21 décembre 1975 : le jour où Borg a offert à la Suède sa première Coupe Davis
Le 21 décembre 1975, Bjorn Borg, 19 ans, domine le Tchécoslovaque Jan Kodes (6-4, 6-2, 6-2), offrant ainsi à la Suède la première Coupe Davis de son histoire.
Ce qu’il s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : Borg place la Suède sur le toit du monde
Ce jour-là, le 21 décembre 1975, Björn Borg, 19 ans, domine le Tchécoslovaque Jan Kodes (6-4, 6-2, 6-2), offrant ainsi à la Suède la première Coupe Davis de son histoire. Le Suédois, qui malgré son jeune âge a déjà remporté deux fois Roland-Garros, n’a pas perdu un seul match durant toute la campagne, accumulant 12 victoires en simple et 3 en double. C’est la première finale de l’histoire de la Coupe Davis dans laquelle n’apparaît aucune des quatre nations historiques (Grande-Bretagne, États-Unis, Australie, France), la finale de 1974 entre l’Inde et l’Afrique du Sud ayant été annulée pour des raisons politiques.
Les acteurs : Björn Borg et Jan Kodes
- Björn Borg, le prodige
Björn Borg, né en 1956, est le champion qui a changé le tennis pour toujours. Sa « starisation » sans précédent et ses nombreux succès contribuent à faire du tennis un sport très populaire à la fin des années 1970. Son style de jeu, avec un usage inhabituel du lift et un revers à deux mains très curieux pour l’époque, est simplement révolutionnaire et sera copié dans le monde entier. Son surnom, « Ice Borg », reflète son attitude sur le court : il semble maîtriser ses émotions en toutes circonstances. Ayant commencé le tennis à l’âge de 9 ans, il fait déjà partie de l’équipe suédoise de Coupe Davis à l’âge de 15 ans, et, pour sa première participation à cette compétition, il gagne son simple contre le Néo-Zélandais Onny Parun.
Il passe pro l’année suivante, en 1973, avant même de fêter ses dix-sept ans, et il atteint bientôt la finale de Monte-Carlo, où il est battu par Ilie Nastase (6-4 6-1 6-2). Sa domination commence en 1974, où, à l’âge de 18 ans, il remporte son premier titre du Grand Chelem à Roland-Garros, devenant le plus jeune vainqueur de l’histoire du tournoi, venant à bout de Manuel Orantes (2-6, 6-7, 6-0, 6-1, 6-1). Le Suédois est invaincu à Paris, où il s’impose une deuxième fois en 1975, dominant Guillermo Vilas en finale (6-2, 6-3, 6-4). Quelques mois plus tard, il parvient en demi-finales de l’US Open, alors disputé sur terre battue, mais il est éliminé par le n°1 mondial, Jimmy Connors (7-5, 7-5, 7-5). À la fin de la saison 1975, il est 3e mondial.
- Jan Kodes, vainqueur de Grand Chelem
Jan Kodes est né en 1946 à Prague, en Tchécoslovaquie. Il commence à jouer de par le monde en 1966, mais ce n’est qu’en 1970 qu’il obtient ses résultats les plus marquants. Cette année-là, il s’impose à Roland-Garros pour la première fois, battant Zeljko Franulovic en finale (6-2, 6-4, 6-0), et en 1971, il parvient à conserver son titre, aux dépens cette fois d’Ilie Nastase (8-6, 6-2, 2-6, 7-5). Avec son tennis fondé sur la régularité, il met plus de temps à obtenir de bons résultats sur gazon, mais en 1971, il se hisse en finale de l’US Open, où il est battu par Stan Smith (3-6, 6-3, 6-2, 7-6), et en 1973, alors que les meilleurs joueurs du monde boycottent le tournoi, il triomphe à Wimbledon (aux dépens d’Alex Metreveli, 6-1, 9-8, 6-3). À la fin de l’année 1975, il n’est plus que 19e mondial, mais il peut encore se montrer dangereux, comme le montre sa victoire sur Adriano Panatta en finale de Madrid (5-7, 2-6, 7-6, 6-2, 6-3), son 8e titre sur le circuit.
Le lieu : Stockholm
La finale de la Coupe Davis se déroule à Stockholm, à la Kungliga Tennishallen, où se déroule habituellement l’Open de Stockholm. C’est la première fois dans l’histoire de la compétition que la finale a lieu ailleurs qu’aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Australie ou en France. En effet, l’abandon en 1972 du Challenge Round, qui qualifiait automatiquement le tenant du titre pour la finale, a rendu le tournoi plus ouvert.
L’histoire : “C’est la plus belle victoire de ma vie”
Pour rejoindre la finale de la Coupe Davis 1975, la Suède a dû éliminer quatre équipes : l’Allemagne de l’Ouest, l’URSS, l’Espagne et enfin le Chili (cette dernière rencontre ayant failli être annulée en raison de manifestations contre la dictature de Pinochet). Tout au long de ces rencontres, Björn Borg, le prodige suédois, est resté invaincu en simple comme en double. Épaulé par Birger Andersson, qui a réussi à battre Jose Higueras lors du quart de finale contre l’Espagne, Borg mène son équipe en finale. Lors de cette finale, la Suède affronte la Tchécoslovaquie de Jan Kodes. Borg ouvre la rencontre en détruisant Jiri Hrebec (6-1, 6-3, 6-0), mais le géant Ove Bengston, qui a été préféré à Andersson, est vaincu par Kodes (4-6, 6-2, 7-5, 6-4). Le samedi, Borg et Benston prennent le dessus sur Kodes et Vladimir Zednik (6-4, 6-4, 6-4), donnant ainsi à Borg l’occasion de décrocher le titre face à Kodes le lendemain. Bien que le Tchécoslovaque ait remporté leurs deux premiers duels, en 1972, Borg l’a depuis battu à quatre reprises. Le 21 décembre 1975, l’étoile montante surclasse le veteran en trois sets secs, 6-4, 6-2, 6-2, en moins de deux heures.
“C’est la plus belle victoire de ma vie, j’ai toujours rêvé de gagner la Coupe Davis, depuis mes débuts dans cette compétition il y a trois ans”, déclare Borg, d’après le New York Times. “Je n’avais jamais été aussi nerveux avant un grand match. Je n’ai pu dormir que quatre ou cinq heures, la nuit dernière, mais après le premier jeu je me suis senti très relâché.”
La postérité du moment : Borg a ouvert la voie
Bjorn Borg ne remportera plus jamais la Coupe Davis, mais il y affichera l’un des plus beaux rapports victoires/défaites de l’histoire (37-3).
Ayant accumulé 11 titres du Grand Chelem avant même son 25e anniversaire, Borg, épuisé par l’attention permanente dont il est l’objet et la pression qui en découle, raccrochera précocement ses raquettes. Malgré son incroyable palmarès, la finale de la Coupe Davis 1975 restera l’un de ses meilleurs souvenirs, comme il l’admettra en 2018 :
“Jouer la Coupe Davis à Stockholm durant ces trois jours est probablement l’un de mes meilleurs souvenirs de tennis, et surtout, gagner mes deux simples et le double était très important pour moi. Je me souviens, après, on était là, les petits Suédois, et on avait gagné la Coupe Davis, c’était énorme.”
Inspirée par Borg, la génération de joueurs suédois à venir (menée par Mats Wilander et Stefan Edberg) allait remporter la Coupe Davis à trois reprises et disputer sept finales consécutives au cours des années 1980.