Sabalenka-Pegula : quatre questions autour de la finale dames de l’US Open

Aryna Sabalenka et Jessica Pegula s’affrontent ce samedi soir (à partir de 22h) dans une finale dames de l’US Open qui récompense logiquement les deux joueuses les plus en vue de l’été nord-américain. La Biélorusse, qui jouera sa quatrième finale majeure, part favorite mais l’Américaine, pour qui ce sera une grande première, a des atouts à faire valoir.

SABALENKA_PEGULA_USOPEN_2024

Comme l’année dernière, la finale dames de l’US Open opposera, ce samedi (à partir de 22h, heure française), la numéro 2 mondiale Aryna Sabalenka à une joueuse américaine classée au rang de tête de série n°6. Jessica Pegula tentera de succéder à sa compatriote Coco Gauff, qui avait créé une petite surprise en s’imposant l’an dernier face à la Biélorusse.

Alors que beaucoup de leurs rivales, au premier rang desquelles la numéro 1 mondiale Iga Swiatek (battue justement par Pegula en quarts), sont arrivées sur la jante dans cet US Open après un été olympique meurtrier, les deux rescapées finales ont démontré un état de fraîcheur qui a fait la différence.

L’une et l’autre ont un point commun : elles ont toutes deux été blessées en cours de saison, un mal qui s’avère désormais être un bien pour cet ultime Grand Chelem. “JPEG” a connu une blessure au dos qui l’a notamment forcée à manquer Roland-Garros, et “Saba” un souci à l’épaule qui l’a conduite à se retirer de Wimbledon et des Jeux Olympiques.

Mais depuis le début de l’été nord-américain, les deux joueuses “pètent” la santé et se retrouvent logiquement pour une finale peut-être plus indécise qu’elle n’y paraît.

Est-ce la finale que l’on attendait ?

Aryna Sabalenka (26 ans) était attendue de pied ferme à ce niveau, Jessica Pegula (30 ans) un peu – beaucoup – moins mais sa présence est totalement méritée vu ses résultats du mois écoulé. Au bout du compte, il s’agit de la finale la plus logique entre les deux joueuses “stars” de l’été nord-américain, lors duquel elles se sont partagées les honneurs, et déjà rencontrées en finale de Cincinnati, pour une victoire de la Biélorusse (6-3, 7-5).

Cela dit, c’est bien l’Américaine qui a obtenu les meilleurs résultats d’ensemble sur l’US Open Series : titrée à Toronto (elle s’était déjà imposée un an plus tôt à Montréal), finaliste à Cincinnati et donc (au moins) finaliste à l’US Open, elle est seulement la quatrième joueuse de l’ère Open a atteindre la finale des trois grands tournois nord-américains de l’été, après Rosemary Casals (1970), Evonne Goolagong (1973) et Serena Williams (2013). Elle a désormais remporté 15 de ses 16 derniers matches. Une tornade !

Quoique ce qualificatif de tornade est d’ordinaire plus naturellement accolé au nom d’Aryna Sabalenka, surtout sur dur. Titrée à l’Open d’Australie en 2024 comme en 2023, la native de Minsk visera cette année un doublé rare des Grands Chelems sur dur, qu’elle avait raté de peu l’an dernier face à Coco Gauff. Malgré tout, depuis début 2023, elle a remporté 26 de ses 27 derniers matches disputés à Melbourne ou à New York.

Quelles conséquences en cas de succès de Sabalenka ?

Aucune au classement mondial, puisqu’elle restera numéro 2 derrière Iga Swiatek. Quant à la qualification pour le Masters (une formalité), elle est déjà en poche. En revanche, en cas de titre, Aryna Sabalenka pourrait, comme on vient de le dire, réussir un rare doublé Open d’Australie-US Open la même saison. Doublé que seules quatre joueuses ont réussi depuis le début de l’ère moderne, en 1968 : Steffi Graf (1988-89), Monica Seles (1991-92), Martina Hingis (1997) et Angelique Kerber (2016). Mais, étonnamment, jamais Serena Williams.

