Calendrier ATP/WTA 2021 : Tous les scénarios restent ouverts (les meilleurs et les pires)
Tennis Majors a sondé les organisateurs des tournois sur les circuits professionnels en 2021. Seule une infime minorité affirme travailler activement à l’organisation de ses événements, et tous se savent dépendants de facteurs extérieurs. Voici le deuxième volume de notre série sur le calendrier du tennis en 2021.
C’est le genre de communication qui sent le neuf et aide à se projeter sur la saison nouvelle : la WTA a tout juste confirmé qu’elle rebaptisait ses catégories de tournoi pour plus de lisibilité. Reste que son calendrier 2021 est un document qui n’existe tout simplement pas, alors que le mois de décembre est déjà entamé. L’ATP, de son côté, a bien diffusé un PDF mis à jour sur son calendrier 2021, il y a trois mois. Mais le document n’a déjà plus beaucoup de valeur en ce qui concerne les semaines à venir.
Le report probable de l’Open d’Australie du 8 au 21 février 2021 – si les joueuses et les joueurs acceptent les conditions exigeantes qui leur sont fixées – annonce un nouveau chamboulement absolu du calendrier et, à l’heure où nous écrivons ces lignes, une absence de certitude sur le fil de la saison de tennis 2021.
Le calendrier du premier trimestre dépend de l’Open d’Australie
Les tournois de préparation à l’Open d’Australie, initialement prévus la première quinzaine de janvier ? Auckland est déjà annulé. L’ATP Cup est condamnée, de fait, par l’impossibilité pour les étrangers de rejoindre l’Australie en décembre. Pour le reste, qui irait à Doha ou Adelaïde sans la perspective de l’Open d’Australie à jouer deux semaines plus tard ; et qui imagine que ces événements se maintiendront avec le régime strict imposé aux voyageurs vers l’Australie ?
Les tournois de février, qui assurent tous les ans cette zone « tampon » entre Melbourne et le « Sunshine Tour » d’Indian Wells et Miami ? Rotterdam, Rio de Janeiro, Marseille, Montpellier, Buenos Aires, New York, entre autres, seraient balayés d’un revers de la main en cas de déplacement de l’Open d’Australie, comme la Laver Cup et Metz l’avaient été le jour où Roland-Garros s’était décalé du printemps à l’automne 2020.
Over een nieuwe datum: Op dit moment is het de wens van de @AustralianOpen die is gecommuniceerd. Vanuit de ATP (toernooien én de spelers) is hier nog geen definitieve reactie op gegeven. We willen daar niet op vooruitlopen, maar gaan ervan uit dat er een goede oplossing komt. pic.twitter.com/EtVkykwGq2
— ABN AMRO WTT (@abnamrowtt) December 2, 2020
Pour savoir ce que vous avez une chance de voir sur vos écrans ou près de chez vous au cours de l’année 2021, Tennis Majors a interrogé tous les organisateurs de Grand Chelem et de Masters 1000, ainsi que tous les organisateurs de tournois programmés habituellement entre le début de l’année et Roland-Garros, fin mai.
Sur 44 tournois, 9 confirment travailler activement à une édition 2021
Leurs réponses nous donnent l’image saisissante d’un monde du tennis globalement déterminé à poursuivre ses activités, malgré l’absence de perspective économique réjouissante, mais plutôt démuni sur sa capacité d’action à court terme.
« Des facteurs multiples nous conduiront à une prise de décision, à une échéance de deux à quatre semaines », nous dit par exemple Josh Ripple pour le compte du Miami Open, annoncé deuxième quinzaine de mars.
Sur les 44 tournois ATP et WTA programmés d’ici au 23 mai 2021, date théorique du début de Roland-Garros, seuls neuf nous ont officiellement confirmé qu’ils travaillaient activement à la tenue de leur événement. En plus de l’Open d’Australie, nous comptons:
Du côté de l’ATP :
- Rotterdam (ABN AMRO World Tennis Tournament, du 8 au 14 février)
- Buenos Aires (Argentina Open, du 8 au 14 février)
- Marseille (Open 13 Provence, du 15 au 21 février) (voir l’entretien du directeur Jean-François Caujolle dans L’Equipe)
Du côté de la WTA :
- Charleston (Volvo Car Open, début avril)
- Stuttgart (Porsche Tennis Grand Prix, fin avril)
Et des deux côtés : Rome et Cincinnati.
