27 mars 2007 : Le jour où Guillermo Cañas, de retour de suspension pour dopage, a éliminé Federer à Miami
Le 27 mars 2007, à Miami, Guillermo Cañas, qui revient tout juste d’une suspension de 15 mois en raison d’un contrôle positif à un diurétique, domine le n°1 mondial incontesté, Roger Federer, pour la deuxième fois en deux semaines (7-6, 2-6, 7-6).
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : Après 15 mois de suspension, Canas bat de nouveau Federer
Ce jour-là, le 27 mars 2007, à Miami, Guillermo Cañas, qui revient tout juste d’une suspension de 15 mois en raison d’un contrôle positif à un diurétique, domine le numéro 1 mondial incontesté, Roger Federer, pour la deuxième fois en deux semaines (7-6, 2-6, 7-6).
L’Argentin avait déjà évincé le Suisse du tableau d’Indian Wells. A Miami, il se fraye ensuite un chemin jusqu’en finale où il est battu par le jeune Novak Djokovic, qui remporte alors à 19 ans son premier Masters 1 000 (6-3, 6-2, 6-4).
Les acteurs
• Guillermo Cañas, une défense incroyable
L’Argentin Guillermo Cañas est né en 1977. Il se fait remarquer pour la première fois en 1995 lorsqu’il atteint les quarts de finale de Wimbledon juniors. Son jeu s’appuie principalement sur une défense extraordinaire et, après être entré dans le top 100 en 1998, il remporte son premier titre sur terre battue, en 2001, à Casablanca, en battant Tommy Robredo en finale (7-5, 6-2).
Cañas obtient son meilleur résultat en Grand Chelem à Roland-Garros, où il parvient en quarts de finale en 2002, battu en cinq sets par le futur vainqueur, Albert Costa (7-5, 3-6, 6-7, 6-4, 6-0). Quelques mois plus tard, c’est sur dur qu’il remporte le titre le plus important de sa carrière en battant Andy Roddick en finale du Masters 1000 de Toronto (6-4, 7-5).
Il atteint son meilleur classement, 8e mondial, en 2005 mais peu après, il est suspendu deux ans après avoir été testé positif à un diurétique en marge du tournoi d’Acapulco, au Mexique. Après appel, sa peine est finalement réduite à 15 mois par le Tribunal du Sport qui accrédite sa thèse d’une prise de substance involontaire via un médicament prescrit par le médecin du tournoi.
De retour sur le circuit fin 2006, l’Argentin gagne cinq tournois Challenger et en février 2007, il est 107e mondial lorsqu’il remporte son premier titre après son retour de suspension en battant l’ancien n°1 mondial Juan Carlos Ferrero (7-6, 6-2) en finale du tournoi de Costa do Sauipe. Quelques semaines plus tard, à la surprise générale, il renverse le n°1 mondial, Roger Federer, au premier tour du Masters 1000 d’Indian Wells (7-5, 6-2), mais s’incline au tour suivant face à Carlos Moya (6-4, 6-4). Il occupe désormais le 55e rang du classement ATP.
• Roger Federer, numéro 1 mondial incontesté
Roger Federer, le génie suisse, est né en 1981. Il est n°1 mondial depuis le 2 février 2004. Dès ses premiers pas sur le circuit, Federer obtient de bons résultats. Son jeu de rêve épate le monde du tennis et très vite, on voit en lui le futur numéro 1 mondial. Les attentes augmentent encore lorsqu’en 2001, à l’âge de 19 ans, il terrasse en son jardin, sur le Centre Court de Wimbledon, le septuple vainqueur du tournoi Pete Sampras en huitièmes de finale (7-6 5-7 6-4 6-7 7-5).
Mais le jeune Roger, très émotif, ne gère pas encore très bien cette pression qu’il porte sur les épaules. Il entre dans le top 10 en juin 2002 mais ses résultats dans les grands événements ne sont pas encore à la hauteur de son talent : lors de ses seize premiers tournois du Grand Chelem, il n’atteint pas une seule fois les demi-finale. Il remporte finalement son premier tournoi majeur à Wimbledon, en 2003, venant à bout de Mark Philippoussis en finale (7-6, 6-2, 7-6).
Sa confiance et sa mainmise sur le circuit grandissent inexorablement : en finale du Masters 2003, il donne une leçon à Andre Agassi (6-3, 6-0, 6-4), et bien qu’il termine la saison à la 2e place mondiale, derrière Andy Roddick, la plupart des connaisseurs s’accordent à dire que ce n’est qu’une question de mois avant qu’il ne devienne n°1. Il y parvient quelques semaines plus tard après avoir remporté l’Open d’Australie aux dépens de Marat Safin (7-6, 6-4, 6-2), s’adjugeant ainsi un deuxième titre du Grand Chelem.