La Biélorusse décrocherait par ailleurs le troisième titre en Grand Chelem de sa carrière, ce qui la placerait à la quatrième place parmi les joueuses en activité derrière Venus Williams (7), Iga Swiatek (5) et Naomi Osaka (5). Accessoirement, elle éviterait la “malédiction” new yorkaise de sa compatriote Victoria Azarenka, elle aussi deux fois titrée à l’Open d’Australie mais battue trois fois en finale de l’US Open.

Quelles conséquences en cas de succès de Pegula ?

Son parcours new yorkais aura, pour elle, de bonnes conséquences au classement puisqu’elle sera lundi numéro 3 mondiale, égalant sa meilleure marque. Mais elle ne peut espérer mieux, même en cas de succès. Jessica pourrait en revanche devenir la troisième joueuse de l’ère Open à décrocher son premier sacre en Grand Chelem après avoir fêté ses 30 ans, ce que seules Ann Jones (Wimbledon 1969) et Flavia Pennetta (US Open 2015) ont réussi pour l’instant.

Elle deviendrait par ailleurs la dixième joueuse américaine à s’imposer à New York, la cinquième depuis 2000 après les sœurs Williams, Sloane Stephens et donc Coco Gauff l’an dernier, soit quatre joueuses d’origine afro-américaine. Pegula, elle, serait la toute première Asio américaine à décrocher un titre majeur (sa maman est d’origine sud-coréenne).

Enfin, Pegula, tombeuse d’Iga Swiatek en quart de finale, pourrait devenir la première joueuse à battre les n°1 et n°2 mondiales sur le chemin d’un succès en Grand Chelem depuis Svetlana Kuznetsova à Roland-Garros en 2009. Et la première à l’US Open depuis Maria Sharapova en 2006.

qui est la favorite ?

Tout désigne Aryna Sabalenka : le classement, le statut, l’expérience, les face-à-face (5-2, dont ce dernier duel tout récent à Cincinnati) ainsi que l’impression générale laissée durant le tournoi.

Dans la colonne de gauche, on pourrait rappeler le souvenir de l’an dernier quand, alors qu’elle était déjà favorite contre Coco Gauff, elle s’était écroulée mentalement après avoir eu la finale en mains. Mais on a plutôt l’impression que ce souvenir malheureux joue au contraire en sa faveur : c’est déjà en l’exorcisant qu’elle a réussi à sortir son meilleur tennis lorsque cela commençait à devenir chaud, en demi-finale, contre une autre Américaine (Emma Navarro).

C’est peut-être la meilleure joueuse du monde sur dur, mais je pense pouvoir pratiquer un jeu qui peut la frustrer.

Jessica Pegula.

En résumé, on imagine mal la numéro 2 mondiale passer à côté de son match. Mais on peut tout à fait envisager Jessica Pegula capable, à la régulière, de lui glisser quelques peaux de banane et finir par instiller le doute en elle.

“C’est peut-être la meilleure joueuse du monde sur dur, mais je pense que je suis aussi une très bonne joueuse de dur”, a d’ailleurs tenu à rappeler, à juste titre, celle dont les parents sont des entrepreneurs milliardaires. “Je pense pouvoir pratiquer un jeu qui peut la frustrer. Il faudra que je sois agressive mais sans en faire trop, la faire bouger, servir intelligemment et essayer de la mettre sous pression sur son propre service. Bon, à Cincinnati, elle avait servi incroyablement… J’espère juste que ce sera un peu moins bien cette fois !”

“On s’est fait de bonne batailles par le passé, des matches très difficiles, très serrés, comme c’était le cas à Cincinnati même si j’ai gagné en deux sets”, a déclaré Sabalenka de son côté. “Elle joue un tennis vraiment incroyable, et elle est dans une forme incroyable. Cela sera sans doute une autre belle bataille contre elle. J’ai hâte !” Nous aussi…

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