Wimbledon interdit aux joueurs russes et biélorusses (sauf si la guerre s’arrête)
Wimbledon confirme que les joueurs russes et biélorusses ne pourront pas participer au tournoi cette saison, comme effort à la diminution de l’influence de la Russie dans le monde après l’éclatement de la guerre en Ukraine.
Le All England Club, qui organise le tournoi de Wimbledon, a confirmé mercredi après-midi les informations de presse parues plus tôt dans la journée, notamment dans le New-York Times : les joueurs et joueuses de nationalités russe et biélorusse n’auront pas le droit de disputer le troisième Grand Chelem de l’année à Londres (27 juin – 10 juillet).
Cette mesure est une déclinaison de la politique du gouvernement britannique visant à réduire a minima le rayonnement de la Russie et son allié biélorusse à l’international dans le cadre de la guerre lancée contre l’Ukraine le 24 février et des diverses violations du droit international qui ont suivi.
Premier de tournoi de tennis à aller si loin
“ll est notre dans notre intention, avec nos profonds regrets, d’interdire la participation des joueurs russes ou biélorusses à Wimbledon 2022”, écrit le All England Club dans un communiqué. Wimbledon est le premier tournoi de tennis à prendre une telle disposition. La Russie avait jusqu’ici été interdite de compétitions par équipes dans le tennis, même si plusieurs figures du tennis ukrainien avaient appelé à la suspension des joueurs russes, notamment Alexandr Dolgopolov ou, ce week-end, Olga Savchuk, capitaine de l’équipe ukrainienne de Billie-Jean-King Cup.
Cette mesure s’applique en premier lieu à Daniil Medvedev, numéro 2 mondial à l’ATP, après avoir été numéro un cette saison, et huitième de finaliste en 2021. Mais elle concerne aussi Andrey Rublev (8e à l’ATP), Karen Khachanov (26e), Aslan Karatsev (30e) en qualité de Russes et Ilya Ivashka (46e), biélorusse, chez les hommes.
Chez les femmes, cela exclut deux Biélorusses de premier plan Aryna Sabalenka (4e à la WTA, demi-finaliste en 2022) et l’ex-numéro un mondiale Victoria Azarenka (18e) et un huitième du Top 100, soit douze joueuses au total. Sont aussi concernées : Anastasia Pavlyuchenkova (15e), Daria Kasatkina (26e), Verikova Kudermetova (29e), Liudmila Samsonova (31e), Ekatarina Alexandrova (39e), Aliaksandra Sasnovich (51e), Varvara Gracheva (73e), Anna Kalinskaya (75e), Kamilla Rakhimova (95e) et Vera Zvonareva (100e).
Il est triste que des sportifs souffrent des actes des principaux dirigeants russes
Ian Hewitt, président du All England Club
Voici la traduction intégrale de ce communiqué :
“Au nom du All England Club et du comité directeur du tournoi de Wimbledon, nous exprimons notre soutien permanent à toutes les personnes touchées par le conflit en Ukraine, en cette période choquante et inquiétante.
Nous sommes alignés sur toutes les condamnations des actions entreprises illégalement par la Russie et avons, en qualité d’institution sportive, très attentivement considéré la situation, nos devoirs envers les joueurs, la population locale, et les Britanniques en général. Nous avons aussi pris en considération les recommandations du gouvernement britannique sur les événements de sport.
Etant donnée le rayonnement de Wimbledon au Royaume Uni et au-delà, il est de notre responsabilité de prendre part aux efforts globaux du gouvernement, du secteur, des entreprise de sport et de culture pour limiter l’influence de la Russie autant que possible.
Il serait inacceptable de voir la Russie tirer le moindre bénéfice de la participation de joueurs russes ou biélorusses à Wimbledon.
En ces circonstances d’agression militaire sans précédent et sans justification, il serait inacceptable de voir la Russie tirer le moindre bénéfice de la participation de joueurs russes ou biélorusses à Wimbledon.
Il est notre dans notre intention, avec nos profonds regrets, d’interdire la participation des joueurs russes ou biélorusses à Wimbledon 2022.
Ian Hewitt, président du All England Club, commente : “Nous admettons que pour les individus concernés, cette mesure est dure, et il est triste que des sportifs souffrent des actes des principaux dirigeants russes. Des mesures alternatives respectant les recommandations du gouvernement britannique ont été étudiées, mais étant donnée l’importance de Wimbledon, la nécessité de ne pas laisser le sport participer à la mise en valeur du régime russe et notre grand souci de protéger la sécurité de chacun, notamment les joueurs et leur famille, nous ne pensons viable aucune autre disposition.
Si la situation change matériellement entre maintenant et le mois de juin, nous procéderons à une révision proportionnée de notre position.
Nous accueillons aussi avec bienveillance la décision de la LTA (la fédération britannique, ndlr) de refuser les participations des joueurs russe et biélorusse aux événements joués en territoire britanniques fin de garantir une cohérence pendant tout l’été à ce sujet.” Cette dernière phrase concerne de fait les tournois ATP du Queen’s et d’Eastbourne et les tournois WTA de Nottingham, Birmingham et Eastbourne.
Interdiction sans condition
Cette interdiction est inconditionnelle. Première autorité à avoir pris la parole sur le sujet, le ministre des Sports Nigel Huddleston avait dans un premier temps, en mars, laissé entendre que les joueuses et joueurs qui prendraient une position notoirement anti-Poutine auraient légitimement le droit de participer. Le nom du président russe n’est pas mentionné dans le communiqué.
Or, si plusieurs joueurs ont appelé à la paix, comme Rublev, Pavlyuchenkova ou Medvedev, une prise de position publique intuitu personae contre le dictateur russe Vladimir Poutine serait de nature à mettre en danger les proches des joueurs vivant sur le territoire russe, estime l’entourage de la plupart d’entre eux.
Interrogée le mois dernier, à l’époque où Wimbledon n’avait pas pris de décision formelle, la FFT avait indiqué qu’une telle mesure ne s’appliquerait pas à Roland-Garros. La directrice générale Amélie Oudéa-Castéra avait déclaré le 23 mars : “Dans les compétitions individuelles, seuls les sportifs sélectionnés par leur pays pour les représenter peuvent faire l’objet d’une suspension. C’est notre position commune, et elle a été confortée par la déclaration commune de 37 ministres des Sports du 9 mars 2021″.
Le président de la FFT Gilles Moretton avait précisé, pour souligner à quel point la situation était tendue et mouvante : “Pour l’instant”.