Il en accumule huit autres dans les trois années qui suivent : l’Open d’Australie (2006, 2007), Wimbledon (2004, 2005, 2006,) et l’US Open (2004, 2005, 2006). Federer remporte également le Masters en 2004 et 2006. Au début de l’année 2007, il est le n°1 incontesté et efface des tablettes le record de 160 semaines consécutives passées en tête du classement, record détenu par Jimmy Connors.
Le lieu : Miami, époque Key Biscayne
L’Open de tennis de Miami, qui s’appelle à l’origine le Lipton International Players Championship, a lieu pour la première fois en 1985, à Delray Beach, dans l’idée d’être le premier grand événement de tennis de l’année (à l’époque, l’Open d’Australie se tient au mois de décembre). Le tournoi déménage à Key Biscayne en 1987, et Miloslav Mecir est le premier à triompher dans le nouveau site de Crandon Park. Les joueurs s’y affrontent sur dur, dans des conditions de chaleur et d’humidité souvent difficiles.
Avec une dotation exceptionnelle et un tableau de 96 joueurs, il est encore considéré, en 2006, comme l’un des plus grands tournois de tennis au monde en dehors des Grands Chelems. Des légendes comme Ivan Lendl, Andre Agassi, Pete Sampras et Roger Federer figurent notamment à son palmarès.
L’histoire : “Je m’attendais vraiment à gagner,” déclare Federer
Lorsque Roger Federer et Guillermo Cañas se retrouvent à Miami, le 27 mars 2006, il ne s’agit pas d’un simple affrontement entre le premier et le 55e joueur mondial. Deux semaines auparavant, l’Argentin, absent quinze mois du circuit en raison d’une suspension pour dopage, avait renversé Federer à Indian Wells, à la stupéfaction générale : en 2006, le Suisse avait réalisé l’une des plus grandes saisons de l’histoire du tennis, et, avant d’atterrir en Californie, il était encore invaincu en 2007. Personne ne s’attendait à ce que Cañas mette fin à sa série de 41 victoires, mais Federer s’était pourtant incliné, 7-5, 6-2.
À Miami, malgré ses excellents résultats récents, Cañas a dû passer par les qualifications et, par conséquent, a dû remporter cinq matches pour atteindre les huitièmes de finale, où l’attend de nouveau Federer. Il semble presque évident que cette fois, après la surprise d’Indian Wells, Federer va balayer l’Argentin et prendre sa revanche avec autorité. Ce ne sera pas le cas.
Cañas, amenant le jeu de défense dans une nouvelle dimension, renvoie presque toutes les balles pour remporter la première manche, 7-6. Dans le deuxième set, le Suisse semble reprendre le contrôle du match, surclassant son adversaire, 6-2, mais dans le dernier set, malgré un break d’entrée, il est poussé au tie-break. Cañas s’y impose 7-5, scellant sa victoire sur un service gagnant (7-6, 2-6, 7-6).
“J’ai eu le contrôle presque total du match une fois que j’ai fait le break dans le premier set”, déclare Federer, qui n’a converti que 4 balles de break sur 16. “Je m’attendais vraiment à gagner, c’était l’un de ces matchs que je n’aurais pas dû perdre. Mais c’est un grand compétiteur. Il a bien joué les deux fois et je n’ai juste pas pu le mettre loin de la balle”.
“Je ne sais pas quelle est la clé pour le battre, je me bats sur chaque point et je pense que c’est pour cela que je l’ai battu”, explique, quant à lui, Cañas.
La postérité du moment : Guillermo Cañas prendra sa retraite en 2010
Guillermo Cañas éliminera ensuite deux autres joueurs du top 10 (Tommy Robredo et Ivan Ljubicic) avant de buter en finale sur Novak Djokovic (6-3, 6-2, 6-4). Plus tard, Cañas atteindra pour la deuxième et dernière fois les quarts de finale de Roland-Garros (battu par Nikolay Davydenko 7-5, 6-4, 6-4). Il prendra sa retraite en 2010.
Ces deux défaites surprenantes n’empêcheront pas Federer de dominer la majeure partie de la saison 2007. Battu en finale de Roland-Garros par Rafael Nadal (6-3, 4-6, 6-3, 6-4), il triomphera à Wimbledon (prenant sa revanche sur Nadal, 7-6, 4-6, 7-6, 2-6, 6-2) et à l’US Open (battant Djokovic en finale, 7-6, 7-6, 6-4).