Medvedev encore une fois contre l’Histoire : “C’est leur affaire, pas la mienne”
Après avoir stoppé Novak Djokovic dans sa course au vingt-et-unième titre majeur (et au Grand Chelem calendaire) l’an dernier à l’US Open, Daniil Medvedev va tenter d’en faire de même contre Rafael Nadal dimanche en finale de l’Open d’Australie. Le Russe se dit honoré de faire indirectement partie de cette Histoire. Mais répète que celle-ci ne le concerne pas.
A moins d’être l’arbitre de chaise, on ne peut pas être un témoin plus privilégié que Daniil Medvedev du duel à distance entre Novak Djokovic et Rafael Nadal dans la course à celui qui sera le premier à remporter un vingt-et-unième titre du Grand Chelem, pour battre ainsi le record qu’ils co-détiennent avec Roger Federer.
Le Russe va disputer dimanche, personnellement, sa quatrième finale majeure. A chaque fois, il aura donc retrouvé soit Novak, soit Rafael de l’autre côté du filet. On a connu des sorts plus cléments mais dans le monde actuel du tennis régi par un monstre à trois têtes quasiment immortel, c’est assez inévitable. Et Daniil, du reste, ne s’en sort pas si mal.
Les finales de Medvedev
• US Open 2019 : défaite contre Nadal
• Open d’Australie 2021 : défaite contre Djokovic
• US Open 2021 : victoire contre Djokovic
• Open d’Australie 2022 : ?? contre Nadal
Battu par l’Espagnol lors de sa grande première en finale de l’US Open en 2019, puis terrassé par le Serbe en finale de l’Open d’Australie l’an dernier, il a finalement décroché la timbale l’an dernier en finale de l’US Open aux dépens de ce même Djokovic. Lequel visait alors non seulement une vingt-et-unième Glorieuse, mais aussi un Grand Chelem calendaire absolument légendaire et historique.
Quatre mois et demi plus tard, au prix d’une demi-finale électrique remportée ce vendredi contre Stefanos Tsitsipas, et plus globalement d’un parcours riche en émotions, voilà donc Daniil Medvedev à nouveau face à l’Histoire. Dimanche, il sera encore celui qui va devoir empêcher un joueur, Rafael Nadal désormais, d’atteindre cette barre désormais mythique des vingt-et-un Grands Chelems. Le Russe aura contre lui, sinon le public, du moins le souffle puissant de la légende du jeu. Il le sait, bien sûr. Mais il s’en accommode.
J’ai confiance en mon propre pouvoir, en mon propre tennis
Daniil Medvedev
“Honnêtement, ce n’est pas quelque chose qui va m’affecter mentalement, a-t-il déclaré en conférence de presse et l’on ne peut que le croire, au souvenir de la manière magistrale dont il avait conduit sa finale à New York l’an dernier. Ce n’est pas moi qui lutte pour le vingt-et-unième. Moi, c’est seulement pour mon deuxième. Je suis loin de tout ça. Bien sûr, je ne vais pas mentir, j’ai conscience de l’enjeu. Je sais ce que pourchassent Rafa et Novak. Mais c’est leur affaire, pas la mienne. Moi, je suis juste là pour gagner la finale.”
Daniil Medvedev, d’ailleurs, en aura assez à gérer sa propre histoire. Mine de rien, l’enjeu est énorme pour lui aussi. Déjà assuré de devenir, au moins temporairement, n°1 mondial fin février lorsque les points de l’Open d’Australie 2021 (et de Dubaï 2020) seront décomptés à Novak Djokovic, il assoira beaucoup plus fermement, et sans doute durablement, sa position sur le trône en cas de victoire finale. Par ailleurs, il réussira une prouesse unique dans l’ère Open (chez les hommes) : remporter ses deux premiers titres du Grand Chelem de manière consécutive. Ça, même le Big Three ne l’a jamais fait.
Et le pire est que Daniil Medvedev devrait partir dimanche avec les (légères) faveurs des bookmakers, un privilège qu’il a bien mérité vu son classement et la manière dont il s’est hissé, depuis plus de deux saisons maintenant, comme le meilleur spécialiste mondial sur dur, en l’absence de Novak Djokovic. S’il réalise la chance qu’il a de se retrouver dans la même cour que les légendes actuelles, le protégé de Gilles Cervera ne fait pas (ou plus) aucun complexe par rapport à elles.
“Quand j’avais huit-dix ans, je tapais contre le mur en m’imaginant jouer contre Rafa, ou Roger. Et maintenant, je vais me retrouver pour la deuxième fois en finale d’un Grand Chelem contre Rafa (…) Ça va être un match très physique, parce qu’il aime entraîner ses adversaires dans des longs rallyes, et moi aussi. On sait qu’il se battra du premier au dernier point. C’est ce que je vais essayer de faire aussi.”
Daniil Medvedev a désormais trop d’expérience, de références et de confiance pour tomber dans le piège d’être un simple spectateur de son match comme l’an dernier contre Djokovic sur la Rod Laver Arena. Il le dit et le répète : “j’ai confiance en mon propre pouvoir, en mon propre tennis.” Rien de présomptueux. C’est juste la stricte réalité. Ça ne veut pas dire qu’il gagnera dimanche. Mais il serait étonnant qu’il se contente de regarder passer le train de l’histoire…