Ils sont seulement neuf à communiquer plus ou moins activement, sur leurs propres médias, à propos d’une édition à venir en 2021. L’ATP Cup et Adélaïde, pourtant aujourd’hui quasiment condamnés, font partie de cette liste avec les tournois ATP de Delrey Beach, Houston, Barcelone et Munich, mais aussi quatre Masters 1000 : Miami, Indian Wells, Monte-Carlo.
Tous les autres tournois attendus pour le début de la saison de tennis 2021 indiquent ne rien avoir communiqué dans l’immédiat et ne le font pas depuis la fin de leur édition 2020. Steve Simon, le président de la WTA, nous a expliqué que le calendrier 2021 qu’il espérait mener à bout ne comptait aucun absent par rapport à une année “normale”.
Les Masters 1000 et les Grands Chelems, colonne vertébrale
Qu’Indian Wells, Miami, Monte-Carlo, Rome et Cincinnati se projettent sur leur édition 2021 est la garantie – sauf troisième vague mondiale incontrôlable de COVID-19 ou autre événement planétaire majeur – d’une saison dotée d’une colonne vertébrale plus traçable qu’en 2020. La moitié des événements avaient été annulés, seuls trois Grands Chelems ont eu lieu (dont un reporté), avec trois Masters 1000 sur neuf, et un seul des deux Masters (les ATP Finals, chez les hommes donc).
Les acteurs du monde du tennis préparent une année moins perforée, mais cela dépend encore de facteurs qui leur échappent globalement.
« En ce qui nous concerne, un des facteurs-clefs sera de voir comment s’organise le Sud de la Floride pour le développement et la distribution du vaccin », énonce par exemple Josh Ripple pour Miami.
Plus de sérénité affleure de la part d’un tournoi comme Rome. En 2020, l’Italian Open a été reporté de quatre mois et a su s’adapter, y compris en dernière minute, aux décisions politiques.
« Nous vendons déjà des places, nous répond-on depuis le Foro Italico. Nous avons organisé le tournoi en 2020 dans le strict respect des protocoles demandés par les autorités sanitaires, l’ATP et la WTA, et nous n’avons enregistré aucune contamination. Nous espérons un retour à la normale en 2021, mais nous saurons nous adapter si nécessaire. »
Cette résolue placidité s’applique aussi à l’Open du Canada, pourtant reporté en 2020.
« Notre équipe est résolue à proposer aux fans le meilleur spectacle possible, nous a répondu l’organisation. Nous sommes convaincus que nos partenaires et nous allons trouver toutes les solutions nécessaires pour une grande célébration du tennis, avec les hommes du circuit ATP entre le 7 et le 15 août à Toronto, et avec les femmes de la WTA du 6 au 15 à Montréal. Il peut encore se passer beaucoup de choses, mais nous saurons nous inspirer des bonnes pratiques mises en place par les autres tournois avant nous. »
L’Open du Canada décrit sa situation en des termes comparables à ceux de Wimbledon. Le 16 octobre, au pied de la deuxième vague au Royaume-Uni, le All England Club avait indiqué ne pas envisager une absence de tournoi en 2021.
« L’AELTC travaille sur plusieurs scénarios opérationnels, répartis en trois catégories : accueil du public à pleine capacité, à capacité réduite ou à huis clos. »
Wimbledon ne parle pas de modifier ses dates. Par les temps qui courent, c’est un événement notable.
- Lire aussi le premier épisode de notre série : L’Open d’Australie 2021, symbole des enjeux d’organisations qui accablent le tennis
- Le troisième épisode, à paraître samedi, sera un grand entretien avec Steve Simon, le CEO de la WTA, dont voici un premier extrait.