21 mai 2015 : Le jour où Herbert s’est incliné 27-25 au 3e set en qualifications à Roland-Garros
Pierre-Hugues Herbert a disputé en 2015 le match le plus long de l’histoire dans le tableau de qualifications pour Roland-Garros, chez les hommes. Avec à la clé une élimination pour le Français, battu par Andrea Arnaboldi après 4h26′ de jeu réparties sur deux jours.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Un match marathon à Roland-Garros
Le 21 mai 2015, Andrea Arnaboldi et Pierre-Hugues Herbert terminent la plus longue partie de l’histoire des qualifications masculines de Roland-Garros. Après que leur deuxième tour a été interrompu à 15-15 au troisième set la veille, Arnaboldi finit par s’imposer (6-4, 3-6, 27-25) après quatre heures et 26 minutes de jeu.
Les acteurs : Pierre-Hugues Herbert et Andrea Arnaboldi
- Pierre-Hugues Herbert, joueur de double avant tout
En mai 2015, Pierre-Hugues Herbert (24 ans) est principalement connu comme un joueur de double qui, associé à son compatriote Nicolas Mahut, a disputé la finale de l’Open d’Australie en début d’année (battus par Simone Bolelli et Fabio Fognini, 6-4, 6-4). Occupant le 145e rang mondial, ses plus grands faits d’armes en simple sont deux titres Challenger décrochés en 2013 et 2014. Herbert a atteint son meilleur classement, 108e mondial, en novembre 2014.
- Andrea Arnaboldi, Roland-Garros lui réussit bien
Andrea Arnaboldi, gaucher italien né en 1987, est 188e mondial à l’entame des qualifications de Roland-Garros 2015, non loin de son meilleur classement de l’époque (165e, en juin 2014). Inconnu du grand public, il a remporté sept titres Futures au cours des années précédentes, et il a fait sa seule apparition dans un tableau principal de Grand Chelem en sortant des « qualifs » de Roland-Garros en 2014, battu par son compatriote Simone Bolelli au premier tour (6-4, 6-4, 6-2).
Le lieu : Roland-Garros
L’histoire se déroule à Roland-Garros. Le stade, situé dans l’ouest parisien, à la lisière du bois de Boulogne, accueille les Internationaux de France depuis 1928. C’est le premier et désormais le seul Grand Chelem disputé sur terre battue, la surface la plus lente, ce qui en fait le tournoi le plus difficile sur le plan physique. Son Court Central, renommé Philippe-Chatrier (ancien président de la FFT) en 2001, dispose de 15 000 places.
L’histoire : 2 jours et plus de 4 heures de match pour un crève-coeur pour Herbert
Le mercredi 20 mai 2015, au deuxième tour du tableau des qualifications de Roland-Garros, lorsque Pierre-Hugues Herbert et Andrea Arnaboldi débutent leur match, personne ne peut s’imaginer qu’ils s’apprêtent à entrer dans l’histoire. Cependant, alors que les joueurs se sont partagés les deux premiers sets, ils se lancent dans un troisième set très disputé et, bien que l’Italien obtienne une balle de match à 6-5, il ne parvient pas à conclure. Après trois heures de jeu, alors que le score est de 15-15, la nuit tombe sur Roland-Garros et renvoie tout le monde au vestiaire.
Le lendemain matin, le 21 mai, j’étais le sparring-partner d’Herbert pour sa séance d’échauffement. Il avait demandé un gaucher et, bien qu’il soit venu sur le court avec son préparateur physique, il ne semblait pas particulièrement fatigué par le marathon de la veille. Lorsque notre séance de trente minutes s’est terminée, je lui ai souhaité bonne chance sans penser qu’il allait disputer 27 jeux supplémentaires et jouer le match le plus long de l’histoire des qualifications masculines de Roland-Garros.
Comme j’avais une pause dans mon emploi du temps, je me suis faufilé dans le carré des ramasseurs de balles pour regarder autant que possible ce match qui semblait ne jamais devoir finir. Arnaboldi avait servi en premier dans le troisième set, et Herbert se trouvait dos au mur à chacun de ses jeux de service. Les joueurs ne tardèrent pas à effacer des registres le plus long troisième set de l’histoire des qualifications (remporté par Daniel Nestor face à Thierry Guardiola, 22-20, en 1996).
Malgré le soutien du public, le Français ne fut pas en mesure de battre un record tout en s’imposant devant son public. Sur sa deuxième balle de match, Arnaboldi a réussi un retour gagnant qui l’a propulsé au tour qualificatif. Le gaucher italien, qui avait réussi à se qualifier dans le tableau principal en 2014, n’a pas gaspillé d’énergie en célébrations inutiles, car il savait qu’il n’avait pas beaucoup de temps pour récupérer avant d’affronter Marco Trungelliti, 217e mondial, au tour suivant.
La postérité du moment : Herbert aura plus de succès en double à Paris
Malgré cet énorme effort, Andrea Arnaboldi réussira à battre Marco Trungelliti au tour qualificatif (5-7, 7-5, 6-3). De plus, l’Italien remportera un autre marathon au premier tour du tableau principal, remontant un handicap de deux sets et sauvant une balle de match pour éliminer l’Australien James Duckworth (4-6, 6-7, 7-6, 7-6, 6-0). Il sera ensuite battu par le N°10 mondial, Marin Cilic, au deuxième tour (7-6, 6-1, 6-1). Cela restera la seule victoire d’Arnaboldi dans un tableau principal de Grand Chelem, et l’Italien se hissera jusqu’au 153e rang mondial en octobre 2015.
En simple, Pierre-Hugues Herbert atteindra la 39e place mondiale, en 2019, et il disputera quatre finales sur le circuit, la dernière à Marseille, en 2021, où il s’inclinera face à Daniil Medvedev en trois sets (6-4, 6-7, 6-4). Il connaîtra bien plus de succès en double : associé à Nicolas Mahut, il réalisera le Grand Chelem en carrière, triomphant à l’US Open 2015, ainsi qu’à Wimbledon en 2016, avant de soulever le trophée de Roland-Garros en 2018 et de remporter l’Open d’Australie en 2019.