Qui est Danka Kovinic, la joueuse qui tentera lundi de mettre fin à la carrière de Serena ?
Elle s’habitue progressivement à la lumière des projecteurs, mais n’a jamais été exposée en mondovision comme elle le sera lundi : voici Danka Kovinic, qui sera l’adversaire de Serena Williams au 1er tour de l’US Open.
“Quel grand moment ça va être ! J’ai hâte.” Quand elle a appris qu’elle serait la première – et peut-être dernière ? – adversaire de Serena Williams à l’US Open, ce lundi en night session, Danka Kovini n’a pas mis longtemps à manifester son enthousiasme sur twitter. Et elle est sincère. La Monténégrine, actuellement 80e mondiale – mais classée 46e à son meilleur en 2016 -, a mis un moment à se considérer comme une actrice à part entière des plus grands tournois du monde. Aujourd’hui, elle savoure chaque opportunité qui s’offre à elle. Et l’on peut difficilement faire plus grand que d’être invitée au dernier bal de celle qui est probablement la plus grande joueuse de tous les temps.
Membre de l’académie Tipsarevic
A 27 ans, Danka Kovinic fait partie de l’académie de Janko Tipsarevic (à Belgrade) depuis mars 2019. Le Serbe, ancien n°8 mondial, l’a prise sous son aile et a su lui redonner confiance, à une époque où Kovinic doutait. Surtout, il a su remodeler son style de jeu en lui expliquant comment éviter de se saborder toute seule.
“Janko m’a conseillée de rester agressive mais d’arrêter d’essayer de finir les points au bout de deux, trois ou quatre frappes comme j’avais l’habitude de le faire, et comme on m’avait appris à faire, a ainsi expliqué celle qui avait bien résisté à Iga Swiatek au troisième tour de Roland-Garros cette année – mais qui n’a toutefois plus gagné un match depuis en raison de soucis physiques (voir plus bas). En fait, j’éviter les longs rallyes parce que je pensais ne pas pouvoir jouer de cette manière.”
Du haut de son 1,69 m, Kovinic est en effet une joueuse agressive qui aime frapper fort des deux côtés, avec une préférence pour le côté coup droit même si elle est également capable de lâcher de beaux revers à plat. Elle utilise par ailleurs souvent l’amortie, une arme qui pourrait être efficace contre Serena, mais sa deuxième balle de service demeure une faiblesse qui devrait en revanche être largement exploitée par l’Américaine.
Très inconstante au début de sa carrière, sujette à des hauts et des bas, Kovinic fait preuve de plus de calme et ne devrait pas être intimidée par l’occasion, comme elle aurait pu l’être dans sa jeunesse.
Le travail effectué par Kovinic aux côtés de Tipsarevic a porté ses fruits avec quelques bons résultats notables, mais il a également été freiné à maintes reprises par des blessures. La Monténégrine ne compte pour l’heure aucun titre à son palmarès, mais elle a joué quatre finales (Tianjin 2015, Istanbul 2016, Bastad 2019 et Charleston 2021) et battu également quatre joueuses du top 10, la dernière d’entre elle étant Karolina Pliskova en mars dernier à Chicago.
A l’Open d’Australie, en début d’année, Kovinic a par ailleurs battu la championne de l’US Open en titre, Emma Raducanu, pour atteindre le troisième tour (face à Simona Halep) et signer ainsi son meilleur résultat en Grand Chelem. Une performance qu’elle a réitérée ensuite à Roland-Garros, on l’a dit, où elle a battu Kristina Kucova et Anna-Karolina Schmiedlova avant de s’incliner face à la n°1 mondiale et future gagnante, Iga Swiatek, 6-3, 7-5.
Lorsque j’étais plus jeune et pourtant mieux classée, c’est comme si je n’avais pas conscience de mon succès, surtout si l’on tient compte du fait que le tennis au Montenegro n’est pas développé.
Danka Kovinic
A l’époque, avant d’affronter Swiatek qui était alors inarrêtable, Kovinic n’avait aucune appréhension apparente. “Je suis heureuse de jouer contre elle. Si je veux progresser, je dois être capable de battre n’importe quelle adversaire”, avait-elle déclaré aux journalistes, preuve de son assurance nouvelle. Danka Kovinic n’a plus peur de rien ni de personne et ça ne peut être qu’un atout de taille avant de défier Serena sous les spotlights du stadium Arthur-Ashe.
“Lorsque j’étais plus jeune et pourtant mieux classée, c’est comme si je n’avais pas conscience de mon succès, surtout si l’on tient compte du fait que le tennis au Montenegro n’est pas développé, explique par ailleurs la joueuse. J’étais juste contente d’être là, de jouer les Grands Chelems, en quelque sorte mon but était atteint. Je n’avais pas la même confiance qu’aujourd’hui. Le travail et l’expérience ont peu à peu changé ma manière de penser. Il faut être persévérant et confiant. Beaucoup de joueurs et de joueuses ont atteint la plénitude de leur potentiel alors qu’ils avaient presque 30 ans ou plus.” Sous-entendu : pourquoi pas elle ?
Débuts à cinq ans, blessure au dos
Enfant hyperactive qui avait juste envie de s’amuser, Danka Kovinic a débuté le tennis à l’âge de cinq ans à Herceg Novi, une petite mais magnifique et pittoresque ville située sur les côtes monténégrines. “A l’époque, je passais mes journées à taper au bas de mon immeuble avec une balle en mousse et une raquette en plastique, racontait-elle en riant lors d’une interview accordée à Tennis Majors l’année dernière. Je pense que ma mère doit encore avoir cette raquette quelque part à la maison.”
Depuis son joli parcours lors du dernier Roland-Garros, Kovinic, toutefois, rigole un peu moins, victime d’une blessure au dos et d’une panne de résultats. Après Paris, elle avait joué à Eastbourne (défaite au premier tour) puis finalement décidé de couper pendant un mois, avant de reprendre fin juillet à Varsovie. Mais elle a perdu ses trois matches qui ont suivi, contre Jasmine Paolini en Pologne (6-1, 6-1), Nuria Parrizas-Diaz lors des qualifications de Cincinnati (6-0, 6-2) et Magdalena Frech (7-6, 6-2) récemment à Granby.
Le simple fait de côtoyer Jelena Jankovic, de pouvoir l’observer et la voir s’entraîner, c’était énorme pour moi.
Danka Kovinci.
Il y a 14 ans, en 2008, l’idole de Danka Kovinic a également affronté Serena Williams à l’US Open. Il s’agit de la Serbe Jelena Jankovic, battue alors par l’Américaine (6-4, 7-5) pour sa seule finale de Grand Chelem. Par la suite, Danka Kovinic a eu la chance de pouvoir rencontrer son idole et même un peu plus que ça puisqu’elle est devenue une amie proche, au point que l’ancienne n°1 mondiale lui a régulièrement prodigué des conseils ou lui a fait partagé son expérience.
“Le simple fait de côtoyer Jelena Jankovic, de pouvoir l’observer et de la voir s’entraîner, c’était énorme pour moi, nous a par ailleurs raconté Kovinic. J’ai essayé d’absorber tout ce qu’elle a pu me dire. Elle m’a beaucoup aidée, spécialement au début de ma carrière.”
Pas impossible que d’ici lundi, Danka passe un petit coup de fil à Jelena pour lui demander quelques tuyaux avant d’affronter Serena. Elle les mettrait certainement en application. Tout est bon à prendre à l’heure de décrocher ce qui pourrait rester, si les choses veulent bien lui sourire, la plus grande victoire de sa carrière.