a atteint les demi-finales de quatre tournois majeurs (trois fois à l’Open d’Australie, en 1999, 2002 et 2007, et une fois à Wimbledon, en 2009) et a remporté 14 titres, dont le Masters 1000 de Stuttgart en 2001 (en battant Max Mirnyi en finale, 6-2, 6-2, 6-2). Depuis ses dernières opérations, en 2010, il est revenu dans le Top 20, et son plus grand exploit de ces dernières années a été de battre Roger Federer en finale de Halle, en 2012 (7-6, 6-4). Au début de l’édition 2013 de Roland-Garros, il est 14e mondial.
- John Isner, le spécialiste des scénarios improbables
L’Américain John Isner est déjà connu pour avoir disputé le plus long match de l’histoire du tennis, en 2010, lors d’un premier tour de Wimbledon légendaire contre Nicolas Mahut, qui a duré onze heures et cinq minutes, réparties sur trois jours.
Le géant américain, né en 1985, passe professionnel en 2007, à l’âge de 22 ans, poussé par ses succès dans le tennis universitaire. Il atteint sa première finale en tant que wild-card à Washington, en 2007 (défaite contre Andy Roddick, 6-4, 7-6), alors qu’il est seulement 416e mondial. Il entre dans le Top 100 deux ans plus tard, atteignant les huitièmes de finale de l’US Open 2009 (battu par Fernando Verdasco, 4-6, 6-4, 6-4, 6-4). Son arme principale est le service, si difficile à prendre qu’Isner est régulièrement impliqué dans des matchs marathons, malgré son style de jeu très agressif. En 2010, il remporte son premier titre à Auckland, sauvant une balle de match en finale avant de s’imposer face à Arnaud Clément (6-3, 5-7, 7-6), quelques mois avant de marquer l’histoire du tennis à Wimbledon.
Bien que la terre battue ne soit pas sa surface de prédilection, il a montré que son service pouvait également y être dangereux : en 2011, il est le premier joueur à pousser Rafael Nadal à disputer un cinquième set à Roland-Garros (6-4, 6-7, 6-7, 6-2, 6-4). En février 2012, c’est sur terre battue qu’il bat Roger Federer en personne lors du premier tour de la Coupe Davis (4-6, 6-3, 7-6, 6-2). Cette année-là, à Paris, il est éliminé par Paul-Henri Mathieu à l’issue du match le plus long joué sans interruption de l’histoire du tournoi (6-7, 6-4, 6-4, 3-6, 18-16 en cinq heures et 41 minutes). En juin 2013, il est 21e mondial.
Le lieu : Le fameux Court N°1 de Roland-Garros
L’histoire se déroule à Roland-Garros. Le stade, situé dans l’ouest parisien, à la lisière du bois de Boulogne, accueille les Internationaux de France depuis 1928. C’est le premier et désormais le seul tournoi du Grand Chelem disputé sur terre battue, la surface la plus lente, ce qui en fait le tournoi le plus difficile sur le plan physique. En 1980, le premier court au monde en forme de cercle y est inauguré ; d’abord connu sous le nom de « Central Bis », il restera dans l’histoire comme le court N.1. Plus petit que le Central, sa forme et sa taille lui confèrent une ambiance particulière, et de nombreux matchs dramatiques s’y sont joués devant des spectateurs en délire.
L’histoire
En 2013, Tommy Haas est la tête de série N°12 de Roland-Garros, son plus haut rang en Grand Chelem depuis près de six ans. Un an plus tôt, au même endroit, l’Allemand avait dû passer par les qualifications pour gagner sa place dans le tableau principal. Cependant, Roland-Garros se joue sur la surface où il est le moins à l’aise, et c’est le seul des quatre Grands Chelems où il n’a jamais atteint les quarts de finale. Le public parisien se souvient surtout de sa défaite en cinq sets contre Roger Federer en huitièmes de finale, en 2009, après avoir mené deux manches à zéro.
L’Allemand, à 35 ans, est désormais le joueur le plus âgé encore en loce dans le tableau, après sa victoire au deuxième tour contre Jack Sock. Son prochain adversaire est John Isner, qui, douze mois auparavant, avait perdu contre Paul-Henri Mathieu le plus long match ininterrompu de l’histoire du tournoi.
“Presque de retour dans le top 10 à 35 ans, c’est incroyable”, déclare Isner à propos de Haas avant le match. “J’espère pouvoir être aussi bon à 35 ans”.
Mais la principale préoccupation d’Isner est déjà d’être aussi bon que son adversaire. Bien que le match soit programmé sur le court N°11, qui convient habituellement bien aux grands serveurs, l’Allemand reste solide pour remporter les deux premiers sets (7-5, 7-6), mais il se fait breaker au troisième set, qu’il perd 6-4. C’est au quatrième set que le match devient fou, lorsque, mené 6-5 sur son service, l’Américain écarte 9 balles de match pour pousser son adversaire dans un tie-break où il sauve trois balles de match supplémentaires. L’Allemand n’obtient qu’une seule de ces douze occasions sur son service. Mais il commet une double faute. Isner remporte le tie-break, 12-10, et profite de la dynamique pour se détacher 4-1 dans le set décisif.
Avoir break de retard au cinquième set contre un serveur tel qu’Isner est une situation pour le moins désespérée. Mais soudain, le héros de Wimbledon 2010 est frappé par les crampes. À 5-4, c’est au tour de Haas de sauver une balle de match. Neuf jeux plus tard, c’est bien l’Allemand qui s’impose (7-5, 7-6, 4-6, 6-7, 10-8). Lors du changement de côté qui a précédé le dernier jeu, Isner ne s’est même pas assis sur sa chaise de peur de ne plus pouvoir se relever.
“À 4-1, j’ai commencé à sentir des crampes dans les jambes, c’est vraiment dommage. Je n’arrivais plus vraiment à courir, surtout après le service, comme je l’aurais voulu à la fin, déclare Isner, selon eurosport.fr. Tommy est un joueur incroyable, il a un talent exceptionnel. Il travaille dur. Il a surmonté de nombreuses blessures. Il mérite vraiment le succès qu’il obtient à 35 ans. Je n’aurais jamais imaginé effectivement qu’il puisse le faire, mais il a beaucoup de courage et de persévérance.”
La postérité du moment
Au tour suivant, Tommy Haas dominera facilement Mikhail Youzhny (6-1, 6-1, 6-3), ce qui lui permettra d’atteindre les quarts de finale de Roland-Garros pour la première fois, à sa 12ème tentative. Là, Novak Djokovic sera trop fort pour l’Allemand (6-3, 7-6, 7-5). Haas terminera l’année 2013 au 12e rang mondial, son meilleur classement en fin d’année depuis 2007. Il ne prendra sa retraite qu’en 2018, mais au cours des années à venir, il ne pourra jouer que sporadiquement, subissant trois nouvelles interventions chirurgicales.